L’État français va prendre le contrôle d’Orpea. Des créanciers vont devoir s’asseoir sur des milliards d’euros prêtés
La Caisse des dépôts va prendre le contrôle du géant des maisons de retraite Orpea, controversé les révélations faites par le livre “les Fossoyeurs”, publié il y a un an, à propos du mauvais traitement des résidents. Le titre en bourse du groupe a depuis chuté de 90 %.
Publié le 31-01-2023 à 15h22 - Mis à jour le 01-02-2023 à 11h53
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Le bras financier de l’État sera l’actionnaire majoritaire du groupe d’Ehpad dont les pratiques de maltraitance et de malversations financières ont été dénoncées par l’ouvrage “les Fossoyeurs”. Les créanciers vont être contraints d’effacer une partie des 9,5 milliards de dettes de l’entreprise.
Après des claquements de porte la semaine dernière, une partie des prêteurs auxquels Orpea doit la bagatelle de 3,5 milliards d’euros ont trouvé un accord avec la Caisse des dépôts. L’institution financière contrôlée par l’État sera désormais l’actionnaire majoritaire du groupe qui compte 350 maisons de retraite en France. Selon les informations obtenues par Libération auprès de deux sources très proches des discussions, un accord a été trouvé et il devra être validé mercredi par le conseil d’administration de la Caisse des dépôts, ainsi que ceux des compagnies d’assurances qui se sont associées dans un pool d’investisseurs pour mener cette opération.
Une dette impayable
Le deal évalue la valeur de l’entreprise Orpea à 1,15 milliard d’euros. La caisse des dépôts en sera l’actionnaire majoritaire avec 50,2 % du capital. Une partie des créanciers accepte en contrepartie de tirer un trait sur 70 % de 3,5 milliards de dettes consenties au groupe privé de maison de retraite. Les prêteurs ne se verront donc rembourser que 30 % de ces prêts accordés à une époque où Orpea se développait à marche forcée hors des frontières et à grand renfort d’emprunts. Orpea est dans la tourmente depuis que le livre enquête les Fossoyeurs de Victor Castanet a mis au jour il y a un an un système de maltraitances et de malversations financières au sein de ses établissements, où régnait la seule loi du profit. Suite au scandale, sa situation financière s’est considérablement dégradée.
Le groupe trimballe comme un boulet une dette de 9,5 milliards d’euros, qu’il n’est plus en mesure de rembourser. Le cours de Bourse d’Orpea a chuté de 90 % en même temps que la confiance des actionnaires vis-à-vis de l’entreprise et ses dirigeants. Le groupe avait jusqu’au printemps pour trouver une solution, faute de quoi le dépôt de bilan menaçait. Bien qu’elle s’en défende, la Caisse des dépôts aurait été appelée à la rescousse par l’État, soucieux de remettre de l’ordre dans ce scandale sanitaire et financier.
Désormais aux commandes, le nouvel actionnaire public devrait être le garant d’un changement de cap notable. Parmi les nouvelles priorités d’Orpea, d’après un des participants à la rédaction de cet accord : un plan massif de recrutement afin de mieux encadrer les résidents et une recherche limitée des profits qui se traduira par l’absence de versement de dividendes aux actionnaires.