Alan, nouvelle "licorne" française, s'attaque au marché belge de l'assurance santé
Après avoir enregistré plus de 100 % de croissance en 2020, avec 160.000 membres assurés et 100 millions d’euros de revenu annuel, Alan vient de boucler un financement de 185 millions d’euros. De quoi faire entrer la pépite française, sur le marché belge depuis l'automne, dans la famille des sociétés valorisées à plus d'un milliard d'euros.
Publié le 19-04-2021 à 17h31
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Entrée assez discrètement sur le marché belge à l'automne, la jeune société française Alan ne cache plus ses ambitions à l'égard de la Belgique. Avec la France et l'Espagne, notre pays fait partie des priorités des deux fondateurs, Jean-Charles Samuelian et Charles Gorintin, pour les mois à venir. Alan, qui commercialise des contrats d'assurance complémentaire santé, prévoit de couvrir un million de membres et de recruter 400 personnes dans les trois années à venir en Europe. "En Belgique, on va recruter une centaine de personnes, avec l'objectif de couvrir plus de 100.000 membres d'ici 2023", nous confie Jean-Charles Samuelian, cofondateur et CEO d'Alan.
Aujourd'hui, Alan compte "autour de 1.000 membres" en Belgique. "L'activité commence à bien tourner, avec des entreprises qui signent chaque semaine. L'équipe, basée à Gand, se compose déjà d'une vingtaine de personnes". Alan lancera, cette semaine, un chat médical sécurisé. Elle prévoit aussi de lancer une "hotline" psychologique et d'investir dans des services de prévention et de santé mentale.
Une nouvelle expérience de la santé
Le modèle d'Alan repose sur la vente de contrats d’assurance complémentaire santé aux entreprises de toutes tailles et issues de différents secteurs (technologie, conseil, alimentation, hôtellerie et restauration, soins...). La pépite tricolore, fondée en 2016, ne se contente toutefois pas de vendre une assurance santé (en mode 100 % digitale). Elle propose aussi à ses membres toute une série de services innovants en matière de santé et bien-être (information personnalisée, rappels de prévention automatiques, chat médical sécurisé, téléconsultation, paiement, remboursement et suivi de soins, etc.). Rassemblés dans une "super-app" santé, ces services visent à offrir une expérience plus personnelle du parcours de soin et à favoriser la prévention.
Alan couvre actuellement 160.000 membres (couvrant environ 9.500 entreprises), représentant 100 millions d'euros de revenus annualisés (+105 % de croissance annualisée). L’équipe, installée à Paris, est passée de 200 à 350 personnes au cours des douze derniers mois.
Une cinquième levée de fonds en cinq ans
Sollicités par plusieurs investisseurs, les deux fondateurs ont décidé d'accélérer encore un peu plus le déploiement de la société. "La santé est devenue, plus que jamais, un sujet de préoccupation pour les citoyens et les entreprises. La crise a aussi contribué à accélérer la transformation numérique de nombreuses activités, dont le domaine de la santé. Il nous a donc semblé que c'était le bon moment de redonner un coup d'accélérateur", explique Jean-Charles Samuelian.
Si la boîte n'a encore que cinq ans, elle en est déjà à son cinquième tour de financement (on parle de "Série D"). La levée de fonds, communiquée ce lundi, s'élève à 185 millions d'euros (dont 150 millions de nouveaux capitaux). L'opération a été conduite par un nouvel investisseur: Coatue Management. Il s'agit d'un gros fonds d'investissement américain pesant 35 milliards de dollars. Coatue a notamment investi dans des sociétés telles que Airtable, Ant Financial, ByteDance, Instacart, Snap et Spotify. Deux autres investisseurs, Dragoneer et Exor (famille Agnelli), font également leur entrée dans le capital. Les investisseurs historiques (Index Ventures, Ribbit Capital et Temasek) ont aussi pris part à cette importante augmentation de capital.
Depuis sa fondation, Alan avait déjà levé 125 millions d'euros. Avec la nouvelle levée de fonds, la société est désormais valorisée à 1,4 milliard d'euros. Ainsi, en franchissant allègrement la barre symbolique du milliard d'euros, Alan fait son entrée dans le club restreint des "licornes" françaises (on en recense une petite quinzaine). "A titre personnel, le fait qu'Alan devient une licorne n'a pas une signification particulière, soutient le jeune CEO. En revanche, c'est un facteur rassurant pour nos clients. On constate déjà que de grandes entreprises, avec plusieurs milliers de personnes, s'engagent plus facilement avec Alan. Notre ambition est de continuer à grandir. Ce n'est qu'une étape".
Une assurance et des services personnalisés
Alan accorde beaucoup d'attention à l’expérience client. Cela se traduit notamment par des remboursements "instantanés" (remboursement jusqu’à 75 % des soins en moins d’une heure), des outils d’accompagnement face au Covid-19 (allant de l’autodiagnostic à la livraison de masques en passant par la mise en place d’une ligne de soutien psychologique), un chat médical sécurisé (Alan a recruté ses propres médecins afin qu’ils répondent à toutes les préoccupations des membres en moins de deux heures), etc. Alan a aussi fait le choix de développer des fonctionnalités spécifiques dans chaque pays, adaptées aux besoins de ses utilisateurs locaux.
On retiendra aussi qu'Alan est le premier acteur indépendant à avoir reçu un agrément de l’Autorité française de contrôle prudentiel et de résolution depuis 1986. La société se positionne en concurrente des grosses sociétés d'assurance santé. "Nous considérons que l'assurance est un service parmi d'autres, insiste Jean-Charles Samuelian. Notre rôle en tant que partenaire de confiance, plus encore après la pandémie, c’est de ré-engager les gens avec le système de santé. Pour Alan, cela veut dire personnaliser l’offre et l’adapter aux besoins de chacun, offrir le meilleur prix et alléger la charge financière que peut représenter la santé, répondre de manière sûre et rapide aux questions sur le bien-être ou la santé, aider proactivement les membres à prendre les meilleures décisions pour leur santé, etc.. Nous faisons tout cela en réunissant le meilleur de la technologie et de l’humain. Nous sommes en bonne position pour relever ce défi et devenir le partenaire santé de choix pour des centaines de millions de personnes".
Si les choses se passent bien en Belgique et en Espagne, l'objectif d'Alan sera de s'étendre à d'autres pays européens à partir de l'année prochaine.