La biotech wallonne TheraVet lancera, d'ici la mi-2021, un premier traitement pour les fractures des animaux de compagnie
La société dirigée par Enrico Bastianelli vient de lever 4 millions d’euros. De quoi lancer un premier produit sur le marché européen et finaliser les études pour un deuxième produit vétérinaire.
Publié le 10-12-2020 à 08h46
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Quatre cents millions. Selon les estimations, ce serait le nombre d’animaux de compagnie, essentiellement des chiens et des chats, recensés en Europe et aux Etats-Unis. “Sur ces 400 millions, explique Enrico Bastianelli, cofondateur et CEO de TheraVet, une “biotech” fondée à Jumet en 2017, il y a environ 2 millions d’interventions chirurgicales osseuses, dont une partie, 30 à 40 %, nécessite une greffe osseuse. C’est sur ce segment-là que nous nous positionnons”.
Pour attaquer ce marché de niche, TheraVet développe, actuellement, des traitements innovants pour améliorer le bien-être et la qualité de vie des petits animaux de compagnie souffrant de maladies ostéo-articulaires. Les principales cibles sont l’arthrose, les blessures ligamentaires et tendineuses, ainsi que la chirurgie osseuse chez les chats et les chiens. La jeune pousse du Biopark de Charleroi, qui collabore notamment avec Olivier Gauthier (professeur de chirurgie des petits animaux à l’Ecole Nationale Vétérinaire Oniris, basée à Nantes), travaille sur deux gammes de produits : Biocera-Vet et Visco-Vet. Il s’agit de produits biologiques et synthétiques qui, selon les travaux du Pr Gauthier et les études cliniques déjà menées par TheraVet, donnent des résultats à la fois sûrs et efficaces pour traiter les maladies ostéoarticulaires chez les chiens et les chats.
Une levée de fonds pour deux objectifs
Les résultats sont à ce point favorables que TheraVet a décidé de procéder à une nouvelle augmentation de capital afin de préparer la mise sur le marché d’un premier produit de la gamme Biocera-Vet. La jeune biotech a finalisé un nouveau tour de table à hauteur de 4 millions d’euros (lesquels s’ajoutent aux 3,2 millions investis lors de la création de TheraVet). Ce financement est constitué d’une augmentation de capital pour 1,9 million menée auprès des actionnaires historiques (fonds Theodorus III, Innovation Fund, Financière Spin-Off Luxembourgeoise, Luxembourg Développement Europe 2 et Business Angels). Il est complété par des financements non dilutifs accordés par la Région Wallonne à hauteur de 2,1 millions d’euros.
“Ce financement doit permettre d’atteindre deux objectifs, détaille Enrico Bastianelli. Il y a deux objectifs principaux. Pour le Biocera-Vet, il s’agit de finaliser les quelques étapes qui nous restent dans le développement du produit, mais surtout de le lancer sur le marché européen dans le courant du deuxième trimestre 2021. L’autre objectif est de financer la dernière étape du développement clinique du Visco-Vet, avec des résultats attendus pour la première moitié de 2022”.
Le Biocera-Vet se positionne comme une alternative aux autogreffes, c’est-à-dire aux interventions où le chirurgien vétérinaire prélève un morceau d’os sur un chien (ou un chat) pour combler un membre fracturé. “Notre produit est un ciment osseux que le vétérinaire prépare au moment de l’intervention sur l’animal. Il est très malléable, ce qui améliore considérablement l’ostéo-intégration, et durcit en quelques minutes. Progressivement, le ciment est remplacé par de l’os sain”.
Enrico Bastianelli souligne que, par rapport à une autogreffe, le Biocera-Vet ne provoque aucune infection et possède d’excellentes propriétés, notamment pour le remodelage et la formation osseuse. “C’est ce qui explique d’ailleurs qu’on a eu une bonne réception auprès des chirurgiens vétérinaires. Selon certains, on apporte un produit de qualité à même de remplacer l’autogreffe, ce qui nous fait évidemment espérer que le produit sera bien accueilli sur un marché qui fait 500 000 patients potentiels par an”, avance l’ex-CEO de Bone Therapeutics.
Priorité à l’Europe, avec un pied aux Etats-Unis
Pour le lancement de la commercialisation de ce premier produit, TheraVet vise quatre pays : Belgique, Pays-Bas, France et Allemagne. D’autres pays européens suivront dans une deuxième phase. “On veut y aller par étapes. En fonction des résultats obtenus sur les quatre marchés de départ, on décidera d’étendre la commercialisation à toute l’Europe et aux Etats-Unis”. TheraVet, qui emploie sept personnes à Jumet, a créé une filiale américaine l’an dernier. Elle collabore notamment avec l’école vétérinaire de l’université Texas A&M.
La biotech carolo, qui soustraite actuellement le gros de la production de ses produits en France, dispose d’un beau potentiel. “Je préfère rester discret sur ce point, conclut M. Bastianelli. On a en tout cas un portefeuille très intéressant et on espère bien compléter nos gammes de produits à partir de 2022”.