Mauvaise année en vue pour la récolte de pommes de terre en Belgique : quelle influence sur le prix?
Le rendement espéré en Wallonie sera entre 35 et 40 tonnes brut par hectare. Une bonne année, c’est 50 tonnes.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/9ebfc707-2a00-47c9-bd7b-34a252d84686.png)
- Publié le 19-08-2022 à 11h17
- Mis à jour le 19-08-2022 à 11h24
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VEGMUQVUMBHF3KMQ2MKMUOCMRU.jpg)
Les jeux ne sont pas encore totalement faits car les récentes pluies, du moins là où elles sont tombées, pourraient bien redonner un coup de fouet à la production de pommes de terre.
Il n’en reste pas moins que l’horizon est loin d’être radieux pour la récolte 2022, prévue à partir de la mi-septembre : le rendement espéré en Région wallonne est en effet entre 35 et 40 tonnes brut par hectare, à comparer avec un rendement brut moyen de 44,5 tonnes par hectare sur les cinq dernières années.
Croiser les doigts
Comme pour d'autres productions, l'été s'annonçait prometteur. "Fin juin, les pommes de terre étaient 15 jours en avance. Les principales variétés, comme la fontane et la challenger, ont depuis lors perdu cette avance et sont repassées en dessous du rendement moyen,", relève Pierre Lebrun, directeur de l'association Fiwap (Filière wallonne de la pomme de terre). Un bon rendement, c'est de l'ordre de 45 tonnes par hectare. Une très bonne année, c'est plus de 50 tonnes.
Là où il a bien plu, de l'ordre de plus de 20 litres d'eau par mètre carré, les choses se présentent un peu sous un meilleur jour. "Les cultures vont reprendre et progresser pendant quelques jours", explique Pierre Lebrun. La suite sera aussi toute aussi importante : du soleil, mais pas de trop fortes chaleurs, et encore de la pluie. "Dans le meilleur des cas, on pourra récolter quelques tonnes de plus dans ces régions et avoir un rendement brut supérieur à 40 tonnes par hectare".
Là où il n'est tombé que quelques litres d'eau, "la situation n'a pas changé". Il faudra continuer à scruter le ciel et croiser les doigts.
C'est un peu le scénario de la sécheresse de 2018. "Les variétés fontane et challenger avaient pu redémarrer avec le retour de la pluie". Le rendement net, toutes variétés confondues, avait alors été de 37 tonnes par hectare, contre 51 tonnes l'année précédente : entre 5 et 10 % de la récolte sont écartés en raison des défauts et des coups dans les pommes de terre.
Pour cette année 2022, c'est "une situation inédite" car les plants de pommes de terre n'ont jamais connu une période de sécheresse aussi longue. À voir.
Pour des variétés très tardives, c'est un peu différent. "Elles ont fait le gros dos en attendant le retour de la pluie. Une variété comme la markies va a priori se remettre à croître".
Pour les hâtives destinées à l'industrie, c'est l'heure de la récolte. Elles ont pu profiter de bons mois de mai et de juin. "Comme elles sont plus précoces, elles sont arrivées plus vite à un rendement correct". Il est de l'ordre de 35 tonnes par hectare. "Ce n'est pas mauvais". Un bon rendement, c'est 40 tonnes. "On n'en est pas si loin".
Le tout est de pouvoir les récolter. Sans pluie et avec un sol sec, "ce n'est pas possible d'arracher", remarque le directeur de la Fiwap. Certains doivent patienter. C'est aussi ce qui peut arriver aux tardives, dont la récolte est prévue à partir de la mi-septembre jusqu'à la fin octobre. "Il est possible que les agriculteurs laissent les cultures le plus longtemps possible afin de faire quelques dizaines ou quelques centaines de kilos en plus par hectare". Là encore, il faudra que le sol soit suffisamment humide pour permettre l'arrachage. "Une année, il a fallu attendre jusqu'au 15 octobre pour commencer l'opération". Le gel et les grosses pluies de novembre peuvent alors compliquer les choses.
Le bon côté des choses avec l'absence de pluie au cours des dernières semaines, c'est que le mildiou s'est fait tout discret. "C'est vrai que cela a été très calme, mais la saison n'est pas finie ", tempère Pierre Lebrun. "L'année dernière, la menace du mildiou était permanente". Il avait fallu pulvériser, tant et plus. "L'agriculteur n'avait pas le choix. Ce n'est pas par plaisir qu'il pulvérise, car cela lui coûte de l'argent. Si cette année il a pu faire l'impasse sur ces produits, ce n'est pas plus mal".
Quelle influence sur le prix ?
Reste la question du prix. "C'est vrai que nous allons vers une faible récolte". Mais ce n'est pas le seul élément qui joue : le prix de l'énergie est par exemple à prendre en compte dans le coût de revient. De nombreux agriculteurs sont par ailleurs sous contrat avec l'industrie – l'essentiel de la production est destiné à la transformation en frites et croquettes surgelées – prévoyant des prix prédéterminés.
Une industrie qui doit aussi adapter son prix de vente à ses coûts de production, notamment énergétique. Le prix des frites surgelées n’a d’ailleurs pas attendu les prévisions de récolte 2022 pour augmenter.