Ce qui empêche la BEI de prêter davantage aux PME belges
Le vice-président Kris Peeters pointe du doigt la taxe bancaire qui dissuade les banques belges à faciliter les financements.
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Publié le 02-02-2023 à 18h45
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C’est un chiffre colossal : le groupe BEI, qui rassemble la Banque européenne d’investissement (BEI) et le Fonds européen d’investissement (FEI), a signé l’an dernier des accords de financement pour un total de 72,5 milliards d’euros dont près de 63 milliards pour les pays de l’Union européenne. Les entreprises et les pouvoirs publics en Belgique sont dans le peloton de tête avec un montant de 2,6 milliards d’euros. Mais cela pourrait être plus, a fait comprendre ce jeudi l’ex-ministre CD&V Kris Peeters, un des vice-présidents de la BEI, lors d’un déjeuner avec la presse belge.
Il faut en effet savoir que la BEI passe par les banques pour les prêts accordés aux PME. Mais en Belgique, les prêts de la BEI sont comptabilisés pour la taxe bancaire. De quoi évidemment refroidir le secteur financier de participer car elles estiment que cela leur coûte trop cher. "J’ai essayé qu’on change le système, mais sans succès. J’ai compris que la question est trop délicate pour le gouvernement. C’est particulièrement injuste pour les PME qui sont ainsi privées d’un financement intéressant. C’était moins grave quand les taux d’intérêt étaient bas. Mais la situation est différente aujourd’hui." Et de donner l’exemple des Pays-Bas qui n’ont pas ce problème de taxe bancaire, où les PME ont pu bénéficier d’un milliard de financement de la BEI par l’intermédiaire de la Rabobank.
Pour les PME innovantes, il existe néanmoins un autre véhicule de financement (venture debt) par lequel il ne faut pas passer par les banques. La biotech belge ExeVir dirigée par Fiona du Monceau a ainsi bénéficié d’un prêt de 25 millions d’euros. Elle est en train de mettre au point une thérapie contre le Covid. "C’est un bon exemple où la BEI stimule l’innovation dans les PME", a expliqué Kris Peeters.
Montant "énorme" pour la Wallonie
Autre financement à relever, celui de 1,1 milliard d’euros pour la Région wallonne pour des projets notamment de construction de barrages ou de maisons après les terribles dégâts des inondations de juillet 2021. C’est un montant "énorme" pour lequel "il n’y a pas encore eu de versement", a expliqué Kris Peeters. Après la rencontre des différents interlocuteurs, notamment politiques, la BEI s’est montrée rassurée sur la capacité de remboursement. De quoi "maintenir la confiance" vis-à-vis de la Wallonie à un moment où la presse faisait écho des réticences de Belfius de rester le banquier de celle-ci. L’argent sera versé au fur et à mesure que les projets se concrétiseront.
Kris Peeters a aussi fait état de contacts qu’il a eus avec Infrabel et la SNCB et le ministre de la Mobilité pour le financement - on parle de 300 millions d’euros - qui doit permettre le renforcement de la ligne Bruxelles-Luxembourg. Georges Gilkinet (Ecolo) se serait montré ouvert à cette demande exprimée avec force par les autorités luxembourgeoises. Mais, visiblement, il y a d’autres priorités du côté des chemins de fer belges.