Doser le sentiment d’urgence lorsqu'on lance son entreprise

Une chronique de Roald Sieberath, multi-entrepreneur, coach de start-up et responsable de l'Accélérateur Transition pour LeanSquare, professeur invité à l'UCLouvain et à l'UNamur.

Roald Sieberath
Fonder entreprise start-up
©Shutterstock

Libre Eco week-end |

Une des qualités principales que je trouve chez un fondateur de start-up, c'est ce que les Américains appellent un sense of urgency, un sentiment d'urgence. Et son corollaire indispensable : la capacité à le faire percoler au sein de l'entreprise, sans pour autant soumettre les employés à une pression indue. Il y a là un équilibre délicat à trouver.

Pourtant, c’est cela qui contribue au succès des entreprises en croissance : quand chacun partage la vision et une forme d’envie d’en découdre. Ce sont les entreprises qui ne s’accommodent pas du statu quo, qui veulent repousser les "parois de la boîte".

Quand la culture d'une start-up incorpore sainement ce sentiment d'urgence, dans le bon dosage, cela peut donner des entreprises où ce qui est partagé, c'est une véritable aventure (que l'on retrouve dans l'appellation anglo-saxonne venture capital).

Si l’on force le dosage, si ce sentiment est surtout une impatience du CEO, cela peut rapidement se fissurer, donner une impression de panique et aboutir à l’effet inverse sur la culture d’entreprise, fissurer la bonne volonté des employés.

Ceci devient d’autant plus crucial que, graduellement, l’urgence est en train de changer : ce n’est plus tant de conquérir de nouveaux marchés ou de satisfaire les actionnaires qui sont des motifs d’urgence. Dans un cas, c’est une urgence quasiment vitale : sauver la boîte face à la crise, aux conditions de marché, au prix de l’énergie,… qui se détériorent et mettent en danger la rentabilité, donc à terme l’existence même de l’entreprise.

Un autre type d’urgence, c’est l’urgence de faire changer nos modèles économiques, de sauver la planète.

Dans ces circonstances difficiles, des confusions peuvent apparaître : favoriser l’urgence de la survie de l’entreprise, au détriment du changement de modèle.

L’entrepreneur qui incarnera le mieux l’esprit de transition est celui qui parviendra à concilier les objectifs : faire pivoter son entreprise vers la nouvelle donne, sauvant à la fois l’entreprise et la planète.

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