Pénurie de puces : quelles conséquences pour le secteur automobile ?
Ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette sortie de crise économique.
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- Publié le 20-05-2021 à 13h53
- Mis à jour le 08-10-2021 à 17h35
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Voilà un an, les constructeurs avaient été contraints et forcés de ronger leur frein : arrêt de production des usines pendant plusieurs semaines pour cause de pandémie et chute drastique des ventes de véhicules en raison du lockdown et de la fermeture des réseaux de concessionnaires.
Depuis lors, les choses vont bien mieux : 862 226 voitures particulières se sont vendues en avril dans l’Union européenne, quatre fois plus que pour la même période de 2020. Et pourtant, le secteur automobile n’est pas à la fête. En cause, cette pénurie de puces qui entrave la production et entraîne parfois la fermeture d’une usine.
Production de la Peugeot 308 à l’arrêt
À Sochaux, la ligne de production de la Peugeot 308 a, par exemple, été à l’arrêt pendant quatre semaines en avril, ne disposant pas de la puce qui équipe les tableaux de bord. Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, Fiat, Alfa Roméo…) a produit 190 000 véhicules de moins que prévu au premier trimestre en raison de cette pénurie. Volkswagen annonçait pour sa part à la mi-mars que 100 000 véhicules n’avaient pas pu être produits, pour les mêmes raisons. Tous les constructeurs sont peu ou prou concernés.
Quel est le problème ? La baisse de production de l’industrie automobile l’an dernier s’est doublée d’une forte hausse de la demande d’appareils électroniques par des consommateurs avides de s’occuper à la maison.
Or, la hight-tech est très vorace en matière de semi-conducteurs. Et comme il n’y en a pas plus pour tout le monde, certains secteurs rencontrent de sérieux soucis.
Distorsion entre l’offre et la demande
C’est le cas des constructeurs. Les semi-conducteurs comme les puces électroniques sont en effet omniprésents dans les voitures, entre le moteur, l’ABS, les airbags, l’aide au stationnement, le tableau de bord… Sans ces composantes, la fabrication d’un véhicule est tout simplement impossible.
L’impact de cette distorsion entre l’offre et la demande est majeur. Le fabricant allemand de semi-conducteurs Infineon évalue à environ 2,5 millions le nombre de voitures qui ne pourront du coup être produites au premier semestre 2021. Selon une étude cette fois de AlixPartners, 3,9 millions de véhicules ne pourront être produits sur l’ensemble de l’année.
Un chiffre à comparer avec les 78 millions de véhicules produits en 2020 au niveau mondial (en baisse de 16 % par rapport à 2019).
Surtout, cet écueil va continuer à peser sur le secteur. "La situation va rester extrêmement tendue jusqu'à la fin de l'année et ensuite ça devrait commencer à se réguler", estime Jean-Marc Chéry, patron du fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics, pointant un retour à la normale pour fin 2022.
Et si vous achetez un véhicule ?
Avec quelles conséquences pour l'acheteur ? "Nous faisons notre possible pour limiter l'impact sur les livraisons", indique brièvement Anouk Van Vliet, porte-parole de Stellantis Belgique. "Nous n'avons pas de chiffres belges à communiquer."
"La crise des composants électroniques a effectivement un impact sur les délais de livraison. Tout dépend du modèle, de la motorisation et du niveau de finition. Pour nos bestsellers, Clio chez Renault et Sandero chez Dacia, il faut compter 3 à 4 mois pour les versions les plus impactées", explique plus largement Karl Schuybroek, porte-parole p our Renault Belgique.
"L'impact est limité car il n'y a pas eu d'arrêt de la production des véhicules pour l'instant", note pour sa part Jeroen Lissens, porte-parole chez BMW Belgique. "Nous avons des petits soucis avec certaines options moins disponibles."
Pour tacler ce problème, Volvo propose, par exemple, de ne pas opter pour certaines options. "C'est au cas par cas", précise René Aerts Jr, porte-parole. C'est, par exemple, le Park assist Caméra à 360°, le BLIS (radar angle mort) ou encore le Park assist Pilot. "Nous adaptons les packs en fonction de cette indisponibilité sinon les délais de livraison seront plus long."
"Nous roulons à vue. La situation est volatile et il n'est pas possible de faire un pronostic sur l'impact", concède pour sa part Bastien Van den Moortel, Press Relations Manager chez Mercedes-Benz Cars. "L'offensive électrique Mercedes-EQ reste une priorité absolue", détaille-t-il, évoquant l'offre du constructeur pour les modèles 100 % électriques et hybrides.
Les constructeurs ont en tout cas tout intérêt à privilégier dans ce contexte les modèles plus haut de gamme, qui leur offrent de meilleures marges.
Hyundai Belgique enregistre parfois des délais de livraison assez longs. "C'est plutôt dû au grand succès du modèle qu'aux problèmes de production", assure Wim Doms, porte-parole. "C'est donc d'abord un problème de luxe."