La chaîne de magasins Pimkie déclarée en faillite : "Ceux qui ont travaillé en mars ne seront pas payés"

La chaîne de magasins de prêt-à-porter Pimkie a été déclarée en faillite mardi par le tribunal de Tournai, indiquent mercredi les syndicats chrétien et libéral. 24 magasins et 136 employés sont concernés. Les travailleurs sont sous le choc. Doublement puisqu’ils ont travaillé tout le mois de mars et ne seront pas payés.

C.M.
La chaîne de magasins Pimkie déclarée en faillite : "Ceux qui ont travaillé en mars ne seront pas payés"
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Mardi, le tribunal de Tournai a acté la faillite des 24 magasins belges de l’enseigne de mode Pimkie. Sont concernés 136 travailleurs – des travailleuses, plus précisément, puisqu’elles représentent plus de 90 % de l’emploi. Cette précipitation a surpris leurs représentants puisque la déclaration s’est faite au lendemain d’un conseil d’entreprise extraordinaire qui s’était tenu par téléphone et au cours duquel la direction en avait parlé. Et, surtout, qu’il n’a fallu que quelques heures pour qu’ils soient prévenus par les greffes du tribunal, “alors qu’habituellement, cela peut prendre une semaine”, indique Frédéric Viseur, secrétaire permanent à la CNE, en charge du dossier. “Nous sommes face à un mur, dit-il, n’ayant désormais que les créanciers comme interlocuteurs.”

Selon les syndicats, la direction justifie la situation par une baisse du chiffre d’affaires depuis plusieurs années et par l’impact de la pandémie. “Mais nous ne voyons pas où est l’urgence”, ajoute M. Viseur. Même si les salariés étaient conscients des difficultés, l’annonce leur a fait l’effet d’une bombe. “Depuis 2016-2017, les nouvelles ne sont pas bonnes, mais lors des précédentes réunions, l’employeur n’a en aucun cas abordé sérieusement les difficultés financières et les conséquences sur l’emploi, ni mis en place des solutions pour amortir le choc.” Ils ont le sentiment d’être abandonnés par la direction. “D’autant, ajoute Frédéric Viseur, qu’elle les a fait travailler tout le mois de mars pour finalement dire qu’il n’y avait pas d’argent pour les payer. Elle n’a même pas entrepris – en tous les cas elle ne l’a pas confirmé – les démarches nécessaires pour faire reconnaître, avant la faillite, le chômage temporaire d’une partie du personnel alors que cela ne lui coûtait rien…”

Dans la vaste constellation Mulliez

Pimkie compte plus de 600 magasins en Europe, dont la moitié en France, d’où elle est originaire. La chaîne fait partie de l’Association familiale Mulliez (AFM), très connue dans le milieu du retail pour ses participations dans les enseignes Auchan, Decathlon, Jules, Kiabi, Leroy Merlin, Midas, Tape à l’œil…

On pourrait trouver étonnant que le groupe – sa force de frappe, son expertise – n’a pas réussi à relancer cette enseigne tant qu’il en était encore temps. Récemment, elle a également dû fermer des magasins en Allemagne et en Espagne. “Ce n’est pas étonnant, indique pour sa part un courtier de la place. Pimkie n’est pas la seule enseigne historique à avoir trop longtemps vécu sur ses acquis. Comme d’autres (Camaïeu, MS Mode, E5 Mode…), elle s’est vue rattrapée par de nouveaux concepts et, surtout, des machines de guerre en matière de prix.”

Ce qui n’aide en rien les salariés. L’annonce de la faillite les prive en effet d’indemnités et probablement de leur salaire du mois de mars. Ils mèneront une action symbolique samedi à 14 heures devant le magasin Pimkie fermé de la rue Neuve à Bruxelles, où ils remettront la liste des questions qu’ils se posent suite à l’annonce soudaine de la faillite.

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