La seule aide économique efficace ? La vaccination…
Chômage temporaire, droit-passerelle, exonérations de cotisations sociales, baisse de TVA, report de paiement de cotisations sociales et d’impôts, garanties bancaires… Voilà pour les mesures générales.
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- Publié le 12-02-2021 à 16h00
- Mis à jour le 12-02-2021 à 17h04
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Un recensement des aides distillées aux entreprises et indépendants par les différents niveaux de pouvoir depuis le début de la crise sanitaire ? L’exercice n’est pas impossible, mais fastidieux. "Il faut dire que personne ne s’attendait, après la fin de la première vague au début de l’été, à ce que cela reprenne à l’automne. Le comité de concertation de la fin octobre, qui acte de nouveau la fermeture de nombreux secteurs, restera pour moi le moment le plus douloureux de cette crise", lance David Clarinval, ministre des PME et indépendants (MR), Vice-Premier dans le gouvernement en affaires courantes de Sophie Wilmès. "On a dû constamment s’adapter, en affinant progressivement les mesures, en les dirigeant vers les entreprises ou secteurs qui en avaient le plus besoin." Les mesures, nouvelles ou reliftées, s’accumulent. Peut-être un peu trop. "Très honnêtement, pour une entreprise, il est difficile de s’y retrouver. Des efforts de communication ont été réalisés, mais ils ont parfois manqué leur cible, c’est vrai", note une autre source gouvernementale, qui se retranche aussi derrière "l’urgence dans laquelle il a constamment fallu agir."
Dans l’ajustement, constamment
Chômage temporaire, droit-passerelle, exonérations de cotisations sociales, baisse de TVA, report de paiement de cotisations sociales et d’impôts, garanties bancaires… Voilà pour les mesures générales. Dont coût d’une petite quinzaine de milliards d’euros pour l’échelon fédéral. "L’État a joué son rôle comme il le pouvait, souvent dans la précipitation, mais y avait-il raisonnablement d’autres solutions ?", s’interroge Clarisse Ramakers, directrice du service d’études de l’Union des classes moyennes (UCM). Laquelle ajoute : "Quand on regarde les chiffres récemment publiés par le bureau d’études Graydon, on peut constater que s’il n’y avait pas eu les aides, il y aurait plus du double d’entreprises en difficulté (20 % des entreprises sont en situation financière précaire, NDLR). Je crois qu’il faut le dire : même si tout n’était pas parfait, loin de là, l’État était prêt à faire face ; son système de sécurité sociale a plutôt bien fonctionné."
Les mesures particulières, surtout centrées sur l’horeca et les secteurs du loisir au sens large (culture, événementiel tourisme, etc.), ont suivi, sur le plan régional. "Au départ, il s’agissait d’aides de type forfaitaire , car il fallait indemniser le plus vite possible", explique Pauline Bievez, du cabinet du ministre de l’économie wallon Willy Borsus (MR). "Lors de la deuxième vague, on est davantage dans le sur-mesure. Les aides sont proportionnelles au nombre d’équivalents temps plein. On peut nous reprocher que les aides n’ont pas toujours été versées à temps et à heure lors de la première vague, mais il ne faut pas sous-estimer la mise sur pied d’une plateforme ("Plateforme indemnités", NDLR) sur les plans logistique et humain. Aujourd’hui, les versements se font très rapidement", poursuit le cabinet de Willy Borsus.

Des réalités régionales différentes
Les Régions adoptent des approches différentes. Pas seulement parce les réalités socio-économiques des entités fédérées sont différentes. "Les moyens de la Flandre, comparativement à ceux de la Wallonie et de Bruxelles, sont, c’est vrai, plus importants", reconnaît David Clarinval. La Flandre a mis pas loin de 4 milliards sur la table en 2020, non sans éviter quelques couacs au niveau du détournement des aides publiques, là où la Région wallonne a quelque 1,5 milliard d’euros au compteur, et la Région de Bruxelles-Capitale, un peu plus de 500 millions d’euros. Pourtant, les entreprises en souffrance sont davantage à Bruxelles et au Sud, d’après Graydon.
"Chaque Région a fait du mieux qu’elle pouvait, et je dois dire que sur ces 11 mois de crise, même s’il y a eu quelques manquements, la concertation entre Régions a été globalement bonne, de sorte que les mesures étaient les plus adaptées à la réalité du terrain", poursuit le ministre des Indépendants et PME. Lequel estime que "les mesures dédiées aux secteurs en difficulté doivent être prolongées tant qu’ils sont à l’arrêt, total ou partiel. On doit aussi en prendre de nouvelles - des incitants fiscaux relativement aux loyers, des baisses de cotisations sociales et de TVA - pour renforcer ce soutien, et commencer à envisager le redémarrage de l’activité. À cet égard, la mise sur pied du fonds de transformation, doté de 750 millions d’euros et géré par la SFPI (société fédérale de participations et d’investissements, NdlR), est une bonne chose, parce qu’il va permettre des prises de participations en capital, ou semi-capital, dans les entreprises viables, mais en manque de capitaux", poursuit le ministre.
Préparer la réouverture
C’est que les entreprises frappées par le Covid-19 sont exsangues, et souvent dans l’incapacité de redémarrer, faute de fonds. Les besoins en argent frais se montent à pas loin de 100 milliards d’euros. Les vraies mesures de renforcement des fonds propres des entreprises, en discussion au sein des cabinets ministériels depuis des semaines, se font attendre. "La vérité, c’est qu’on est toujours en période de crise. Tant que les incertitudes persisteront sur le timing d’une réouverture pleine et entière, quand les gens pourront voyager, aller au restaurant, prendre l’avion, là, ces mesures d’aides au redémarrage seront utiles. Pas avant. Dans ce contexte, la seule aide efficace pour le moment, c’est la vaccination", estime Clarisse Ramakers (UCM). Lorsque la prévisibilité sera assurée, ces mesures d’aides seront inefficaces. Vu le contexte budgétaire étriqué dans lequel se meut la Belgique, il ne s’agit en effet pas de louper cette étape…