La batterie électrique du futur sera-t-elle "made in Belgium" ?
Libre Eco week-end | Start-up à impact. Solithor développe une batterie solide qui pourrait révolutionner d’ici quelques années le monde du transport.
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Publié le 27-01-2023 à 08h01
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Le cœur de la future grande révolution électrique dans le secteur des transports bat-il en Belgique, et plus précisément à Saint-Trond ?
L'avenir le dira mais une jeune entreprise y croit, en tout cas, dur comme fer. Solithor, puisque c'est son nom, travaille sur une technologie jugée très prometteuse : les batteries à électrolyte solide. Nous avons déjà évoqué dans ces colonnes les projets de cette spin-off de l'Imec, le centre flamand de recherches et d'innovations dans les domaines des nanotechnologies, des technologies numériques et de l'énergie. "L'idée de développer la technologie d'une batterie à électrolyte solide a été lancée par l'Imec, il y a une dizaine d'années", racontent Huw Hampson-Jones et Fanny Bardé, les deux cofondateurs de Solithor. Et d'ajouter : "Nous sommes entrés en discussion avec l'Imec et une poignée d'investisseurs durant l'été 2021. Si l'Imec est un centre de recherches, la raison d'être de Solithor est, à terme, de pouvoir commercialiser cette technologie sur le marché. Notre objectif est de pouvoir atteindre une production de masse d'ici à la fin de la décennie". Ce qui nécessitera - mais nous n'en sommes pas encore là - la création d'une "megafactory" dans notre pays.
10 millions d'euros
Solithor n'a en tout cas pas perdu de temps. La société, qui a été juridiquement fondée début 2022, a rapidement levé des fonds à hauteur de 10 millions d'euros auprès de différents fonds belges (notamment auprès de la SFPI, le bras financier de l'État belge). Et à la fin de l'année dernière, Solithor a signé un contrat important avec le spécialiste des systèmes de transmission Punch Powertrain, lui donnant accès à 3 000 m² de son usine de Saint-Trond, pas loin de Hasselt.
"Nous y avons mis en place probablement l'une des plus importantes pièces sèches (dry room) d'Europe pour les tests et la pré-production de ces batteries à électrolyte solide. Nous avons une équipe de 25 profils hautement qualifiés venant des États-Unis, du Japon, de Russie, d'Inde et évidemment de Belgique. Nous espérons engager un responsable de production encore cette année", ajoutent nos deux interlocuteurs. Pour financer cette montée en puissance, de nouveaux moyens financiers seront évidemment nécessaires. "C'est vrai, nous aurons besoin de lever de nouveaux capitaux, probablement d'ici 12 à 18 mois", ajoutent Huw Hampson-Jones et Fanny Bardé.
Autonomie stratégique et industrielle
Si Solithor croit en sa bonne étoile, c'est que les batteries solides au lithium présentent de nombreux avantages par rapport à la version classique, à électrolyte liquide. D'abord, une plus grande sécurité en limitant très fortement les risques d'incendie ou de surchauffe de la batterie. Une plus grande "densité énergétique" (longévité de la batterie, rendement,…) est également au rendez-vous, de même qu'un temps de recharge plus court.
"D'après certaines études, le potentiel de ce marché de la batterie solide est évalué à plusieurs milliards de dollars sur une base annuelle. Nous voulons être avant tout pragmatiques, en nous focalisant prioritairement sur des marchés à très haute valeur, où les marges sont élevées et où nous pourrons concurrencer, avec notre taille, des entreprises comme Samsung. Nous visons les secteurs de l'aviation, de l'aérospatial, de la défense mais aussi le secteur maritime ou les véhicules électriques lourds. Car ce sont des secteurs où les enjeux de sécurité l'emportent sur tout le reste, et notamment sur les considérations de prix. Nous avons déjà des contacts avec certains fabricants d'avions. Les innovations dans ces secteurs pourront ensuite percoler vers le secteur automobile", ajoutent les deux cofondateurs.
La spin-off de l'Imec a une belle carte à jouer. Le verdissement des modes de transport via une électrification à marche forcée va créer, dans la décennie à venir, des besoins énormes du côté des industriels des secteurs concernés. Et une solution made in Belgium à cette prochaine grande révolution électrique dans le domaine des batteries serait évidemment, pour l'Europe, un moyen de retrouver une autonomie industrielle et stratégique dans un domaine où la dépendance vis-à-vis des États-Unis et de l'Asie reste forte.