La "fashion tech" bruxelloise Resortecs décroche 2,5 millions d'euros de l'UE grâce à son projet de "démontage" de vêtements
Resortecs a été sélectionné parmi plus de 1 000 candidats grâce à la pertinence de sa technologie de désassemblage industriel des vêtements en vue du recyclage des tissus.
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Publié le 07-07-2022 à 16h06 - Mis à jour le 08-07-2022 à 13h21
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La start-up Resortecs (REcycling, SORting, TEChnologieS) cherche depuis 2017 à faciliter le désassemblage, le recyclage et la réparation des textiles à l’échelle industrielle. La jeune pousse, qui compte aujourd’hui 13 collaborateurs, a en effet imaginé un procédé de "démontage" automatisé des vêtements.
Ce début d'été, l'entreprise vient de recevoir une subvention de pas moins de 2,5 millions d'euros de la part de l'accélérateur du Conseil Européen de l'Innovation (EIC) pour appuyer le développement et la commercialisation de sa technologie. "Nous avons obtenu le montant de subvention maximal, et des discussions sont en cours pour un financement annexe jusqu'à 5 millions d'euros, dont environ un million proviendrait de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de reste de fonds privés", détaille Cédric Vanhoeck, co-fondateur et CEO de Resortecs.
La "fashion tech" bruxelloise a été sélectionnée avec 73 autres jeunes pousses (dont deux autres belges seulement) parmi plus de 1 000 candidats grâce à la pertinence de sa technologie qui repose sur deux innovations brevetées : le Smart Stitch et le Smart Disassembly.
Moins de 1 % des vêtements sont recyclés
Aujourd'hui, moins de 1 % de tous les vêtements produits dans le monde sont recyclés en raison de la complexité de séparation des différents matériaux textiles et des coûts élevés que cela représente. Resortecs est la première entreprise à faciliter ce processus à l'échelle industrielle : "Nous avons conçu un fil de couture, le Smart Stitch, thermo-soluble, c'est-à-dire capable de fondre à des températures comprises entre 150 et 190 °C, explique Cédric Vanhoeck. Ce fil va de pair avec le Smart Disassembly, un grand four industriel qui a la spécificité de chauffer sans présence d'oxygène."

Ainsi, un vêtement fabriqué avec le fil Resortecs et en fin de vie peut être introduit dans le four spécial : le fil fond à des températures plus basses que des fils de couture classiques, ce qui permet de préserver les tissus de températures trop extrêmes. Une fois fondu, le fil libère les boutons, étiquettes et autres poches et glissières qu'il attachait. Le vêtement est ainsi désassemblé, et la qualité du tissu récupéré préservée par des températures inférieures à 200 °C, le tout sans risque d'inflammation puisque le four est dépourvu d'oxygène.
"Le démontage manuel utilisé pour recycler les quelques vêtements qui le sont aujourd'hui nécessite beaucoup de temps et de moyens car c'est fait à la main, et de transports puisque les habits sont parfois démontés ici, puis recyclés là-bas..., pointe Davidson Leite. Avec notre solution, il est possible de désassembler automatiquement jusqu'à une tonne de vêtements par jour avec un seul four. Ainsi, sans avoir besoin d'envoyer les habits à des milliers de kilomètres, on peut désassembler en Europe en 10 jours ce qui pouvait sinon l'être en un an."
30 grands noms de la mode déjà séduits
Resortecs a déjà fabriqué environ quatre tonnes de fil thermo-soluble depuis ses débuts, et en a vendu à la marque de jeans sur-mesure américaine Unspun, H&M, Inditex ou encore à Decathlon pour sa prochaine veste de ski. Avec la subvention tout juste obtenue, Resortecs ambitionne de booster la production à cinq tonnes de fil... par mois ! Et de gérer et/ou louer une quinzaine de fours d'ici cinq ans en Europe et en Asie. "En produisant 50 tonnes de fil par an, seuls trois gros clients suffiraient à atteindre notre capacité de production maximale et à déjà voir plus grand, s'enthousiasme le CEO de Resortecs. Nous sommes actuellement en discussions avec une trentaine de marques dont de grandes enseignes du sport, les grands groupes de luxe, des marques premium spécialisées dans les polos et des enseignes de la fast fashion."

Aujourd'hui, la start-up est capable de désassembler jusqu'à une tonne de vêtements par jour et son objectif est d'atteindre les 10 à 12 tonnes, comme les autres recycleurs industriels du circuit.
L'année dernière, Resortecs a déjà levé 1,8 million d'euros pour financer sa R&D et est notamment soutenue par La Maison des Startups LVMH (France), l'Awesome Lab de Desigual (Espagne) ou encore l'accélérateur RESPOND de la fondation BMW (Allemagne). La jeune pousse, qui veut rapidement doubler son effectif, devrait réaliser un chiffre d'affaires de 140 000 euros en 2022 et vise le million d'ici deux ans - ou plus tôt, "cela dépendra des discussions en cours avec les grandes marques".