Le conseil d’administration d’Euronav a perdu une bataille importante avant l’AG cruciale du 23 mars
La procédure d’urgence a été rejetée. De quoi mettre le conseil d’administration dans une situation délicate lors de l’assemblée convoquée à la demande de l’actionnaire CMB.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/3794e68f-5aa0-49a3-b726-bed694fe37b9.png)
Publié le 07-02-2023 à 18h10
:focal(251x175.5:261x165.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YLB3R6DKQ5AT5GXPFSWRBNKXSI.jpg)
Pour le conseil d’administration (CA) d’Euronav, c’est un revers sévère. Il a en effet été recalé dans la procédure d’urgence qu’il avait lancée auprès du tribunal d’arbitrage Cepani contre son concurrent Frontline. Le Cepani a rejeté la procédure d’urgence lancée par Euronav face à la décision de l’entreprise norvégienne de ne plus procéder à la fusion des deux sociétés. Il a estimé qu’il y avait “un manque d’urgence pour Euronav dans l’obtention des mesures provisoires”, souligne le communiqué d’Euronav. Et de rappeler dans le communiqué qu’une procédure a été lancée le 28 janvier, qui statuera sur le fond de la validité de la résiliation. Dans le cadre de cette procédure, Euronav réclame à Frontline des dommages et intérêts d’un montant “de plusieurs dizaines de millions d’euros”, selon nos confrères du Tijd.
Rapport d’échange d’actions défavorable
Frontline souligne, dans un bref communiqué, que ce “rejet complet des demandes d’Euronav renforce la position selon laquelle sa décision de mettre fin à l’accord de fusion était entièrement légale”. Selon des informations circulant dans le marché, le magnat John Fredriksen, qui contrôle Frontline, aurait renoncé à la fusion à la suite de l’opposition de la Compagnie maritime de Belgique (CMB), premier actionnaire d’Euronav avec 25 %, mais aussi parce qu’il aurait jugé le rapport d’échange d’actions défavorable.
La famille Saverys, qui contrôle la CMB, s’était en effet opposée à la fusion annoncée en avril par les deux groupes. Elle avait alors reconstitué sa participation dans Euronav à près de 25 % pour bloquer la fusion. Depuis qu’il a renoncé à la fusion, John Fredriksen a aussi augmenté sa participation dans Euronav à près de 25 %.
Démission de tout le CA
La décision du Cepani n’est certainement pas favorable au conseil avant l’assemblée générale extraordinaire (AGE) prévue le 23 mars. Convoquée à la demande de CMB, cette AGE a comme point à l’ordre du jour la démission du conseil d’administration actuel et son remplacement par cinq candidats proposés par CMB. Maintenant que la demande d’Euronav a été rejetée, rien n’empêche John Fredriksen de voter dans le même sens que CMB, et donc la démission de tout le CA.
Mais ne voudra-t-il pas compléter la liste d’administrateurs proposés par CMB ? On peut l’imaginer même si, à ce stade, il est impossible de savoir ce que veut l’armateur norvégien. Dans le communiqué publié ce mardi, Euronav indique qu’il lui a proposé de faire nommer deux administrateurs. Mais l’intéressé n’a pas encore répondu.
Afin d’éviter la démission de tout le CA, Euronav a fait la même proposition à CMB de nommer deux administrateurs non indépendants (Marc Saverys et Patrick De Brabandere). Les Saverys ont déjà répondu qu’ils n’étaient pas d’accord et qu’ils voulaient que les actionnaires puissent se prononcer sur leur proposition. Pour rappel, le CA actuel ne compte aucun représentant des deux principaux actionnaires qui pèsent pourtant 50 % du capital. Ce qui est pour le moins inhabituel.
Quant au CEO Hugo De Stoop, on peut imaginer qu’il va, comme il l’avait fait avant l’AG de mai dernier, passer un certain temps à essayer de convaincre les investisseurs institutionnels de la légitimité du CA actuel par rapport à l’alternative proposée par CMB. La saga est loin d’être terminée…