Une voiture par minute : l’usine Volvo de Gand produit beaucoup, et toujours plus électrique
La production de la nouvelle C40 accentue encore le tournant électrique de l’usine belge du constructeur suédois.
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Publié le 20-10-2021 à 11h31 - Mis à jour le 20-10-2021 à 11h32
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Une XC 40 avec volant à droite termine en ce milieu de matinée son long parcours de 16 kilomètres entamé une quarantaine d’heures plus tôt au début de la chaîne de production. Elle est directement conduite au poste de contrôle situé quelques mètres plus loin, pour un dernier examen avant de pouvoir sortir de l’usine. Si elle a été sélectionnée de façon aléatoire par l’ordinateur, elle subira un check-up plus approfondi encore. À peine a-t-elle quitté la chaîne qu’un autre véhicule pointe le bout de son nez. Avec le volant à gauche. Blanche et pas grise, cette fois. À son tour, cette Volvo flambant neuve prend la direction du sas de contrôle. Une minute à peine s’est écoulée entre les deux mouvements.
Quelque 1 000 voitures sortent chaque jour de l’usine Volvo de Gand, soit un total d’un peu moins de 195 000 unités en 2020. À destination essentiellement de l’étranger, de l’ordre de 94 % du total de la production, essentiellement vers l’Europe. Un bateau part même chaque jour vers Göteborg, en Suède, avec les voitures pour le marché nordique.
Les chiffres au vert
Le chiffre de production du shift - trois équipes se relaient du lundi au vendredi - est affiché sur des écrans que l’on retrouve partout dans l’usine. L’équipe du matin a plutôt bien travaillé pour l’instant : la production est de 182 unités sur un total de 333, soit une de plus que le rythme théorique. Les chiffres affichés sont donc de couleur verte.
L'usine est une véritable ruche, parfaitement organisée, avec un ballet incessant de monte-charges ou de trucks tirant des chariots pour le réapprovisionnement. "Attention, nous allons traverser l'autoroute", avertit même Godfried Stockman, notre guide, à l'abord de l'allée centrale. Quelques personnes se déplacent aussi à vélo pour aller d'un point à l'autre.
La production n’est pas en soi structurée, comme 100 XC40 hybrides de couleur blanche sont suivies de 50 XC40 diesel pour le marché britannique. Il y a en fait un stock de 750 voitures de modèles et de couleurs différents. C’est dans ce stock que les voitures sont puisées, au gré des besoins des commandes.
Les portières des voitures sont alors retirées pour faciliter l’accès à l’intérieur de l’habitacle. Elles seront à nouveau assemblées en fin de cycle de production. La chaîne est donc multicolore. Une voiture rouge a par exemple de fortes chances d’être destinée au marché américain...

Une première
Les moteurs diesel et essence sont encore nombreux à se retrouver sur la chaîne de production. La couleur verte de la plateforme indique que c’est un modèle hybride qui est alors produit. Si c’est rouge, c’est une voiture électrique. Voilà en effet un an que l’usine Volvo de Gand assemble aussi des voitures électriques. Début octobre 2020, la XC40 Recharge faisait ces premiers pas, élargissant l’offre du modèle à une solution 100 % électrique.
À peine douze mois plus tard, la C40 était cette fois lancée. La grande différence, c’est que la C40 se décline uniquement en version électrique, conformément à la stratégie du constructeur suédois de se focaliser sur les véhicules à zéro émission.
Volvo compte en effet devenir un constructeur 100 % électrique entre aujourd'hui et 2030. D’ici-là, la volonté est de sortir chaque année un nouveau modèle 100 % électrique. Le prochain est attendu fin 2022.
La C40 vient donc d’effectuer ses premiers tours de roue dans l’usine de Gand. Pour la fin décembre, son volume de production devrait être de 6 %. La XC40, toutes motorisations confondues, reste la star absolue avec 82 % du volume total, le solde de 12 % étant à mettre à l’actif du modèle V60.
Ambitions élevées
Gand voit grand, en tout cas. "Nous tablons sur une production de modèles électriques supérieure à 50 % du total en 2022", souligne Barbara Blomme, porte-parole de l'usine. La capacité de l'usine sera même portée à 135 000 voitures électriques par an en 2022, de quoi faire face à une demande accrue. "Nos ventes de voitures électriques doivent représenter plus de la moitié du total d'ici à 2025, avec une proportion plus élevée en Europe", rappelle à ce sujet René Aerts, porte-parole de Volvo Cars.
Le site a du coup été réaménagé. Un ancien parking a fait place à un bâtiment pour la production de batteries pour les véhicules électriques. Dans l’usine, un espace accueille les moteurs électriques. On y voit des câbles "made in China", "made in Romania" ou encore "made in Morocco". L’endroit est bercé au son de "Seeds of Love" de Tears for Fears. Des fournisseurs locaux interviennent aussi pour la partie non mécanique, avec des préavis de livraison pouvant être de 4 heures tout au plus.
Au fil de la visite, les véhicules commencent à ressembler à une voiture dans la zone "mariage", quand la carrosserie et le châssis sont assemblés. "Après le mariage, il y a le divorce, quand la plateforme retourne au début de la chaîne de production alors que le véhicule poursuit sa route", explique notre guide.
Fin de la visite. La production a viré au rouge : 209 véhicules produits, soit 6 unités en deçà de l'objectif intermédiaire. "Cela arrive", remarque Godfried Stockman avec flegme...
Un millier de robots, 6 500 travailleurs et 500 recrues attendues
Un robot se croise les bras, prêt toutefois à prendre la relève si son camarade devait avoir une défaillance technique : c’est qu’il soulève avec un rythme effréné des tableaux de bord à n’en plus finir. Et comptez quand même un bon 90 kilos à chaque opération de placement dans l’habitacle de la voiture. Et pas le moindre moment de relâchement. La tâche était auparavant effectuée manuellement ; de quoi nuire à l’emploi, alors que l’usine Volvo de Gand possède un parc de robots de quelque 1 000 unités affectés à de multiples fonctions ? Les chiffres sont assez déroutants.
L’usine occupait environ 4 500 travailleurs lorsqu’elle produisait 260 000 voitures (le record, en 2011). Aujourd’hui, quelque 200 000 voitures sont fabriquées par 6 500 travailleurs, et l’usine manque même de bras pour faire face à ses nouveaux défis de production. Comment l’expliquer ? En fait, de nombreuses tâches auparavant effectuées en externe ont été rapatriées en interne. De quoi aussi permettre de faire glisser du personnel des chaînes de production vers des tâches moins ardues. Avec une voiture sortant toutes les minutes, le travailleur sur la chaîne de production n’a pas une minute à lui, c’est le cas de le dire : il a en fait exactement 58 secondes pour effectuer son boulot, comme serrer des boulons. À la fin, ça use.
Il y a toutefois encore de la place pour quelque 500 travailleurs. Ce sont surtout des opérateurs et des techniciens qui sont désormais recherchés pour agrandir l'équipe. Ce n'est pas facile, et ce n'est pas propre à Volvo."Auparavant, les employeurs avaient le choix pour recruter du personnel sur la base de multiples candidatures. Aujourd'hui, ce sont les travailleurs qui peuvent sélectionner l'entreprise où ils veulent aller", explique Barbara Blomme, porte-parole de Volvo Cars Gent.