Pourquoi ce Black Friday sera-t-il mémorable ?
Le “Black Friday”, c’est ce vendredi. Mais des ventes ont déjà débuté avant et se poursuivront après. Il profitera de la fermeture des magasins non essentiels..Mais aussi des nouvelles habitudes des Belges en matière d’achats.
- Publié le 26-11-2020 à 06h33
- Mis à jour le 02-12-2020 à 09h39
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Tous l’annoncent comme le plus impressionnant Black Friday jamais réalisé en Belgique. Le cap des 137,5 millions d’euros dépensés l’an dernier lors de ce week-end de soldes à l’américaine sera largement dépassé, augurent-ils. Près de six Belges sur dix qui achètent parfois en ligne planifieraient un achat à cette occasion, selon les résultats de l’enquête effectuée par le spécialiste du shopping Klarna et iVox. Sur la tranche d’âge entre 18 et 24 ans, ils seraient même huit sur dix. Et un bon tiers dit penser acheter plus cette année, en raison du confinement. La fermeture des magasins dits “non essentiels” n’y changera sans doute pas grand-chose. Au contraire, selon Sofie Geeroms, directrice générale de BeCommerce, l’association belge qui défend l’e-commerce belge.

1. Pourquoi ce Black Friday sera-t-il mémorable ?
La sauce commerciale liée au Black Friday a surtout pris en 2017, avec un bond des ventes de plus de 40 % par rapport à 2016, à près de 80 millions d’euros. Entre 2017 et 2018, les recettes finales ont augmenté d’un peu plus de 30 %, tout comme entre 2018 et 2019. “On peut donc penser qu’au minimum il en sera de même cette année, estime Sofie Geeroms. Voire plus tant la popularité de ce shopping festival augmente, tout autant que l’e-commerce en général auprès des consommateurs, mais aussi des entrepreneurs.” Or, qui dit plus de produits, dit plus de consommateurs et ainsi de suite.
Mais cette année 2020, deux autres facteurs entrent en ligne de compte, selon la CEO de BeCommerce, et feront bondir les ventes. “Le lockdown des magasins non essentiels va jouer, d’autant plus qu’au cours du premier confinement, les Belges se sont massivement mis à l’e-commerce, détaille-t-elle. Au printemps, il était forcé. Aujourd’hui, lors de ce second confinement, il a été perçu comme une facilité.” L’autre coup de pouce est dans la suite logique. “Les consommateurs Belges se sont rendu compte cette année qu’ils pourront non seulement profiter des promotions du Black Friday, ajoute Sofie Geeroms, mais aussi faire, bien à l’avance, leurs achats de Saint-Nicolas et de Noël.” De quoi amplifier les résultats.
2. Son succès tient-il au fait qu’il se déroule sur une semaine ?
Aux États-Unis, comme en Europe et ailleurs dans le monde, les ventes du Black Friday se concentrent avant tout sur le vendredi (le 27 novembre cette année), mais également sur le samedi, le dimanche et le lundi (appelé Cyber Monday). On pourrait penser que, tradition oblige, les règles sont mieux respectées aux États-Unis et que ce n’est qu’en Europe que les enseignes se lancent dans une “Black Week” pour augmenter les ventes. “Cela n’a rien à voir. C’est la facilité du digital et la croissance du shopping en ligne qui permettent l’allongement des festivités, poursuit Sofie Geeroms . Sur le terrain, dans les magasins physiques, c’est plus compliqué (horaires, personnel, organisation…). Aux États-Unis, les magasins physiques ne s’y lancent donc que le vendredi. Mais en ligne, les promotions débutent déjà le mardi. Cela leur permet d’accrocher les consommateurs quand ils se déplacent, parfois loin, pour fêter Thanksgiving en famille, et sur le chemin du retour.”
3. Les Belges achèteront-ils plus local que d’habitude ?
Sur les dix sites les plus populaires auprès des Belges (Facebook, Microsoft, Apple…), il n’y a que deux européens (Ikea et H&M). Les autres sont américains ou asiatiques. “Mais le top 100 belge compte quand même 41 enseignes belges, indique la patronne de BeCommerce. Et on peut penser que l’e-commerce n’échappera pas au phénomène de proximité.” L’enquête d’Intrum sur le sujet pointe le fait que l’achat local sera surtout le fait des femmes et des personnes plus âgées, des catégories de revenus supérieurs et des habitants des campagnes, et qu’il y a encore pas mal de travail de communication à faire. Mais ce réflexe de proximité qui est mondial, pourrait, selon Sofie Geeroms, faire davantage de tort que de bien aux commerçants belges. “Il faut être prudent, dit-elle, insistant pour qu’on évoque un achat solidaire plutôt que local. Parce que la Belgique est trop petite. Pour être rentable, pour créer une croissance durable, un e-shop belge doit vendre à l’international. Si chacun se replie sur son propre marché, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni…, les seuls consommateurs belges ne suffiront pas aux commerçants belges.”

4. Fallait-il reporter le Black Friday ?
L’idée de repousser le Black Friday pour qu’il coïncide avec la réouverture espérée des magasins physiques a, un temps, été effleurée. Mais n’a finalement pas été décidée. “Heureusement, conclut Sofie Geeroms. Reporter le Black Friday aurait empêché des sites belges de fonctionner, ce qui aurait laissé toute la place à des sites étrangers. Il faut comprendre que l’e-commerce ne va pas avaler les magasins physiques. L’économie est hybride. Les deux sont complémentaires.”

Un festival de bonnes affaires qui n'est pas sans danger
Le risque, face aux très nombreuses promotions proposées à l’occasion du Black Friday, est d’aller un peu (trop) vite et de ne pas (assez) faire attention au site qui les propose et aux garanties qu’il offre en matière de payement, de livraison, de protection des données.
Dès l’abord, bien avant que cette semaine de soldes ne débute, Test Achats a mis les consommateurs en garde contre les boutiques en ligne douteuses, voire frauduleuses, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Le scénario est simple et récurrent : “Les commandes sont payées mais non livrées et il s’avère souvent impossible de joindre l’entreprise qui, par la suite, disparaît du Net au bout de deux semaines ou de deux mois.”
Axa Partners ne dit pas le contraire dont l’expérience et l’enquête auprès de 1 000 consommateurs montrent que de plus en plus de Belges font de mauvaises affaires en ligne. “Un tiers (31 %) des acheteurs en ligne déclare avoir été au moins une fois victime d’une escroquerie lors d’une commande faite sur le Web”, indique Axa Partners. Cela alors qu’en 2018 et en 2019, ils n’étaient que 14 % et 19 %. Dans l’ordre, les plaintes les plus fréquentes concernent la non-livraison du colis (41 %, en très forte augmentation), le fait que l’article ne correspond pas à la description donnée sur le site (36 %), les délais de livraison très longs (29 %) ou la souscription involontaire à un abonnement (14 %).
L’organisation de défense des consommateurs tout comme Axa Partners ou encore BeCommerce donnent quelques pistes pour savoir si le site est ou non fiable : lire l’avis d’autres internautes au sujet de leur réputation, tester le nom de la boutique dans un moteur de recherche, être attentif à l’URL des sites (caractères spéciaux, lien abrégé…), aux fautes d’orthographe, à l’absence de service clientèle ou de données de contact et, surtout, aux réductions de prix… trop belles pour être vraies.
Danger de ne pas être livré à temps
Autre gros risque de ces soldes d’une ampleur inouïe puisqu’effectués en ligne à l’échelle mondiale : être pris dans le flot des promotions et… ne pas acheter au meilleur prix. Selon Test Achats, “le Black Friday n’est pas toujours le moment le plus approprié pour trouver des produits au meilleur prix” . À tout le moins il n’est pas le seul moment sur l’année. Et cela vaut surtout pour les appareils de haute technologie (consulter l’évolution des prix d’une centaine de produits sur www.testachats.be/blackfriday).
Dernier danger, plus réel encore en cette année record : celui de ne pas être livré… à temps. Les informations à ce sujet se multiplient. Bpost a ainsi proposé, vu la surcharge de travail et malgré l’engagement de 3 000 personnes supplémentaires, de ne plus livrer à domicile mais dans ses 650 points poste (lire aussi en page 27). Quant au site Bol.com, il a décidé, pour soulager sa chaîne logistique et son personnel, de renoncer, en Belgique, à ses campagnes marketing et de communication sur son Black Friday.
