"Le problème du cadre pour travail de nuit n’est toujours pas réglé"
BeCommerce se montre très mitigé au sujet de l'accord "emploi" de la Vivaldi.
Publié le 15-02-2022 à 17h30 - Mis à jour le 15-02-2022 à 19h10
Pour Sofie Geeroms, directrice générale de l'association de commerçants en ligne belge BeCommerce, le gouvernement a progressé sur le travail de nuit, mais a une fois encore manqué sa cible. "Oui, il y a des avancées, comme l'assurance des travailleurs indépendants qui collaborent avec les plateformes de commerce en ligne. Une meilleure protection, c'est mieux. Le fait même de pouvoir travailler avec des indépendants, c'est une limitation de moins, clairement", nous explique-t-elle. "Ce qui me fait douter en revanche, ce sont ces huit paramètres utilisés pour qualifier la relation de travail entre l'entreprise et le travailleur. Aux cinq paramètres définis par la Commission européenne, l'accord prévoit d'en ajouter trois autres. Pourquoi aller plus loin que ce que veut l'Europe et qui s'applique ailleurs ?"
L'accord tente néanmoins de mieux prévenir les abus des entreprises… "C'est vrai que l'on sent le souhait de bien faire, mais on ressent aussi une forme de suspicion d'utilisation de travailleurs indépendants qui devraient être reconnus comme employés, et ça ne me plaît pas du tout. Le politique méconnaît en fait une situation évidente et imagine que l'idéal pour les travailleurs c'est de bénéficier de ce statut d'employé", reprend Sofie Geeroms. "Il y a des tas de gens qui veulent être indépendants, ne pas avoir de chefs, ne pas avoir d'horaires fixes. L'approche n'est pas bonne".
La procession d’Echternach
Pour Sofie Geeroms, on n'a là, de plus, "qu'un accord sur le travail de soirée, jusqu'à minuit. Le problème du cadre pour travail de nuit n'est toujours pas réglé. Et pour les employés, on en revient aux principes de la loi de 2019 qui a déjà été testée et qui n'a pas marché. Trois entreprises seulement l'ont adoptée en Belgique. C'est la procession d'Echternach : on avance de trois pas et on recule de deux. Et on va à nouveau faire un test sur 18 mois. En fait, notre législation n'est pas concurrentielle. Au niveau des revenus non plus, on n'a pas fixé de plafond comme un tarif de 30 % supplémentaire pour le travail de soir. Ça manque !"
Sofie Geeroms assure encore que le gouvernement ne voit pas la réalité du commerce en ligne qui ne connaît plus le géoblocage au niveau européen. Pas de frontières, pas de limitations d'horaires… Elle rappelle que des tas de profession travaillent de nuit, taxis, dancings, restaurants, police, hôpitaux… Et qu'au final, "la Belgique manque d'ambition au niveau du commerce en ligne".