Impossibilité de zapper les pubs en replay: quelles politiques chez les différents opérateurs ?
Une fausse bonne idée d'imposer le visionnage de la publicité, comme annoncé par Telenet ? L'association de consommateurs Test Achat, très critique, estime que cela pourrait avoir des effets contre-productifs. Les autres opérateurs affichent d'ailleurs des intérêts divergents.
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- Publié le 18-08-2021 à 16h44
- Mis à jour le 17-11-2021 à 10h39
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L'impossibilité de zapper la publicité des contenus enregistrés sur votre décodeur ou d'instaurer des publicités supplémentaires "impassables" sur les contenus en replay à partir de fin septembre, comme annoncé par Telenet la semaine dernière, donne de l'urticaire à certains. C'est le cas de Test Achats. "Les revenus des émetteurs de télévision sont apparemment sous pression, à tel point que vous n'aurez bientôt plus le choix de zapper ou de dérouler les pages de pub en vision différée ou enregistrée. Aujourd'hui, les consommateurs belges paient déjà très cher leurs abonnements télécoms et particulièrement l'abonnement de télévision", réagit l'association.
Telenet avance pour sa part que c’est un passage obligé pour continuer à financer les télévisions locales, les programmes belges, et que le modèle s’impose déjà sur le web (même si cela dépend largement des plateformes). D’autres abondent dans ce sens et avancent, sans vouloir être cités, que c’est une nécessité face à la prédominance des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) sur le marché publicitaire en ligne. Mais l’argument de Telenet reste très critiqué, surtout qu’il y a à peine trois ans, John Porter, le CEO, déclarait au Morgen qu’interdire l’avance rapide des publicités, donc de forcer la main aux téléspectateurs, s’apparenterait à… un “suicide commercial”.
Fausse bonne idée ?
"Plutôt que d'attirer les clients sur leurs programmes, cela aura pour conséquence directe que les consommateurs se dirigeront encore plus vers des canaux comme le streaming, avec une perte de revenus supplémentaires pour les opérateurs concernés", affirme l'association des consommateurs.
"Toute personne qui souhaite lancer un enregistrement sera d'abord 'obligée' de regarder des publicités. Ce nouveau modèle publicitaire est d'abord appliqué par Telenet pour les clients qui ont une nouvelle TV-box. Plus tard, en 2022, les autres clients de Telenet TV suivront et la mise à jour se fera automatiquement via le décodeur. Le client lui-même ne doit rien faire. D'autres opérateurs comme Orange, Proximus, Scarlet et VOO vont sans doute suivre et appliqueront également ce nouveau modèle publicitaire. Toutefois, ils n'ont pas encore communiqué leur calendrier", avance l'association.
Quid des autres opérateurs ?
Chez Proximus, notons qu’il existe déjà un modèle du genre pour le replay (programmes disponibles plusieurs jours, sans les avoir enregistrés) mais désactivable via une option payante.
Chez Orange, pas de replay, donc la question ne se pose pas pour cette partie. Pour les contenus enregistrés, les limites techniques se posent car ils le sont directement sur les décodeurs des clients. Et la stratégie du groupe semble de toute façon ne pas aller dans ce sens. Mais l'opérateur reste prudent et se dit "compréhensif des enjeux", estimant que "beaucoup d'éléments sont à prendre en compte" pour les opérateurs en général.
Chez Voo, même son de cloche, l'initiative de Telenet laisse dubitatif, voire méfiant, même si elle est regardée avec intérêt. L'opérateur laisse donc Telenet affronter les tirs. Mais il avance également que "l'expérience utilisateurs reste la priorité" avant tout.
Pourquoi Telenet fait cavalier seul ?
Telenet, majoritairement actif en Flandre mais pas uniquement, a des intérêts différents des autres opérateurs, d’où l’impression qu’il fait cavalier seul. Il est effectivement propriétaire de plusieurs chaînes de télévision, via son actionnariat dans SBS, et a développé des partenariats directs avec d’autres, comme la VRT. Frederik Delaplace, CEO de cette dernière, a d’ailleurs soutenu clairement l’initiative de l’opérateur, en apposant son commentaire et sa signature au communiqué envoyé par l’opérateur. Telenet a donc plus à perdre que les autres opérateurs. Ou disons que ceux-ci ont moins à gagner.
Néanmoins, le "cord-cutting", soit l'abandon des abonnements TV, en particulier chez les jeunes, pourrait changer la donne. Même si Telenet mise également sur le streaming avec son offre Streamz, etc.
D’autres solutions ?
"Une alternative pourrait être que Telenet et les autres opérateurs baissent leurs prix pour les personnes qui ne peuvent pas zapper la pub ou gardent le même prix pour celles qui ne le veulent pas", explique Jean-Philippe Ducart, porte-parole de Test Achats, qui estime que le nombre de clients de la télévision pourrait diminuer. "Chez Telenet, par exemple, vous disposez déjà d'un abonnement Netflix 4K (15,99 € par mois) et d'un abonnement Streamz (11,95 € par mois) pour quasiment le même prix que votre abonnement de télévision numérique avec décodeur inclus (27,87 € par mois)", calcule l'association, dubitative.