Du lobbyisme pour faire de la Belgique la "Biotech Valley" du futur? "On est déjà attractifs... Mais se reposer sur ses lauriers serait dangereux"
Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) et les acteurs du secteur pharma veulent asseoir davantage la compétitivité belge au niveau européen et mondial et en faire le coeur de la "Biotech Valley" du futur.
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Publié le 26-10-2021 à 16h35 - Mis à jour le 02-11-2021 à 12h22
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Du lobbyisme positif pour un secteur qui se porte bien ? "Exactement. Créer un événement comme celui-ci, avec tous les acteurs importants, est un élément clé pour démarrer les initiatives", répond sans détour Patrick Florent, sous sa casquette de président de HST (Health, Science and Technology Group, qui regroupe les quatre géants du secteur pharma et chimie présents en Belgique, à savoir GSK, Pfizer, Janssen et UCB), en marge de l'événement "La Belgique, Health and Biotech Valley du futur", organisé mardi.
L'homme, qui est également managing director of GSK vaccines en Belgique, se réjouit du succès de l'événement où une charte a été signée par le gouvernement belge, représenté par le Premier ministre et plusieurs de ses ministres, l'industrie pharma et le monde universitaire. Le tout en présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui en a profité pour rappeler l'importance de la Belgique dans la stratégie vaccinale européenne et mondiale. "Le meeting d'aujourd'hui, en 'présentiel', n'aurait pas été possible sans la campagne de vaccination et sans la Belgique, qui est à l'origine d'une grosse part de nos exportations de vaccins dans le monde", a-t-elle commenté, en insistant sur l'importance du secteur biotech mais également sur le besoin de solidarité mondiale dans le domaine.
Concilier compétitivité (fiscale) et solidarité ?
Si la Belgique a effectivement exporté dans l’ensemble environ 56 milliards d’euros de produits pharmaceutiques en 2020 et que le secteur des sciences de la vie représente près de 35 000 emplois directs et 127 000 emplois en tout (directs, indirects et induits), pourquoi insister à nouveau sur ce besoin de compétitivité ?
"On est déjà attractifs. On a des incitants financiers qui font qu'il y a des investissements qui se réalisent, c'est vrai. Mais ce qu'on voit, c'est que la France, l'Allemagne, les Pays-Bas… ont également des plans de relance et viennent avec des choses qui pourraient être compétitives. Donc se reposer sur ses lauriers serait dangereux. C'est un grand risque. Il faut donc continuer de faire évoluer cet écosystème belge", reconnaît Patrick Florent. Quitte à tacler les pays voisins ? Non… "La première chose que nous devons faire, c'est de maintenir notre compétitivité. Et dans un deuxième temps, voir comment on peut collaborer à l'international. Ça fait partie des pistes de réflexion que nous allons avoir dans les semaines qui viennent. Travailler seul sera difficile, il faut collaborer… mais il faut garder notre avantage compétitif. Soyons un peu fiers dans cette histoire", lâche-t-il tout de même. Rester main dans la main… mais en tête de la course, tout de même.
Au-delà de l’aspect fiscal…
Le Conseil central de l'économie déclarait récemment que si l'attractivité était primordiale, certaines aides accordées aux entreprises du secteur n'étaient pas forcément optimales, malgré un poids budgétaire important. Si certaines entreprises pharmaceutiques ont profité de l'événement pour rappeler leur "besoin de conditions fiscales attractives", du côté des autorités, on déclare surtout faire en sorte que la Belgique soit juste "the better place to be", et pas uniquement du côté fiscal.
"Le défi est de trouver le point d'équilibre entre financements publics et investissements privés. Il faut que notre pays reste attractif dans les dix, vingt prochaines années et même plus loin. Et cela passe par les certitudes légales qu'ont les entreprises dans notre pays, sans changements du jour au lendemain", précise Vincent van Peteghem (CD&V), ministre des Finances.
"Le Covid a permis un 'effet Kiss Cool' et de rappeler l'importance du secteur. Mais d'autres pays le constatent également. Il faut prendre conscience de nos avantages et permettre la mise à disposition de talents", commente également le secrétaire d'État à la relance Thomas Dermine (PS), qui rappelle les différents projets de formations qui se développent d'ores et déjà en Belgique.
"On n'occupe pas cette position de leader par hasard. C'est un mélange de choses, dont des décisions publiques et des ambitions personnelles […]. Nous avons tellement plus à offrir que des diamants et de la bière. Nous sommes un pays d'innovation", a d'ailleurs glissé Alexander De Croo, en rappelant à la présidente de la Commission que la Belgique a produit 70 % du milliard de vaccins exportés par l'Union européenne dans le monde. Message reçu ?