La start-up Cerhum se profile en future championne des implants osseux sur-mesure

La technologie développée par cette start-up liégeoise, soutenue par Noshaq et le fonds W.IN.G. by Digital Wallonia, a atteint un niveau de maturité qui lui permet d’avoir de belles ambitions.

Pierre-François Lovens

Libre Eco week-end | La start-up de la semaine

La région liégeoise regorge, depuis quelques années, de jeunes pousses innovantes dans le domaine des “dispositifs médicaux” (medtechs). Cerhum en fait partie. Voici bientôt un an, cette start-up fondée en 2015 par Grégory Nolens, docteur en sciences biomédicales de l’Université de Liège, avait fait l’objet d’une soudaine attention médiatique. Motif ? L’utilisation d’un implant osseux en hydroxyapatite – matériau constitué d’hydroxyde de calcium et de phosphate – pour combler un défaut de l’os mandibulaire d’une patiente. Réalisée aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles, l’opération, une première mondiale, fut qualifiée de réussite complète par l’équipe de chirurgiens.

Depuis lors, Cerhum a participé à une dizaine d’autres opérations chirurgicales de ce type. “Jusqu’ici, se réjouit Grégory Nolens, les résultats post-cliniques sont très bons. Ils sont même meilleurs que ce qu’on espérait”. Le jour de notre interview, une opération était en cours à Besançon. Là aussi, il s’agissait d’une opération de chirurgie maxillo-faciale lors de laquelle un patient a bénéficié d’un implant conçu et fabriqué par la medtech liégeoise.

Connu sous le nom de MyBone, cet implant imprimé en 3D par Cerhum possède différentes propriétés qui en font une véritable innovation dans le domaine médical. Cerhum utilise une biocéramique dont la composition se rapproche très fort de l’os humain (calcium et phosphate). Ce matériau a l’avantage d’être à la fois biocompatible et durable, ce qui n’est pas le cas des autres implants (métal, plastique,…). Il réduit aussi fortement les probabilités d’infection ou de rejet. “L’hydroxyapatite est un matériau connu depuis de nombreuses années, précise Grégory Nolens. L’innovation réside dans l’impression 3D. Elle nous a permis de donner des performances thérapeutiques inégalées pour ce matériau. On fait du sur-mesure pour chaque patient, ce qui favorise la reconstruction osseuse indépendamment des traitements que le patient subit. Par rapport à un greffon artificiel classique, la reconstruction est 5 à 7 fois plus rapide”. Le confort thérapeutique du patient en est nettement amélioré puisque les opérations sont à la fois plus courtes, moins invasives et moins nombreuses.

Fruit de plusieurs années de R&D avec le soutien de la Région wallonne, MyBone est aussi le résultat d’une collaboration nouée par Cerhum avec 3D-Side, une start-up de Louvain-la-Neuve qui a développé un outil logiciel de planification d’interventions chirurgicales où interviennent des dispositifs médicaux réalisés avec des technologies 3D. “Grâce à cette plateforme en ligne où le chirurgien télécharge les données de son patient, il peut interagir avec nous pour créer des implants sur mesure et superviser tout le processus de fabrication”. Ce partenariat entre Cerhum et 3D-Side offre aujourd’hui la possibilité d’avoir une numérisation intégrale de tout le processus (depuis la fabrication de l’implant jusqu’à sa livraison au chirurgien). Potentiellement, ça donne l’opportunité de collaborer avec des hôpitaux et des chirurgiens du monde entier, peu importe où ils se trouvent.

Premiers partenariats scientifiques et nouvelle levée de fonds

Depuis l’automne, les actionnaires de Cerhum ont fait appel à André Claes, ex-cadre de chez Deloitte reconverti en business angel, pour prendre en main la stratégie financière et commerciale de l’entreprise. MyBone est actuellement utilisé pour des implants sur mesure, principalement pour le maxillo-facial. Mais Cerhum évalue aussi le potentiel de MyBone pour d’autres indications comme l’orthopédie, la neurochirurgie et la chirurgie esthétique. Avec l’avantage que la start-up du Sart-Tilman peut déjà s’appuyer sur trois partenaires réputés : CHU de Liège, CHU Saint-Luc et, c’est tout récent, l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.

André Claes a finalisé, en décembre, la première phase d’une nouvelle levée de fonds. D’un montant de 1,4 million d’euros, ce financement a été bouclé grâce à des apports des fondateurs, d’investisseurs privés, du fonds W.IN.G. by Digital Wallonia et de Noshaq (déjà présent au capital). “Il y aura une deuxième phase, pour un montant nettement plus important, dans les mois à venir. Nous sommes en discussion avec des investisseurs”, indique M. Claes. Avec une ambition à peine dissimulée pour Cerhum : devenir une championne des implants osseux et conquérir l’Europe !

Ce qu'il faut encore savoir

Société: Cerhum a été fondée en octobre 2015 par Grégory Nolens.

Investisseurs: Noshaq, W.IN.G. by Digital Wallonia et business angels.

Site: https://www.cerhum.com

Particularité: en novembre, Cerhum a intégré le consortium “Bonerec” (dans lequel on retrouve Bone Therapeutics et 3D-Side). Avec un financement public de 3 millions d’euros. Objectif : développer des implants osseux personnalisés issus de l’ingénierie tissulaire.

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