Les Belges, champions du coliving: "Les entreprises doivent comprendre qu’il faut travailler par objectif et pas par heure prestée"
Il ne faut que quelques clics sur Internet pour se rendre compte que les Belges sont les champions du coliving à l’international.
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Publié le 19-02-2021 à 16h00 - Mis à jour le 21-02-2021 à 08h46
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Le coliving ? Un mode de vie en collectivité - né en Californie - qui allie espaces privés et espaces partagés. Ainsi que de nombreux services, dont des espaces de travail partagés. Ces lieux, plus confortables que des auberges de jeunesse, mais moins onéreux qu’une chambre d’hôtel, sont devenus très prisés par les nomades numériques à travers le monde.
Différentes plateformes proposent désormais des coliving un peu partout, que ce soit en Europe, en Asie ou en Amérique. Souvent ces plateformes, qui ont chacune leurs spécificités, proposent des abonnements annuels, permettant aux nomades de goûter à différents lieux en quelques mois. L’idée est aussi de créer une communauté.
Les Belges sont bien présents dans ce secteur que ce soit Emmanuel Guisset, avec Outsite, ou Guillaume de Dorlodot et sa compagne Maria avec Nomad Pass.
Une communauté
Parmi ces plateformes, on retrouve aussi outpost dirigée par Rémy Fixon, qui n’est pas belge mais c’est tout comme. Ce natif du nord de la France a travaillé des années à l’hôtel Radisson de Bruxelles. Sa plateforme s’est spécialisée dans les destinations du sud de l’Asie, comme le Cambodge ou Bali. Le Belge Denis Rossart est, lui, manager pour Selina, "la maison du travailleur à distance", qui propose 85 établissements dans 17 pays. "On se veut disruptif, explique celui qui a travaillé douze ans pour le Pain quotidien. Chez nous, ce n’est pas du tout l’hôtel classique. Il y a des chambres privées, des dortoirs, des espaces de coworking, mais aussi un cinéma et des activités tous les jours". La femme de Denis vient de le rejoindre à Panama City avec leurs deux enfants. Elle s’occupe désormais de tout ce qui est marketing pour Selina.
Avec la crise du Covid, ce type de plateforme a vu une demande en pleine expansion. De nombreux hôtels et auberges de jeunesse, en manque cruel de touristes, se dirigent aussi désormais vers elles pour trouver de nouveaux occupants.
Le coliving a ses avantages. Il permet notamment de combler la solitude du télétravailleur. Pas étonnant dès lors de retrouver dans ces établissements de nombreux célibataires à la recherche de l’âme sœur. La communauté permet aussi de rendre le travail moins pesant, de créer des synergies, des opportunités de business entre membres. "Quand tu arrives dans un pays inconnu, tu te retrouves souvent en décalage avec les autres qui sont dans leur rythme de vie, explique Guillaume de Dorlodot. Il y a un phénomène d’isolation et tu te retournes naturellement vers des étrangers qui sont dans la même situation que toi".
Avec la crise du Covid, la demande pour le coliving a changé. Là où les villes rencontraient un franc succès, elles sont désormais supplantées par des endroits plus "nature", calmes, insolites et isolés. "Toutes nos maisons au bord de la mer ou à la campagne sont pleines. Celles situées en ville sont vides. Il y a aussi une demande pour davantage de confort, que ce soit pour les familles ou les retraites pour entreprises", analyse Emmanuel Guisset.
Guillaume de Dorlodot mise aussi beaucoup sur ce nouveau créneau de mise au vert des employés d’une entreprise. "Avec le télétravail, il y a un besoin de créer du lien entre les membres d’une même entreprise".
De plus en plus âgés
Tant Guillaume qu’Emmanuel continuent d’avoir cette vie de nomade qu’ils affectionnent. "J’ai une petite fille et cela devient plus difficile", concède Guillaume de Dorlodot. Mais pas impossible selon Emmanuel, 37 ans, qui compte continuer cette vie, même en famille. "Les profils ont changé : il n’est plus rare de voir des travailleurs de plus de 50 ans dans nos établissements. L’une de nos meilleurs membres - nous avons 1 300 - est une professeure d’université de Los Angeles qui a 45 ans". La moyenne d’âge des membres de Outsite est de 35 ans et la durée moyenne de séjour est de 20 jours.
Pour Guillaume de Dorlodot, ce type d’établissements représente l’avenir. "Les entreprises doivent comprendre qu’il faut travailler par objectif à atteindre et pas par heure prestée. Peu importe si je me lève à midi - ce qui n’est pas le cas avec ma fille (rires) - et que je bosse jusqu’à minuit, du moment que le travail est réalisé".