Verra-t-on bientôt déferler en Europe les fintechs chinoises ?
Une étude de l’Institut Montaigne met en garde le secteur bancaire européen.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/3794e68f-5aa0-49a3-b726-bed694fe37b9.png)
- Publié le 22-04-2021 à 06h34
- Mis à jour le 22-04-2021 à 06h35
:focal(1275x859:1285x849)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AVMH7PQA7BCSVABUUYVKCQT524.jpg)
Les fintechs chinoises vont-elles défier la concurrence grâce à des technologies à la pointe, notamment dans les moyens de paiement ? À lire la nouvelle note de l’Institut Montaigne rédigée par Viviana Zhu, les fintechs chinoises ont certainement des atouts pour s’exporter, mais aussi… quelques obstacles.
“Puissance démesurée”
L’étude s’intéresse aux cinq entreprises les plus en vue en Chine, regroupées sous l’appellation de “Big Five” : Ant Group (avec le système de paiement mobile Alipay), Tencent (WeChatPay), JD Technology, Ping An et Du Xiaoman Financial. “Les nuances entre ces cinq acteurs sont à chercher du côté du détail de leurs offres et du secteur auquel ils choisissent de donner la priorité au sein de leurs différents services : ces nuances reflètent le contexte dans lequel ils sont nés”, explique l’étude.
Derrière Ant Group, on trouve Jack Ma, le fondateur d’Alibaba (l’Amazon chinois) dont les propos critiques sur régulation financière en octobre 2020 avaient constitué une provocation à l’encontre des autorités chinoises. Il a fait sa sortie à l’apogée des efforts de régulation d’un secteur qui avait connu de 2000 à 2010 dix années “d’épanouissement sans contrôle”. Ce secteur avait “surpassé les banques d’État du pays” et “accumulé une puissance démesurée, y compris trop de pouvoir politique”.
En dépit des efforts menés pour se protéger de cette régulation en se présentant comme des fournisseurs bienveillants de technologies, “ces entreprises restent sous la coupe des régulateurs financiers. Ceci est particulièrement criant pour Ant Group, conglomérat contre lequel les régulateurs n’ont pas relâché la pression”, peut-on encore lire dans l’étude.
Barrière en Europe
Quid alors pour le développement international ? En 2016, Eric Jing, alors directeur exécutif d’Ant Financial – ancien nom d’Ant Group – s’était fixé comme objectif de développer une clientèle de 2 milliards d’utilisateurs à un horizon de dix ans, dont 60 % hors de Chine. La preuve que les ambitions existent, même si la présence mondiale des fintechs shinouses reste “très limitée”.
Reposant sur l’utilisation des données, le modèle des fintechs chinoises risque toutefois de poser problème en Europe où le règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur en 2018. “Le bouclier légal dont l’Union européenne s’est dotée contre les utilisations abusives de données crée de fait une barrière pour les fintechs chinoises ayant pour ambition de pénétrer le marché européen, estime Viviana Zhu. Autre contrainte possible citée dans l’étude : le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA), qui visent à réguler l’espace numérique européen.
Malgré “ces limites”, Viviane Zhu juge que les entreprises chinoises ont des atouts pour se développer en dehors de Chine, “allant de leur expérience sectorielle solide à la qualité de leurs technologies fondées sur l’accès à des volumes illimités de données chinoises”. “Les secteurs bancaires et financiers européens auraient tout intérêt à se tenir prêts pour la survenue de cette concurrence, qui pourrait être celle d’un avenir proche”, conclut l’auteur de l’étude.