BEA et la FN Herstal relocalisent leurs activités en Belgique : un choix stratégique
Libre Eco week-end | Le dossier. Une stratégie qui a notamment permis de réduire les perturbations liées aux pénuries sur les chaînes d’approvisionnement.
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Publié le 28-01-2023 à 10h00
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Si délocaliser hors de la Belgique est monnaie courante, le trajet inverse l’est nettement moins. Malgré tout, on trouve en terres liégeoises deux exemples concrets d’une réaffectation de l’activité sur le sol belge.
La première, c’est BEA, qui conçoit des détecteurs pour l’ouverture automatique de portes. “Il y a trois composantes au produit : mécanique, software et électronique. Pour cette dernière, nous sous-traitions l’assemblage des cartes électroniques en Chine. Mais juste avant le Covid, nous avons rapatrié l’assemblage chez nous”, confirme Thierry Adam, responsable communication et marketing de l’entreprise.
En installant cette ligne automatisée en Belgique, nous intégrons le savoir-faire qui va avec. Quand vous maîtrisez toute la chaîne logistique, vous pouvez optimiser le produit.
Derrière cette décision, il y avait l’envie de remettre la main sur une partie des compétences. “En installant cette ligne automatisée en Belgique, nous intégrons le savoir-faire qui va avec. Quand vous maîtrisez toute la chaîne logistique, vous pouvez optimiser le produit. Nous dialoguons avec les techniciens de la ligne d’assemblage pour obtenir une amélioration continue du produit”, détaille-t-il. En enlevant le transport de l’équation, BEA parvient également à prototyper plus rapidement ses produits. “On supprime les nombreux appels, trajets et autres négociations avec le sous-traitant. En bref, on raccourcit fortement le chemin emprunté par le produit.”
Une stratégie qui a également permis de réduire les perturbations liées aux pénuries sur les chaînes d’approvisionnement à l’éclatement de la crise sanitaire, “même si nous devons toujours importer les semi-conducteurs” nécessaires à l’assemblage des cartes, glisse encore notre interlocuteur.
Dépendance aux semi-conducteurs
Des cartes électroniques, la FN Herstal en a également besoin en quantité. “Nous sommes les seuls à être actifs dans l’armement, dans la production de munitions, et à être des systémiers : nous produisons des stations installées dans des hélicoptères ou des blindés, par exemple”, explique Henry de Harenne, porte-parole de la FN Herstal. En 2022, la FN a inauguré une nouvelle ligne de production de ces cartes, fraîchement rapatriée en Belgique. “Ainsi, nous réduisons les risques stratégiques et de dépendance aux sous-traitants, un phénomène que le Covid a mis en évidence.”
Comme chez BEA, la ligne, qui emploie directement une dizaine de personnes, impose toujours l’importation de semi-conducteurs. “Mais nous avons également un département de R&D très développé. Le fait de disposer de cette ligne en Belgique nous a permis de trouver des alternatives en fonction des composants électroniques disponibles”, détaille le porte-parole. Si la décision d’installer la ligne en Belgique avait été prise avant le Covid, “la crise sanitaire a démontré le bien-fondé de la démarche.”
L’importance de la compétitivité
Ce retour d’une partie de la production industrielle s’accompagne d’un climat économique rude. L’inflation et les prix de l’énergie en Europe ont crevé le plafond en 2022. En Belgique, le phénomène est renforcé par l’indexation automatique des salaires. De quoi refroidir les ardeurs pour l’avenir ? “La FN Herstal est active sur tous les continents ; nos clients et concurrents sont mondiaux : la compétitivité est donc un point crucial pour nous. Nous faisons entrer des matières brutes dans les usines, puis les produits finis quittent la Wallonie pour être exportés partout dans le monde. L’inflation et l’indexation automatique ont donc de lourdes répercussions sur notre compétitivité”, analyse-t-il. “Concernant la ligne déjà en route, c’était un très bon choix et nous ne le remettons pas en question”, insiste Henry de Harenne. “Après, il est clair que le contexte économique nous oblige à nous concentrer sur la maîtrise des coûts et donc à y réfléchir à deux fois avant de faire de nouveaux investissements.”