Le télétravail a-t-il un impact sur les espaces de travail ?
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Publié le 31-10-2020 à 07h00 - Mis à jour le 01-11-2020 à 08h07
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Le confinement a montré que les ménages recherchaient des espaces de vie plus grands, afin de pouvoir se réserver un lieu dédié au travail. Cela veut-il dire que les bureaux auront, eux, besoin de moins d’espaces ? "Ce n’est pas si simple. Si les gens télétravaillent une partie du temps, on peut imaginer qu’il faut moins de postes de travail dans les bureaux. D’un autre côté, dans l’état actuel des choses, il faut plus de distanciations, c’est-à-dire plus de m² par personne", indique Charlotte de Montepellier économiste chez ING, qui a consacré sa dernière newsletter aux déséquilibres socio-économiques du télétravail.
"Le nombre de m² par travailleur a diminué en 20 ans. À l’époque, on avait encore des bureaux individuels et on comptait 20m² par utilisateur. Maintenant, nous sommes plutôt à 10 m². Mais on s’attend à ce que cette tendance à la baisse s’inverse et qu’on aille plutôt vers les 15 m²", note Jean-Philip Vroninks, CEO Belux du courtier JLL, qui constate : "On va vers un autre type d’espaces de travail, une autre organisation, pour plus de créativité, de brainstorming… Cela implique aussi d’avoir plus de m²." "Ce qui est sûr, c’est que notre façon de travailler change", poursuit Charlotte de Montpellier. "Pour certaines entreprises, le télétravail apparaît comme une opportunité pour réduire les coûts. Mais cela, c’est sans réfléchir à une nouvelle organisation du travail."
Différence selon les secteurs
"L’impact variera aussi selon les secteurs", estime Charlotte de Montpellier, qui met en avant le rôle des administrations (belges et européennes) pour Bruxelles. "Leur choix d’opter pour plus ou moins de télétravail pourrait avoir un impact très fort sur l’immobilier de bureaux à Bruxelles." Une crainte qui n’est pas partagée par Jean-Philip Vroninks. "Jusqu’à la fin de l’année, les fonctionnaires européens ne doivent pas être présents à Bruxelles. Mais cela ne va pas durer. Il est essentiel pour eux de se voir, se rencontrer au moins à certains moments et pour cela, ils doivent être présents dans la capitale. Je ne pense pas que l’Europe va partir."
La prise en occupation (take-up) pour 2020 s’annonce tout de même en baisse de 40 % par rapport à 2019. "Mais l’année passée était une année record. Quand on compare avec la moyenne des cinq dernières années, la baisse est de l’ordre de 20 %", note Jean-Philip Vroninks. "Avec cette deuxième vague, les entreprises repostposent leurs décisions."
Davantage de coworking
"D’un autre côté, on note une demande importante pour des espaces de coworking", souligne encore Charlotte de Montpellier. "Notamment de la part de personnes qui ont du mal à travailler de chez elles. Ces espaces sont plutôt dans des lieux décentralisés, proches du domicile des travailleurs."
"Nous avons été surpris de voir le nombre de clients en augmentation, tant pour nos espaces de bureaux que pour nos espaces en coworking", explique William Willems, general manager de Regus. "Les gens ont envie d’être avec d’autres et se rendent compte qu’ils sont aussi plus créatifs quand ils ne sont pas seuls. Pour limiter les risques sanitaires, les entreprises choisissent également de décentraliser et scinder leurs forces de travail. Il est essentiel alors de trouver des lieux proches d’où les gens vivent. Nous avons des clients qui prennent des espaces un peu partout en Belgique. Selon moi, le concept du poste unique à un même endroit est révolu."