L’Alliance Renault-Nissan prend un nouveau virage
Les tensions ont été nombreuses par le passé. L’Alliance veut redémarrer en force.
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Publié le 06-02-2023 à 18h55
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Au sein du couple Renault-Nissan, l’un des partenaires avait plus son mot à dire que l’autre, de quoi entraîner pas mal de tiraillements au sein de l’Alliance.
Au point que certains ont parfois prêté l’intention au constructeur japonais de claquer la porte. L’État français, sous la houlette du ministre de l’Économie de l’époque, un certain Emmanuel Macron, avait passablement mécontenté Nissan en 2015 en augmentant sa participation dans le capital de la marque au losange. Paris avait du coup plus de poids au sein de Renault, tout en refusant à l’actionnaire Nissan d’avoir voix au chapitre.
Infidélité
Renault, pour sa part, a eu des tentations d’infidélité à l’été 2019, étant alors disposé à convoler en justes noces avec le groupe Fiat Chrysler (FCA). Ce dernier a toutefois reculé au dernier moment, car les relations avec la future belle-mère, l’État français, encore lui, posaient problème. FCA avait invoqué des “exigences” de Bercy, le siège du Ministère de l’Économie, et la situation politique en France lors de l’annonce de la rupture.
Depuis lors, les deux partenaires ont toutefois compris qu’ils devaient continuer à vivre sous le même toit, mais plus aux mêmes conditions afin d’éviter les tiraillements au sein d’une relation en raison “des interprétations erronées” du contrat de mariage.
D’où de longues discussions pour aboutir à un nouveau contrat de mariage, dont les bans ont été publiés lundi sous les auspices de Jean-Dominique Senard, président de l’Alliance. Née voilà 24 ans, l’Alliance est devenue en quelque sorte un couple à trois depuis 2016, lorsque Mitsubishi a fait les yeux doux à Renault et à Nissan.
Le nouveau contrat doit permettre d’accéder au “niveau supérieur de l’Alliance”, comme l’a évoqué Makoto Uchida, le patron de Nissan, le premier des constructeurs à intervenir tout en pointant la nécessité de repartir sur de nouvelles bases, empreintes “d’une culture de transparence et de respect”.
Par intérêts
Takao Kato, CEO de Mitsubishi, s’est lui aussi félicité de ce nouveau départ de cette Alliance “qui nous apportera encore de nouveaux avantages”. C’est par exemple s’adosser à Nissan sur le marché nord-américain pour le lancement de véhicules électriques. C’est aussi renforcer ses activités en Europe en pouvant cette fois bénéficier du coup de pouce de Renault.
“À la base de cet accord, il y a une réactivation des initiatives commerciales et industrielles initiées avec l’Alliance”, a de son côté déclaré Luca de Meo, directeur général du Groupe Renault, qui va construire au Mexique un véhicule dans une usine Nissan.
Les cartes ont donc été redistribuées. Renault et Nissan détiendront chacun 15 % des droits de vote de l’autre. “C’est une nouvelle ère où le partenariat va enfin se normaliser”, a souligné Jean-Dominique Senard, qui a évoqué la création d’une “Nouvelle Alliance” grâce à une “gouvernance équilibrée”. Chaque partenaire pourra participer aux projets sur base volontaire, “pas par obligation mais bien dans leur intérêt”.