Retard du vaccin Sanofi-GSK : quelles conséquences pour la Belgique ?
La Belgique ne s'était pas encore prononcée quant à l'achat ou non du vaccin de Sanofi-GSK, précommandé par la Commission européenne. GSK devra cependant suspendre en partie sa production d'adjuvants à Wavre.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/7df913ef-fb76-4fac-b638-75a3157520e3.png)
Publié le 11-12-2020 à 16h35
:focal(1275x858:1285x848)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/T347BGPR7VFXPN4ZBVWY7NNVHA.jpg)
Coup dur pour Sanofi et GSK. Le groupe français et son partenaire britannique ont annoncé ce vendredi un retard dans la production de leur principal candidat-vaccin, basé sur le principe des protéines recombinantes. Un vaccin qui se veut plus robuste et plus facile à stocker (inutile de le conserver à -70°C comme celui de Pfizer/BioNTech).
La raison de ce retard ? Une trop faible réponse immunitaire chez les personnes âgées.
Sanofi et GSK tentent tout de même de rassurer. Les essais sur les personnes âgées entre 18 à 49 ans montrent des résultats positifs, avec une réponse immunitaire comparable aux personnes qui ont contracté la maladie mais qui s’en sont rétablies. Les firmes vont donc devoir “affiner la concentration d’antigènes de manière à obtenir une réponse immunitaire élevée dans toutes les tranches d’âge”, annoncent-elles.
Conséquences ?
La réduction de l'offre de vaccin, même temporaire, pour l'année 2021 n'est pas une bonne nouvelle. Mais pour la Belgique, au niveau financier, cela ne change pas grand-chose puisque, comme nous le confirme l’AFMPS (l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé), les autorités fédérales n’avaient pas encore pris de décision finale par rapport à ce vaccin. La Commission européenne avait juste annoncé une précommande de 300 millions de doses il y a quelques semaines. Reste à voir si celle-ci sera validée par la suite. Par contre, GSK avait commencé la production d'adjuvants, dont sur son site à Wavre. La nouvelle risque donc de freiner celle-ci.
Petite précision : rien n’empêche un État membre de l’UE de commander des vaccins auprès de l'une ou l'autre firme s’il le décide. Il faut cependant que cela n’ait pas d’incidence sur les commandes faites au niveau européen, s’il y en a. “Il est important de souligner que l’un des principes directeurs de la stratégie en matière de vaccins est d’éviter les négociations parallèles car cela compromettrait l’efficacité de la stratégie”, nous détaille la Commission européenne.
Sanofi et GSK prévoient donc le début d’une phase 2b de tests d’ici février 2021, avec le soutien de la BARDA (Biomedical Advanced Research and Development Authority) américaine. “La disponibilité du vaccin est désormais attendue au quatrième trimestre 2021 si le plan de développement est terminé avec succès”, annoncent-ils conjointement.
Le duo Sanofi-GSK ne faisait pas partie de la tête du peloton dans la course au vaccin, puisqu’il avait d’abord annoncé une disponibilité de son vaccin à partir de juin 2021, mais misait entre autres sur la facilité de transport et de conservation des doses.
Le retard de quelques mois pourrait ne pas être tragique. L’annonce a d’ailleurs relativement peu refroidi les investisseurs, même si l’action Sanofi était plus touchée et perdait près de 3 % en fin de journée.
Cependant, personne ne peut prédire de ce qu’il va se passer en 2021 et si ce temps perdu pourrait coûter cher à ces deux entreprises.
Du côté de Sanofi, on veut rester positif
“La santé publique est notre principale priorité et nous sommes naturellement déçus de devoir annoncer ce retard, mais toutes les décisions que nous prenons sont et resteront toujours motivées par des considérations scientifiques et par les données à notre disposition” a déclaré Thomas Triomphe, le vice-président exécutif.
"Il est également évident que plusieurs vaccins seront nécessaires pour juguler cette pandémie", a également ajouté Roger Connor, le président de GSK Vaccines, en charge de fournir les adjuvants pour le vaccin.
En parallèle, Sanofi travaille également avec l’Américain Translate Bio pour un vaccin à ARN messager mais ce dernier n’était qu’en phase d’étude pré-clinique en octobre dernier.