BMW accélère sur l'hydrogène : "Aucun sens de proposer de tels véhicules deux ou trois fois plus chers”
BMW devrait commercialiser des véhicules à hydrogène dans les prochaines années. Le marché peine toutefois à décoller, que ce soit en Belgique ou dans le monde, de quoi rappeler les débuts de la voiture électrique.
Publié le 09-09-2021 à 08h01 - Mis à jour le 09-09-2021 à 13h01
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Quelque 9 097 voitures 100 % électriques ont été immatriculées en Belgique au cours des six premiers mois de l’année. Sur les sept premiers mois de 2021, 10 300 véhicules à hydrogène ont été immatriculés, cette fois au niveau mondial, selon l’organisation SNE Research.
A comparer avec les 5,4 millions de voitures vendues en Europe durant cette même période.
Malgré des progressions spectaculaires - les ventes ont plus que doublé par rapport à 2020 -, rouler à l’hydrogène est encore un mode de déplacement marginal, pour ne pas dire insignifiant, alors même que les véhicules électriques commencent seulement à trouver grâce aux yeux des candidats propriétaires.
Hyundai et Toyota dominent ce marché de niche dans lequel Honda fait de la figuration, avec d’ailleurs une montée en puissance du constructeur sud-coréen. Il vient de dévoiler le modèle Vision FK, une voiture sportive en l’occurrence. D’autres constructeurs y croient, ou veulent y croire. Le groupe Jaguar Land Rover a lancé une phase de test en juin dernier sur un véhicule de la marque Land Rover. Audi n’est, par contre, plus très chaud.
BMW, pour sa part, passe à la vitesse supérieure avec pour ambition de commercialiser ce type de voitures "probablement dans la seconde partie de la décennie", selon Juergen Guldner, chef du projet, lors d'une présentation en marge du sommet de la mobilité IAA à Munich.
Zéro émission
Pourquoi nourrir un tel projet ? Un véhicule à hydrogène est un véhicule vert, à zéro émission donc. Il correspond parfaitement à l’ambition du constructeur bavarois de s’attaquer à bras-le-corps aux émissions de CO₂.
C'est en soi un véhicule électrique, puisque l'hydrogène est transformé en énergie grâce à une pile à combustible, développée en collaboration avec Toyota. "Ce sera un complément à notre gamme électrique, un peu comme la deuxième jambe sur laquelle reposer notre programme de décarbonation".BMW va donc s'engager dans une phase test à grande échelle avec son modèle X5. "Il s'agira d'un test au quotidien", mené sur une longue période avec l'appui de nombreux véhicules. "Ces véhicules ne seront pas à l'achat pour les clients". Il faudra encore patienter quelques années.
"Les prototypes de la BMW i Hydrogen NEXT permettront de vérifier l'efficacité du châssis spécifique et des systèmes électroniques du véhicule dans des conditions réelles", explique de BMW. L'hydrogène a quelques solides atouts et s'inscrit comme un "complément idéal à la gamme électrique", poursuit encore Juergen Guldner.
Cette fois, pas besoin de s'inquiéter du temps de recharge sur une borne plus ou moins rapide ou à la maison. "Vous faites le plein en 3-4 minutes". Cela offre plus de flexibilité au conducteur qui ne veut pas ronger son frein à une station de recharge ou qui n'a pas accès à une telle infrastructure.
"L'hydrogène peut être stocké comme du gaz naturel", relève encore le chargé de projet chez BMW. Il peut être transporté par bateau ou par pipeline. Les structures actuelles pour le gaz naturel peuvent fort bien servir dans le futur à l'hydrogène.
Grande autonomie
Le modèle testé n'est pas chiche en autonomie : le chiffre de 500 kilomètres est évoqué. Et le véhicule ne va pas se traîner sur les routes : il peut atteindre les 180-190 kilomètres/heure, sur les autoroutes allemandes. "Le véhicule à hydrogène propose tous les avantages d'un modèle électrique". Les deux devraient aller de pair dans les années à venir avec une même structure, les réservoirs d'hydrogène prenant alors la place des batteries électriques. "Il y a encore beaucoup de travail pour y arriver".
La quantité d'hydrogène embarquée est en soi assez modeste : 6 kilos, au total, dans les réservoirs fixés sous l'habitacle. Pas d'inquiétude, bien évidemment, à avoir : "tout a résisté aux crashs tests".
Bien sûr, il reste à ce que l'hydrogène alimentant de tels véhicules soit vert, sous peine de perdre tout le bénéfice d'une telle technologie. Et puis, il y a bien entendu la question du prix et de l'infrastructure. "Cela n'aurait aucun sens de proposer de tels véhicules deux ou trois fois plus chers", concède Juergen Guldner.
Quelques dizaines de véhicules
Le marché belge des voitures roulant à l’hydrogène est pour le moins atone : quelques dizaines de véhicules sont immatriculés, à savoir des Hyundai et des Toyota. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour expliquer ce manque d’intérêt : le prix et un réseau inexistant n’ont pas vraiment de quoi soutenir les ventes. La 2e génération de la Mirai, proposée depuis bientôt un an en Belgique, se négocie encore autour des 68 000 euros, contre plus de 80 000 euros pour la première version. Ce niveau de prix est celui de la Nexo de Hyundai.
Qui peut se payer une telle voiture ? Colruyt est à la pointe dans ce domaine, ayant même eu l’honneur en quelque sorte d’acheter en 2014 la première voiture à hydrogène en Belgique, une Hyundai i35. Les deux sociétés continuent à collaborer, Colruyt étant même à la pointe du développement du réseau de pompes à hydrogène. L’enseigne possède 75 % du réseau, limité à… 4 stations depuis l’ouverture d’une station DATS 24 à Herve, en juin dernier. Il devrait y en avoir deux supplémentaires à l’horizon de 2022. Pour Herve, c’est sa localisation, proche de l’autoroute E42 avec des voies de passage vers et de l’Allemagne et les Pays-Bas, qui a justifié son installation.