Innovation en Belgique: l'humain remis au centre des préoccupations (mais les contrôles fiscaux également ?)
Ayming a réalisé une enquête auprès d'entreprises pendant la crise et estime que celles-ci ont mis en avant l'importance de l'innovation. Mais le groupe de conseil avance également que le nombre de contrôles fiscaux serait une menace pour l'innovation.
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Publié le 30-03-2021 à 14h49 - Mis à jour le 30-03-2021 à 16h14
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Destruction créatrice : les crises sont souvent vues comme des moments clés pour se transformer, pour innover. On l’entend, on le répète, il y a les belles paroles mais difficile de renier ce fait. Et, selon le Ayming Institute, un think tank du groupe Ayming spécialisé en conseil aux entreprises, "l’humain est le défi numéro 1 pour les entreprises innovantes" dans la crise que nous traversons actuellement. C’est le constat tiré d’une enquête réalisée entre juin et août 2020. Certes, pendant la vague "d’espoir" pourrait-on dire, entre deux confinements. Mais que relève-t-elle ? Elle identifie cinq facteurs qui ont influencé l’innovation et la R&D (recherche et développement) pour les entreprises belges.
Premièrement, pas de surprise, l’opportunité à saisir. "L’innovation est restée au premier plan des préoccupations en 2020. La pandémie a notamment poussé les entreprises à la numérisation et à intégrer davantage la durabilité au sein de leur stratégie", indique le think tank. "Bon nombre de PME ont, de plus, continué à lever des fonds, un signe que l’innovation reste une priorité", ajoute-t-il.
Deuxièmement, le facteur humain serait crucial. "L’une des révélations principales de l’enquête est le passage en première position du facteur humain. Jusque-là relégué au second plan (en 2019 et 2018), il devance pour la première fois l’idéation et le financement de l’innovation. La prise de conscience de l’importance du capital humain au sein des processus de R&D, notamment par l’embauche des bons profils ou le développement des compétences en interne, est intimement liée à la guerre des talents fort marquée sur notre territoire. L’une des causes est le manque de talents formés par notre enseignement supérieur dans les domaines STEM (science, technology, engineering, and mathematics)" précise Ayming.
"Face à des jeunes générations plus que jamais en quête de sens, opter pour la durabilité c’est également garder ses employés plus longtemps. Les entreprises peuvent ainsi développer leurs talents internes en investissant dans des formations et, à terme, bénéficier d’équipes plus expérimentées", commente également Laurie Pilo, Managing Director d’Ayming Benelux.
Pas de "déglobalisation" ?
Notons aussi que les deux tiers des entreprises sondées ne pensent pas que la pandémie de Covid-19 accélérera la déglobalisation. L’importance de la chaîne d’approvisionnement a clairement été démontrée, la question de la relocalisation des outils de production s’est posée mais les faits montrent que cette volonté de changement s’atténue dans la pratique. "La pandémie n’a pas fondamentalement changé la donne. Car même si l’on peut s’attendre à une augmentation des coûts de la chaîne d’approvisionnement, ils resteront bien inférieurs à ceux de la main-d’œuvre belge. Deux tiers des entrepreneurs estiment donc que ce ne sera pas le coronavirus qui accélérera la déglobalisation. En revanche, d’autres facteurs comme le Brexit et la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine risquent d’avoir une influence bien plus marquée", estime Ayming, sur base des avis récoltés.
Ensuite, Ayming montre que les budgets en R&D n’ont globalement pas diminué, que l’importance de l’innovation est désormais bien ancrée dans les esprits des entrepreneurs et que les politiques budgétaires s’y adaptent, malgré la crise et ce qu'elle a engendré en investissements pour le télétravail par exemple. "95 % des entreprises considérant l’optimisation des budgets de R&D comme une priorité, contre 81 % en 2019", précise Ayming.
Contrôles fiscaux : lobbying justifié ?
Enfin, pour Ayming, le nombre de contrôles fiscaux est trop important et pourrait menacer l’innovation, l’investissement en R&D des entreprises et l’attractivité de notre territoire. Sept sondés sur dix déclarent avoir été contrôlés en 2020, alors que l’enquête date de la mi-année.
Nuançons tout de même : en dix ans, un agent du fisc sur quatre a disparu et le nombre de missions de contrôle est passé de 168 254 à 76 978 en 2019. Par contre, reconnaissons que le nombre de contrôles non avenus (sans redressement lié au contrôle) est d’environ 60 %. Ce qui peut donner un sentiment de persécution aux entreprises qui en subissent plusieurs, à moins que les contrôleurs ne soient pas équipés pour effectuer des contrôles vraiment efficaces en Belgique.