Cette start-up qui veut responsabiliser le business des GSM et tablettes reconditionnés
Le marché du reconditionnement des smartphones et tablettes est en train de se structurer en Belgique, et la start-up à impact aSmartWorld joue la carte de la filière locale.
Publié le 27-07-2021 à 18h12 - Mis à jour le 26-08-2021 à 11h58
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À 38 ans, Geoffroy Van Humbeeck fait partie de la génération des entrepreneurs qui font le pari de concilier des objectifs de rentabilité, de responsabilité et de durabilité. Un entrepreneur à impact, comme on a coutume de les qualifier. Son business concerne la collecte, le reconditionnement et la remise en service de GSM et de tablettes. Quant à l'ambition de aSmartWorld, la start-up que cet économiste du Brabant wallon a fondée en 2018, elle est double : transformer le business des smartphones et des tablettes reconditionnés, en le rendant à la fois local et responsable, et devenir la référence européenne de ce marché à la fois en plein essor mais aussi particulièrement opaque.
Geoffroy Van Humbeeck a pris le temps de bien poser les bases de son activité. Il a notamment fallu identifier les habitudes et les besoins des détenteurs de téléphones portables que sont les entreprises et les particuliers. En Belgique, il se vend environ 3 millions de smartphones par an. Ce que l’on sait un peu moins, c’est qu’il y en a autant qui traînent dans les tiroirs des Belges… En France, on serait autour des 18 millions. La raison est simple : conditionnés par les nouveautés et promos des principaux constructeurs (Apple, Samsung, Huawei, Xiaomi…), les utilisateurs changent de GSM tous les 18 à 24 mois ! Rien que dans les entreprises actives en Belgique, on estime que, chaque année, environ 250 000 appareils sont mis de côté alors qu’ils fonctionnent encore.
Bienvenue au Far West du reconditionnement
Pour M. Van Humbeeck, il y a là une aberration économique, sociétale et environnementale. "J'ai passé dix ans à l'étranger, dont six en République démocratique du Congo, nous raconte-t-il depuis l'atelier genvalois de aSmartWorld. Ça m'a notamment ouvert les yeux sur les importations de déchets électroniques en Afrique et les conditions de travail dans les mines. C'est en revenant en Belgique que j'ai eu l'idée de me lancer dans le reconditionnement de smartphones et de tablettes."
Le marché des GSM et tablettes reconditionnés ou de deuxième main, expose l'entrepreneur belge, qui emploie déjà dix personnes (dont deux jeunes en formation à l'IFAPME et un demandeur d'asile), est dominé par des "brokers" et toute une série d'intermédiaires. "C'est un peu le Far West ! Typiquement, les brokers importent des lots de GSM du continent américain, les envoient en Chine pour être reconditionnés et ramènent le tout en Europe pour les vendre sur des plateformes en ligne ou dans des boutiques. Et, à chaque étape, les intermédiaires prennent une commission." Déjà très élevée au stade de la production et de la distribution à l'état neuf, l'empreinte écologique et sociale du reconditionnement et de la revente de smartphones usagés ne fait que s'aggraver.
La start-up de Geoffroy Van Humbeeck a développé un business model innovant pour prendre pied sur ce marché international du reconditionnement de GSM et de tablettes. "On a fait le choix de relocaliser, en Belgique, toutes les étapes de la filière : collecte des appareils, reconditionnement et remise en service, explique-t-il. Au centre du modèle, on a mis l'impact sociétal et environnemental positif que les différents acteurs de la chaîne (entreprises, particuliers, associations, etc.) peuvent générer en augmentant la durée de vie des smartphones, ce qui permet de limiter les besoins de nouveaux appareils et les externalités négatives qui y sont associés."
En un peu plus de deux ans d'activité, aSmartWorld dit avoir collecté et revendu près de 2 500 GSM et tablettes. Ce qui est peu. "Correct, admet Geoffroy Van Humbeeck, mais on a, d'abord, voulu créer un véritable écosystème, depuis la collecte auprès des entreprises et des particuliers jusqu'à la revente aux clients finaux et aussi la distribution solidaire d'appareils auprès de personnes victimes de la fracture numérique via la Fondation pour l'inclusion digitale (FID) et des partenariats avec différentes associations. C'est maintenant que nous entamons notre phase de croissance. On vise les 3 400 appareils reconditionnés et revendus cette année, avec un chiffre d'affaires de 484 000 euros, et plus de 42 000 appareils en 2024 pour un chiffre d'affaires de 6,8 millions."
Récolte de fonds en cours
C'est pour accompagner cette phase de croissance, en Belgique mais aussi en France, que aSmartWorld a lancé, début juillet, une campagne de financement participatif (crowdfunding) sur la plateforme d'investissement durable Lita.co. La start-up visait, initialement, une levée de 300 000 euros. L'objectif ayant été rapidement atteint, notamment grâce à l'appui du fonds d'investissement à impact Change (groupe Credal), il a été décidé de prolonger la campagne jusqu'à atteindre la barre des 400 000 euros (Lita.co/fr/projects). Ce capital servira non seulement à agrandir l'équipe de aSmartWorld, mais aussi à finaliser le lancement, prévu à la rentrée de septembre, d'une application mobile destinée à faciliter la collecte de smartphones et de tablettes auprès des entreprises et des particuliers.