Économiser sur son budget alimentation en luttant contre le gaspillage alimentaire, le pari réussi d'Happy Hours Market
Grâce aux invendus, la start-up lutte contre le gaspillage en Belgique.
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- Publié le 13-08-2021 à 11h28
- Mis à jour le 06-09-2021 à 10h39
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En Belgique, 345 kilos de nourriture sont jetés par an et par personne, soit sept tonnes par minute. "La Belgique est le deuxième pays européen qui gaspille le plus, derrière les Pays-Bas", explique Aurélien Marino, l'un des cofondateur de la start-up Happy Hours Market. En Europe c'est plus de 90 millions de tonnes de nourriture consommable qui sont gaspillées. À Bruxelles, selon Bruxelles environnement, ce n'est pas moins de 25 000 tonnes de produits alimentaires qui finissent à la poubelle chaque année. Et la production de toute cette alimentation a généré des répercussions environnementales, sociales et économiques majeures… pour rien.
De ce constat découle une idée en or de la part de deux entrepreneurs Aurélien Marino et Ludovic Libert avec Happy Hours Market. L’objectif de la start-up ? Lutter contre le gaspillage alimentaire en améliorant la récupération des invendus pour mieux les redistribuer.
Chaque soir, à l’aide de son camion frigorifique “pour respecter la chaîne du froid”, la start-up récupère auprès des distributeurs les produits sur le point d’être périmés. Une partie de ceux-ci est vendue à moitié prix aux particuliers qui peuvent récupérer leurs marchandises le soir même aux différents points de collecte (il y en a sept à Bruxelles et deux à Namur). L’autre partie des invendus (minimum 50 %) est livrée tous les jours et gratuitement à des ASBL.
Happy Hours Market compte près de 15 000 clients à Bruxelles et à Namur. L’application lancée en septembre a déjà été téléchargée plus de 20 000 fois.

Le monde de l’entreprise décevant
Aurélien et Ludovic ont "le parcours idéal". Diplômés de Solvay, ils travaillent tous les deux dans de grosses boîtes, respectivement dans la consultance et la chimie. "Ça a été la déconvenue", confie Aurélien. "Les entreprises réfléchissent en chiffres d'affaires sans penser en termes d'impacts". Avec Happy Hours Market, l'empreinte est triple : écologique, économique et sociétal.
D'un côté, la vente des invendus permet de revaloriser des produits qui finiraient à la poubelle et donc de diminuer les coûts liés au traitement des déchets pour les distributeurs. "C'est un avantage considérable pour eux", explique Aurélien. "Ils sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à vouloir collaborer avec nous." De l'autre, avec une revente à moitié prix, la start-up permet au consommateur d'économiser sur le budget de son alimentation, en moyenne 65 euros par mois. "Les profils sont très différents", poursuivent les cofondateurs. "Cela varie selon les quartiers mais on a autant d'étudiants que de jeunes diplômés ou des ménages."
Ensuite, elle assure la logistique pour des associations qui aident les personnes précarisées. "Certains supermarchés refusent de travailler avec des associations si elles ne sont pas en mesure d'assurer des collectes récurrentes", ajoute Aurélien Marino. "Avec la start-up, on met à disposition notre camion frigorifique pour les livrer gratuitement tous les soirs." Chaque mois, environ 15 tonnes de produits consommables sont données aux associations.
En 2020, la start-up a permis de sauver plus de 260 tonnes de nourriture. En plus de sensibiliser le consommateur, elle permet également aux distributeurs d’ajuster ses commandes. La start-up fournit des rapports qui analysent les stocks et les invendus afin que les distributeurs puissent optimiser leur commande auprès des fournisseurs.
Rentable en un mois
Le camion jaune dans lequel sont vendus les produits est repérable d'assez loin. Alors qu'ils avaient levé 140 000 euros grâce à un crowdfunding, le premier camion a été financé en fonds propres grâce à la famille et aux amis. Très vite celui-ci a été rentabilisé pour tous les frais opérationnels. "Aujourd'hui la phase de revente permet au camion d'être rentable dès le premier mois", se réjouit Aurélien. Le modèle est d'ailleurs franchisé à Namur "mais d'autres villes suivront", assurent les cofondateurs. "Et pourquoi pas dans d'autres pays à plus long terme."
Qui a dit qu’impact ne rimait pas avec rentabilité et succès ?