Co-Entrepreneurs Café #51: Le jeu sans fin
Beaucoup trop d’entrepreneurs, de managers, voient le business comme une sorte de jeu en "partie finie" : on doit "gagner" le trimestre, l’année, le lancement du produit.
Publié le 06-10-2020 à 15h38
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Beaucoup trop d’entrepreneurs, de managers, voient le business comme une sorte de jeu en "partie finie" : on doit "gagner" le trimestre, l’année, le lancement du produit.
Face à cette approche court-termiste, Simon Sinek propose dans son dernier livre de considérer qu’une entreprise est engagée dans un infinite game , un jeu sans fin, qui ne connaît pas de ligne d’arrivée. Selon lui, lorsque l’on néglige cet aspect illimité, pour se cantonner dans les limites d’un jeu fini, on peut prédire quasi systématiquement le déclin de la confiance, de la coopération, et de l’innovation. Une étude de McKinsey observe cette tendance sur la longévité des entreprises au sein du S&P 500. Dans les années 1950, elle était en moyenne de 61 ans, pour retomber à 18 ans aujourd’hui. Les entreprises court-termistes grandissent vite… mais déclinent rapidement. L’obsession des profits à court terme (voulue par le marché) se fait au détriment de la durée.
Les entreprises les plus pérennes sont celles qui, au-delà du prochain trimestre, peuvent se concevoir en réfléchissant… à la prochaine génération. Cela consiste à se fixer des challenges "tellement grands que toute votre vie devra en être la réponse", comme disait Rose Marcario, ex-CEO de Patagonia, une entreprise qui s’est toujours conçue dans le temps long…
Quand on commence à voir l’intérêt de ce "jeu sans fin", on peut suivre la démarche d’innovation de The invincible company , le 3e opus de Alex Osterwalder et Yves Pigneur, les créateurs du célèbre Business Model canvas. De façon synthétique, cette approche recommande de ne pas uniquement se focaliser sur la phase exploitation (managériale) d’une entreprise, mais de toujours garder une phase exploration (entrepreneuriale). C’est là que l’on peut construire un portfolio de projets d’innovations, d’où devront sortir les futures sources de profitabilité de l’entreprise. C’est ce qu’aurait dû faire Kodak, pour ne pas succomber à la disparition de la photographie argentique, par exemple.
En synthétisant les deux approches, on peut dire que les entreprises à succès du futur sont celles qui sauront se projeter dans le "jeu infini", en entretenant leur capacité à réinventer ce jeu, en conservant toujours une phase d’exploration, activité typiquement entrepreneuriale.