Le patron des salles de jeux Golden Palace : "C’est étonnant qu’on soit toujours là"
Lourdement impacté par la crise du Covid-19, le secteur des casinos est toujours dans l’incertitude à moins d’une semaine de sa réouverture annoncée.
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- Publié le 02-06-2021 à 19h15
- Mis à jour le 03-06-2021 à 16h05
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Rien ne va plus pour les salles de jeux et casinos en Belgique. Lourdement impacté par la crise du Covid-19, le secteur, qui emploie près de 12 000 personnes dans notre pays, est toujours dans l’incertitude à moins d’une semaine de sa réouverture annoncée. “Nous avons proposé notre propre protocole sanitaire, très strict, mais on n’a reçu aucune réponse des autorités. C’est fou. On se prépare sans savoir ce qui va nous être demandé”, déplore Massimo Menegalli, le CEO du groupe Golden Palace qui avec 45 salles de jeu est le plus gros acteur en la matière en Belgique.
L’entreprise familiale a dû faire le gros dos depuis l’apparition du virus. Sur les 15 derniers mois, les salles de jeu ont été fermées pendant 11 mois. “C’est étonnant qu’on soit toujours là pour en parler. En 2020, notre chiffre d’affaires a chuté de plus de 50 % et depuis le début 2021, nous sommes toujours à zéro dans nos salles de jeux. C’est une catastrophe”. Le fils du fondateur du groupe s’attend à ce que des concurrents mettent la clé sous le paillasson, surtout ceux qui n’ont pas pu investir dans les jeux en ligne. “Il va y avoir une concentration du secteur”, prédit-il.
“La France a été plus courageuse que la Belgique”
Car la perte d’activité de Golden Palace, qui existe depuis 55 ans, a été en partie compensée par les jeux en ligne : ces derniers représentaient déjà un quart du revenu du groupe avant la pandémie. “Mais cela ne suffit pas, d’autant qu’on doit faire face à des groupes qui opèrent depuis des paradis fiscaux de manière illégale, insiste M. Menegalli. Au niveau européen, des études ont montré que les chiffres d’affaires des salles avaient chuté de 34 %, alors que celui des jeux en ligne n’avait progressé que de 7 %. Il y a une convivialité dans les salles que les joueurs ont envie de retrouver. On a tous Netflix, mais on a tous envie de retourner au cinéma”.
La concurrence vient aussi de l’étranger. “La France a rouvert les casinos le 19 mai, bien avant l’Horeca. Pourquoi ? Parce qu’ils analysent les ouvertures en fonction du risque et pas du politiquement correct. Ils ont eu plus de courage”, déplore le patron. De nombreux Belges vont aussi jouer aux Pays-Bas, en Allemagne ou au grand-duché de Luxembourg où les règles sont moins strictes qu’en Belgique. “Chez nous, le jeu est considéré comme un vice par beaucoup de politiques. Dans les pays limitrophes, c’est un loisir. À titre d’exemple, 35 000 personnes sont interdites de jeux en France, contre plus de 350 000 en Belgique.” Dans notre pays, des professions entières, comme les huissiers de justice, les magistrats ou les policiers ne peuvent ainsi pas rentrer dans une salle de jeu, ni jouer en ligne.
Une moyenne d’âge de 47 ans
Les clients de Golden Palace ont une moyenne d’âge 47 ans et dépensent entre 30 et 50 euros par visite. Il faut dire que la perte horaire maximale légale est de 70 euros dans les casinos et de 25 euros dans les salles. C’est-à-dire qu’en jouant une heure, un client d’une salle de jeu ne peut perdre que 25 euros par heure maximum en moyenne. “Ce montant n’a plus été indexé depuis 1999”, regrette M. Massimo.
Selon ce dernier, il est également illogique que les librairies belges aient pu continuer à vendre des billets de loteries, alors que les salles de jeu étaient fermées. “On peut raconter ce qu’on veut, mais un ticket à gratter a exactement la même logique que nos machines.”
Notons que durant cette pandémie, la firme s’est diversifiée en lançant sa propre firme de fabrication de masques. “Nous en avons produit plus d’un million. Mais le but n’est vraiment pas de faire du bénéfice avec cela. D’ailleurs nous en avons donné beaucoup”, conclut le CEO.