"On ne peut pas être à moitié enceinte... Il faut avancer": Alfa Romeo se veut confiant en sa stratégie électrique, malgré la crise du secteur
Le constructeur veut également avancer rapidement dans l’électrification.
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Publié le 08-10-2021 à 17h54 - Mis à jour le 08-10-2021 à 18h50
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"On veut rendre les gens amoureux des voitures, plus que jamais". La phrase peut étonner, alors que le discours ambiant vise à réduire la présence de la voiture. Mais Jean-Philippe Imparato, qui dirige la marque Alfa Romeo au sein du groupe Stellantis (né en janvier après la fusion PSA et Fiat Chrysler), se veut confiant pour l'avenir de l'automobile et davantage encore pour la marque qu'il dirige.
Pour lui, si les modes de consommation évoluent, entre leasing et autres, ses bolides ne doivent pas être vus comme de simples moyens de transport. "Si c'est vu uniquement comme une commodité… Je serai heureux de sortir du secteur", lâche-t-il à moitié ironique, estimant que le business a encore une belle marge de progression, en particulier pour son segment.
Présent à Bruxelles alors qu'il fait une tournée européenne pour présenter son plan à tous les distributeurs de la marque, l'homme assure néanmoins ne pas vouloir vendre du métal pour vendre du métal mais miser sur la qualité. Les ventes mondiales en 2019 tournaient autour de 66 000 exemplaires et celles de 2020, malgré la crise, tourneraient aux alentours des 55 000 à 60 000, selon le dirigeant. "Nous sommes rentables", lance-t-il d'ailleurs, fermement.
L'une des dernières-nées, l’Alfa Romeo Giulia GTA (Gran Turismo Alleggerita), qui reste dans la puissance thermique, aura d'ailleurs réussi à trouver les “passionnés” que vise le dirigeant. Tous les exemplaires de cette édition limitée à 500 modèles ont été écoulés en quelques mois. Avec un tarif forcément élevé, qui tourne aux alentours de 180 000 euros.
Pourtant, la crise dans le secteur automobile est bien là. Stellantis a tout de même dû annoncer une fermeture temporaire de sa filiale Opel en Allemagne, en partie causée par les problèmes d’approvisionnement en semi-conducteurs. Les raisons sont connues : reprise économique et électrification en hausse, la demande explose et les fournisseurs peinent à alimenter les lignes d'assemblage.
Crise des semi-conducteurs : quel impact pour Alfa Romeo ?
"Je ne suis pas un mage. Mais en l'état actuel, on ne voit pas de franche amélioration sur l'exercice 2022", avoue Jean-Philippe Imparato. "Mais ça va se rétablir". Réindustrialisation en Europe ? Sécurisation de l'approvisionnement depuis l'étranger ? "Je n'ai pas franchement trempé dans la réflexion stratégique sur cette question mais je sais que l'hypothèse de sortie qu'on a aujourd'hui, c'est plutôt fin 2022", répond-il. "D'ici à cet horizon, je fais l'hypothèse que nous aurons résolu la question et que nous aurons repris le contrôle", ajoute-t-il.
Quant à l’électrification, pour lui, la question ne se pose même plus.
"On ne peut pas être à moitié enceinte. Il faut avancer"
"On s'électrifie à partir de Tonale (modèle SUV qui devrait être sur le marché en 2022). On a une première offre totalement électrique en 2024 et on devient "full electric" au niveau de la marque en 2027, dans les trois zones où on exerce le plus gros de notre activité", ajoute-t-il, à savoir l'Europe, qui représente 50 % des ventes, les États-Unis, 33 % des ventes, et l'Asie.
"On n'est pas loin d'avoir atteint le point de non-retour. On pense que le monde va basculer très vite. À l'image de l'Europe, qui a décidé de le faire très rapidement. Les États-Unis emboîtent le pas, avec leur façon de faire à eux. Le reste du monde peut être séduit par cela. Et avec 83 % des ventes faites dans ces deux zones, ça a du sens", renchérit-il, précisant que ça peut passer par de l'hybride, voire de l'hydrogène, qui alimenterait de toute façon un moteur électrique. Pour ce qui est de l'autonomisation, de l'intelligence artificielle et autres, pour lui, c'est dans une vision du "strict nécessaire", pour renforcer le confort et les sensations du pilote. Il laisse le soin à Stellantis de répondre à la demande en véhicules autonomes. "Mais c'est clair qu'il faut une convergence vers l'électrique, sans laquelle un constructeur, quel qu'il soit, sera mort dans les cinq ans qui viennent", lâche-t-il, sans détours.
"À un moment donné, on ne peut pas être à moitié enceinte. Il faut avancer. On peut attendre mais le monde nous attend sur une diminution drastique du CO₂ ça veut dire que tout le monde doit passer à l'électrique. Donc on sera dans le match, et pas à côté du match". Point, à la ligne. Un changement radical pour une marque qui misait sur l'émotion mécanique, le luxe "démocratique", le pilotage.
"Nous avons 200 clubs Alfa Romeo, dont 50 aux États-Unis […] ; la marque profite d'une notoriété exceptionnelle, au-delà des produits", se félicite encore le dirigeant, qui annonce le lancement d'un modèle ou d'un "événement produit significatif" chaque année jusqu'en 2026, ce qui aurait déjà été validé et budgété par Stellantis. Pour le plan d'ici 2030 ? "On est en train de l'écrire". La crise est visiblement déjà derrière lui.