Des milliers d'emplois toujours vacants en cybersécurité, malgré l'importance grandissante du secteur
Une chronique signée Roald Sieberath, multi-entrepreneur, coach de start-up et responsable du Forum Transition pour LeanSquare, professeur invité à l’UCLouvain et à l’UNamur.
Publié le 11-02-2023 à 09h03
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Libre Eco week-end |
Dans un monde qui est devenu de plus en plus numérique, il est évident que les activités malveillantes se sont déplacées également vers ces modalités. La cybersécurité est un sujet que l’on croit connaître, quelque chose qui est souvent à la périphérie de nos préoccupations : on pense qu’il suffit d’avoir un antivirus à jour pour se prémunir de ces fameuses cyberattaques…
Pour ma part, j’avais beau avoir suivi une formation en ligne sur le sujet il y a quelques années… je dois avouer que j’ai écarquillé les yeux en voyant les chiffres partagés par Agoria à un récent événement à la Grand Poste de Liège.
La cybercriminalité est devenue un "business" très rentable : s’introduire dans le réseau informatique d’une grande société, bloquer un aspect clé (ou voler des données) permet de réclamer des rançons, parfois de plusieurs millions (à payer en bitcoins pour masquer la traçabilité).
Près de nous, on se souvient des cyberattaques sur le réseau d’hôpitaux Vivalia, qui en a paralysé grandement l’administration pendant plusieurs jours. Ou des attaques sur les sociétés AscoO ou Picanol, dont les dommages se chiffrent en dizaines de millions. Chez nos voisins allemands, on peut citer une attaque russe qui s’en est prise à 6 000 éoliennes… Quand on regarde les chiffres, 100 attaques sont recensées chaque jour dans notre pays.
La cybersécurité est devenue un secteur à part entière, où 440 entreprises recensées emploient plus de 6 000 personnes, pour un chiffre d’affaires de l’ordre du milliard et demi d’euros. Plus grave : 1 500 emplois sont vacants dans ces sociétés, et l’on estime qu’il faudrait encore 3 000 personnes supplémentaires pour remplir les fonctions de cybersécurité internes aux entreprises.
Le besoin de formation est criant et massif. On le comprend, l’enjeu est colossal, et pour les fonctions critiques, des vies humaines peuvent être en jeu.
Les autorités s'emparent de la question, depuis le régulateur européen (avec un Cyber Resilience Act) jusqu'au niveau régional wallon (avec le plan Cyberwal). Face à ce versant moins riant de notre monde technologique, on peut, on doit en voir la menace, mais également se retrousser les manches et saisir l'opportunité de construire de nouveaux modes de protection.