Jeff Bezos a fait d’Amazon un empire... Devenu trop puissant ?
Le patron et fondateur d’Amazon quitte l’opérationnel et passe les commandes à son fidèle bras droit.
Publié le 05-07-2021 à 17h39 - Mis à jour le 05-07-2021 à 17h40
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Comme prévu, le patron et fondateur du groupe Amazon, Jeff Bezos, a décidé de démissionner de sa fonction de CEO, après 27 années passées aux commandes de son entreprise. Il sera remplacé par son bras droit, Andy Jassy.
Quitte-t-il pour autant le navire gigantesque qu’il a piloté pendant tout ce temps ? Non, en réalité, il reste président du conseil d’administration. Il garde donc la main sur la stratégie, tout en se dégageant de l’opérationnel au jour le jour. Est-ce une mauvaise nouvelle pour le groupe aux activités multiples ? Les investisseurs s’exprimeront à ce propos mardi à la réouverture des places de cotation, au terme d’un long week-end marqué par la fête nationale américaine. Ces derniers auront eu le temps de digérer le passage à l’acte, déjà évoqué, et ne devraient donc pas surréagir. Stratégie de communication parfaite !
L’homme le plus riche du monde
L’homme réputé être le plus riche du monde avec une fortune estimée à 203 milliards de dollars, fait-il un pas de côté à un moment critique ? Pas vraiment, même si son entreprise fait face actuellement à quelques sérieux écueils. Ce géant économique lourd d’une capitalisation boursière de quelque 1 771 milliards de dollars, effraie en effet le monde politique américain qui souhaiterait organiser légalement une scission de ses activités, tout comme ce fut le cas dans le secteur des télécoms au milieu des années 1980. C’est qu’Amazon, sous la férule de Bezos, est devenu un groupe actif non seulement dans le commerce en ligne, mais aussi dans la logistique internationale, les services informatiques (Amazon Web Services), la diffusion de médias (Prime Video), ou encore dans la publicité, avec une force de frappe énorme liée à son infrastructure numérique et à sa proximité avec des centaines de millions de consommateurs.

Les ventes du groupe n’en finissent plus de grimper, année après année, totalisant sur les 12 derniers mois près de 420 milliards de dollars. À titre de comparaison, le groupe américain Walmart qui pèse 393 milliards de dollars et emploie 2,2 millions de personnes, a totalisé 562 milliards de chiffre d’affaires sur les 12 derniers mois. La différence se situant au niveau des bénéfices, Amazon compensant largement la légèreté de ses marges en tant que distributeur, par celles de ses autres activités, notamment dans le numérique. On retiendra à ce propos que la passation de pouvoir intervient au terme d’une période de crise sanitaire qui a dopé le volume du commerce en ligne dans le monde.
Enfin, le groupe suscite aussi des grincements de dents, aux États-Unis mais aussi au sein de l’Union européenne, à propos de ses pratiques commerciales, et de la manière dont le groupe comme d’autres grands noms de la tech américaine, évite de payer des impôts. Enfin, même si Jeff Bezos a lui-même promis de travailler sur le sujet, les conditions de travail des employés du groupe – ils sont 1,27 million dans le monde – sont régulièrement montrées du doigt. On retiendra notamment le “flicage” numérique des chauffeurs livreurs du groupe aux États-Unis, dont le comportement au volant est filmé, et analysé par des outils numériques dotés d’intelligence artificielle.
Le potentiel d’Internet saisi au meilleur moment
Pour se faire une idée de l’ampleur de la réussite de Bezos, il suffit de retracer son itinéraire professionnel, cité en exemple puisqu’il semble montrer que n’importe qui, partant de peu, peut réussir aux États-Unis. Ce serait négliger le fait que Jeff Bezos n’est pas n’importe qui puisque comme en témoignent les multiples portraits faits de lui, il est né avec un cerveau particulièrement vif. Dans une interview au magazine américain Business Insider, il explique qu’à l’âge de 10 ans, en voiture avec ses grands-parents sur la route des vacances, il s’amusait à calculer la consommation d’essence du véhicule, à évaluer sous forme statistique le budget d’épicerie, à faire des mathématiques avec sa grand-mère, et même à évaluer l’impact de la fumée de cigarette sur l’espérance de vie de son grand-père… Qui prit mal la chose, et lui répondit que dans la vie, il est plus difficile d’être gentil que d’être malin.
Jeff obtient plus tard un diplôme en sciences de l’informatique à l’université de Princeton en 1986. Après un détour dans des entreprises financières à New York, à trente ans, il découvre le potentiel d’Internet. On est en 1994, il parle à son patron de créer une librairie en ligne… Son patron lui conseille de garder un bon job. Il ne l’écoutera pas et lancera son site en 1995, réalisant lui-même les colis dans son garage, à l’aide de fonds fournis par ses parents. L’accélération est fulgurante et force les grandes librairies à se réinventer ou à disparaître. Chaque dollar de bénéfice est systématiquement réinvesti dans le développement de l’entreprise. En mai 1997, Amazon fait ses premiers pas boursiers sur le Nasdaq, à 18 dollars l’action.
En 2000, Bezos fonde Blue Origin dans le but de produire des engins spatiaux. Le premier voyage touristique dans l’espace est prévu pour le 20 juillet prochain, avec à bord, Jeff Bezos et son frère.