Voici le livre qui va vous aider à concrétiser votre désir d'entreprendre
Dans un ouvrage qui vient de paraître, trois professeurs de la Solvay Brussels School of Economics and Management livrent une méthodologie, en 28 étapes, pour devenir entrepreneur. "Il ne s’agit pas d’un livre de recettes !”, avertissent Benjamin Beeckmans, Bruno Wattenbergh et Olivier Witmeur.
Publié le 01-02-2021 à 08h17 - Mis à jour le 01-02-2021 à 08h49
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Ils sont trois : Benjamin Beeckmans, Bruno Wattenbergh et Olivier Witmeur. Trois amis qui enseignent l’entrepreneuriat à la Solvay Brussels School of Economics and Management (une référence parmi les business schools). Tous les trois ont l’entrepreneuriat chevillé au corps. Que ce soit dans le secteur privé ou public, tous ont déjà créé et géré des “boîtes”. Enfin, le trio aime susciter l’envie d’entreprendre, mais aussi accompagner les (futurs) entrepreneurs dans leur cheminement. Nous avons rencontré deux d’entre eux à l’occasion de la publication de Go ! 28 étapes pour développer votre (projet) de start-up, livre rédigé à six mains (*).
Quel a été le déclic de ce livre sur l’entrepreneuriat ?
Benjamin Beeckmans (B.B.) L’envie de faire un travail d’agrégation et de structuration de méthodologies un peu disparates (Lean Startup, Design Thinking, Business Model Canvas,…). On a essayé de les fluidifier, de les rendre accessibles au plus grand nombre et de montrer, à travers 28 étapes très concrètes et pratiques, un cheminement logique vers l’entrepreneuriat.
Bruno Wattenbergh (B.W.) Le nombre d’étudiants qui veulent entreprendre est en train d’exploser. L’objectif est de leur proposer une référence pour les aider à passer à l’acte. Il ne s’agit pas d’un livre de plus sur les théories entrepreneuriales, mais d’une méthodologie qui doit permettre d’augmenter les chances de succès.
B.B. Les livres sur l’entrepreneuriat sont souvent assez anecdotiques. C’est sympa à lire, mais ils ont deux grands défauts : ils ne vous expliquent pas comment entreprendre et les histoires racontées sont rarement “réplicables”, car très dépendantes de la personnalité des entrepreneurs. Notre livre s’adresse à tous ceux qui ont un désir d’entreprendre. Aussi bien les étudiants que les personnes, déjà plus âgées, qui désirent se relancer ou les managers qui doivent de plus en plus en plus se comporter comme des “intrapreneurs”.
“Se lancer comme entrepreneur, écrivez-vous, n’a jamais été aussi facile que de nos jours”. N’est-ce pas un leurre ? Créer sa start-up, bâtir une équipe, trouver des clients, etc., n’a rien d’une promenade de santé…
B.W. J’ai une théorie à ce propos. Il y a des gens qui confondent les rêves et les fantasmes. Ceux qui fantasment sont ceux qui ne sont pas prêts à payer le prix lié à l’entrepreneuriat. Ceux-là ne passeront pas les 28 étapes expliquées dans le livre. Soit ils s’arrêteront en cours de chemin, soit ils sauteront des étapes et se prendront le mur. En revanche, s’il s’agit d’un rêve, alors rien ne doit s’interposer pour le réaliser. Et c’est là que les 28 étapes nous paraissent importantes.
B.B. Entreprendre est un chemin de croix et nous ne sommes pas des évangélistes ! (rire) On n’est là ni pour encourager, ni pour décourager les personnes qui ont ce désir d’entreprendre. Le livre sert juste à objectiver le parcours entrepreneurial, en expliquant les étapes par lesquelles il faut passer pour maximiser ses chances de réussite.
Cela fait un peu songer à un livre de recettes, non ?
B.W. Non ! C’est un référent, une boussole. On donne une philosophie et une méthodologie pour augmenter les chances de réussite. Pour chaque étape, on donne les principes fondateurs et une boîte à outils. Mais on ne promet certainement pas qu’en suivant les 28 étapes, on connaîtra le succès.
Y a-t-il un profil type de l’entrepreneur à succès ?
B.B. De moins en moins. On fait face à un patchwork de profils. La figure de l’entrepreneur solitaire (Steve Jobs, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Elon Musk,…) ne correspond plus à ce qu’on observe. On est davantage dans un modèle où il faut agréger des compétences. La qualité et la complémentarité de l’équipe porteuse d’un projet entrepreneurial sont devenues essentielles. C’est elle qui fera la différence, beaucoup plus que le projet en tant que tel.
On constate qu’entre le désir d’entreprise et le passage à l’acte, le “go”, il y a un pas difficile à franchir. À quoi tient cette difficulté de passer à l’acte ?
B.B. Pour parler de la Belgique, il faut bien admettre qu’on est dans un pays où l’emploi public reste très important, avec toute la sécurité que ça implique. Culturellement, on n’évolue pas dans un environnement très porteur pour l’entrepreneuriat. Ce qui manque aussi, c’est un niveau d’ambition.
B.W. On fait face, surtout en Wallonie, à un gros problème : faire croître la taille des entreprises dans un contexte de renouvellement de la structure économique. On a aujourd’hui un grand besoin d’entreprises qui ont une vocation à croître, à “scaler” comme on dit. Une fois qu’on a lancé sa boîte, la question qui se pose est de savoir comment on s’y prend pour la faire grandir. Ce livre porte sur le “Go !”. Mais on travaille déjà au suivant, le “Up !”.
B.B. Il fallait, d’abord, donner les bases, expliquer comment se mettre debout et commencer à marcher. Ensuite, il s’agira d’accélérer, d’apprendre à courir. Il y a les racines et puis les ailes. Pour se permettre d’avoir de l’ambition, de rêver plus grand et plus haut, il faut avoir confiance dans les racines. Et, j’insiste, ça ne concerne pas une seule personne, mais une équipe. L’entrepreneuriat est un sport à la fois de contact et collectif. Contact dans le sens où il faut aller à la rencontre des clients ; et collectif car c’est dans la diversité et la complémentarité que surgit la création de valeur.
On dit souvent que l’une des principales caractéristiques de l’entrepreneur est d’avoir la capacité de saisir les opportunités en période de crise. Avec la pandémie de Covid-19, il est servi !
B.W. Clairement. L’entrepreneur est non seulement capable de voir les opportunités, mais aussi de mettre les éléments en place pour passer à l’acte. Depuis un an, on voit apparaître des demandes, dont certaines étaient latentes avant la crise, qui sont en train d’exploser. Il y a aussi de nouvelles demandes qui s’expriment et auxquelles des entrepreneurs sont en train de répondre. On vit en fait une période à la fois de transition et d’accélération, qui va être favorable pour ceux qui savent saisir les opportunités et qui ont l’audace de se lancer en dépit des incertitudes. C’est là que “Go !” peut être utile. On offre à ces personnes une série d’outils pour se préparer à entreprendre et à passer à l’acte.
B.B. Le but de “Go !” est de créer de l’enthousiasme. Mais un enthousiasme conscient, structuré, qui autorise aussi l’échec. Echouer à une des étapes ne signifie pas que le processus est terminé. On est dans un processus itératif, “step by step”, où il faut parfois revenir en arrière pour mieux se relancer.
(*) Go ! 28 étapes pour développer votre (projet de) start-up, die Keure/la Charte, 276 pages, 33 euros.