Les quatre semaines de semi-lockdown coûteront 1 milliard d’euros aux commerces
D'après la fédération du commerce et des services, pour les secteurs qui sont touchés par ce semi-lockdown, à savoir les magasins de mode, de décoration intérieure, d’électronique et de sports (75 000 emplois), cela représente une perte de 1 milliard d’euros sur quatre semaines . Et la mise en chômage temporaire de 35 000 personnes en avril.
Publié le 25-03-2021 à 19h51 - Mis à jour le 27-03-2021 à 13h48
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"A l’heure où je vous parle – jeudi 15h15 –, nous n’avons toujours reçu aucune information sur les modalités de ce lockdown qui ne dit pas son nom et qui débute samedi matin. Dans le meilleur des cas, nos membres auront un jour pour se préparer. C’est un scandale”. Dominique Michel, le CEO de la fédération du commerce et des services, Comeos, n’en revient pas.
Pas plus qu’il n’en revient des décisions du Codeco d’imposer une prise de rendez-vous pour tous les clients et une limitation de leur nombre à 50, quelle que soit la taille du magasin. “Selon l’enquête réalisée auprès de nos membres, 85 % seront prêts samedi, 5 % ne le seront que lundi ou mardi, et 10 % ne savent pas encore répondre à la question. Mais rien ne dit combien ils seront, fin de semaine prochaine, à voir si ça vaut la peine de poursuivre l’expérience. On peut par ailleurs penser que certains plus petits magasins, insuffisamment outillés pour gérer la logistique des réservations, feront d’emblée l’impasse sur les quatre prochaines semaines.”
Et que dire des magasins de très grandes superficies, des Ikea ou Decathlon, mais aussi des H&M, Zara, Primark, Fnac, qui devront se contenter de 50 clients simultanément. “Dans certains magasins, cela signifiera une personne pour… 300 ou 400 m², soutient Dominique Michel, qui ne décolère pas. C’est comme s’il n’y avait qu’un seul spectateur dans une salle de concert, comme l’Ancienne Belgique à Bruxelles. D’autant que ces 50 clients se seront peut-être déplacés dans des métros bondés.” Ou qui passeront dans une surface alimentaire où la règle est toujours de un client pour 10 m² de surface de vente. “On avait proposé au Codeco d’élargir le périmètre et de passer à un client par 15 m², mais il n’en a pas voulu”, ajoute le CEO de Comeos.
Une entreprise sur cinq en risque de faillite
Ces décisions qu’il juge absurdes, il a demandé à ses services d’en analyser le coût. c
Avec une forte augmentation des pertes d’emplois déjà dans le viseur. “En septembre dernier, 11 % des entreprises non alimentaires évoquaient une faillite probable ou très probable, note Dominique Michel. En novembre, elles étaient 17 %. D’après nos analyses, après ce 3e lockdown, elles seront près de 20 %.” Soit, “sans gonfler les chiffres”, quelque 13 100 emplois menacés (7 500 suite à des faillites, 5 600 dans des restructurations).
Ce chiffre “très conservateur”, c’est “trois à quatre Ford Genk annoncés dans les douze mois à venir. Et on ne parle que d’emplois directs”. En décembre, lors de la réouverture des magasins après le confinement automnal, on parlait de 8 000 à 9 000 pertes d’emplois dans le secteur de la distribution. “L’arbre était déjà fragile. Ce coup de vent supplémentaire est une catastrophe”, dit-il. Surtout pour le secteur de la mode, “en plein marasme”. “En 2020, à elle seule, la mode a perdu un quart de son chiffre d’affaires, soit 2 milliards d’euros.”
Quatre mesures à prendre d’urgence
Et Dominique Michel d’insister sur quatre mesures fondamentales de soutien et d’accompagnement à prendre : la suppression de la règle des 50 clients ; l’exonération des cotisations sociales pour la période concernée ; la dispense de l’enregistrement des travailleurs ne pouvant pas être en télétravail, “une procédure lourde mais aussi inutile dans notre secteur sachant, c’est l’évidence même, que la majorité du personnel doit être présent dans les magasins ou dans les entrepôts” ; et, enfin, l’adaptation automatique des mesures de soutien au bénéfice des entreprises moyennes et grandes, “les plafonnements, que ce soit en nombre de magasins, en montant du loyer, en taille des fournisseurs tombant chaque fois à côté”.