La Belgique n’a jamais créé autant d’entreprises que durant la crise de 2020
Le nouveau record de “starters”, établi malgré le Covid, est largement dû au dynamisme entrepreneurial de la Flandre.
Publié le 21-04-2021 à 17h35 - Mis à jour le 21-04-2021 à 18h41
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Entreprendre, envers et contre tout ! Voilà l’impression, a priori assez inattendue, qui se dégage du nouvel “Atlas des Starters” annuel dévoilé, mercredi, par le bureau d’informations économiques Graydon, l’Union des Classes moyennes (UCM) et l’Unizo, son homologue flamande. Alors que la pandémie de Covid a plongé l’économie belge dans la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, le paysage entrepreneurial belge apparaît moins sombre qu’on aurait pu l’imaginer. Mais, comme on le verra ci-après, il faut se méfier des apparences et, surtout, de lendemains qui déchantent.
Quoi qu’il en soit, 2020 a été une année record pour les créations de nouvelles entreprises, ceux qu’on appelle les “starters” (personnes physiques et SRL, pour l’essentiel). Pas moins de 106 788 nouvelles entreprises ont en effet vu le jour l’an dernier, selon Graydon. L’augmentation par rapport à 2019 est très faible (+0,64 %). Mais, compte tenu des circonstances, c’est une performance et le signe que l’esprit entrepreneurial n’a pas été annihilé par le Covid-19. C’est d’autant plus remarquable, aussi, que plusieurs secteurs (Horeca, événementiel, culture,…) ont été contraints de s’arrêter.
Cette statistique cache toutefois d’importantes disparités régionales (voir notre infographie). Alors que la création de nouvelles entreprises recule assez significativement en Wallonie (-5 %) et à Bruxelles (-11,1 %), elle a continué à progresser en Flandre (+1,1 %). Si on considère les dix dernières années, on constate que la création d’entreprises a évolué plus vite en Flandre (+50,6 %) et à Bruxelles (+15,7 %) qu’en Wallonie (+10,4 %).

Plus de créations que de cessations
Trois secteurs ont fait les frais de la crise : le secteur de l’art, du divertissement et des loisirs (création de nouvelles entreprises en chute de 24,47 %) ; le transport terrestre, maritime et aérien (-20,9 %) ; et l’industrie hôtelière (-13,82 %). À l’opposé, on enregistre de fortes croissances dans la construction pour la deuxième année consécutive (+45,95 % en 2019 et +30,51 % en 2020). Les ventes au détail (+22,62 %) sont également en forte croissance. Elle se traduit par un quasi-doublement du nombre de commerces par l’intermédiaire des sociétés de vente par correspondance et d’Internet.
Pour évaluer correctement la situation de l’entrepreneuriat en Belgique, il convient de jeter un œil sur l’indicateur de “création nette” d’entreprises (c’est-à-dire la différence entre les créations et les cessations d’activité). Face aux 106 788 nouvelles entreprises créées en Belgique l’an dernier, on a enregistré 74 189 fermetures d’entreprises. On obtient donc une création nette de 32 508 entités entre 2019 et 2020, soit un accroissement de 2,6 % de l’effectif total des entreprises.
“La vague de faillite est devant nous”
Si Arnaud Deplae, secrétaire général de l’UCM, et son homologue de l’Unizo, Danny Van Assche, se réjouissent de cette dynamique entrepreneuriale en période de crise, ils ne se font aucune illusion sur le futur proche. “La vague de faillites et de cessations est encore devant nous”, affirment-ils.
Au nom de l’UCM, Arnaud Deplae adresse d’ailleurs une série de recommandations à l’attention des différents gouvernements (fédéral et régionaux) : éviter la tentation d’une hausse des charges fiscales et parafiscales, inciter les banques à soutenir les entreprises, simplifier l’administration et encourager l’accompagnement. Un plan de redémarrage de l’économie de dix-huit mois devrait entrer en vigueur dès la fin de l’épidémie, plaide l’UCM. Lequel devrait prévoir des possibilités de reports de charges et une attitude compréhensive des administrations fiscales, un soutien à la formation et à la reconversion ou encore des modalités de licenciement plus souples.