Abandon inattendu du projet Legoland : les raisons du nouveau revers (très) douloureux pour Charleroi et la Wallonie
Le groupe Merlin a décidé d’abandonner son projet de parc d’attractions sur l’ancien site de Caterpillar. Un choc pour les élus wallons.
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Publié le 24-03-2023 à 16h58 - Mis à jour le 24-03-2023 à 17h02
L’ancien site de Caterpillar à Gosselies est-il maudit ? Après le fiasco ThunderPower, le constructeur chinois de voitures électriques, c’est au tour du groupe Merlin d’annuler son projet sur le terrain situé dans la banlieue nord de Charleroi.
Un choc pour le monde politique wallon. Tant le bourgmestre de Charleroi Paul Magnette (PS), le secrétaire d’État à la relance Thomas Dermine (PS), le ministre-président Elio Di Rupo (PS) que le ministre de l’Économie Willy Borsus (MR) avaient fait grand bruit, depuis cet été, de ce projet du groupe Merlin d’ouvrir un parc d’attractions “Legoland” à Charleroi. Avec, à la clé, la création de 1 500 emplois en échanges de différentes aides financières.
Mais il n’en sera rien. Ce vendredi, le géant britannique du divertissement, qui possède près de 140 attractions – dont les parcs Legoland, Sea Life et les musées de Madame Tussauds – dans 25 pays, a confirmé une information qui avait fuité chez nos confrères de L’Echo : “après mûre réflexion”, il ne placera finalement pas ses briques en Wallonie. “Nous avons décidé stratégiquement de nous recentrer sur l’investissement dans nos parcs Legoland européens et mondiaux actuels, y compris les trois parcs Legoland dont l’ouverture est prévue en Chine à partir de 2025”, justifie le groupe possédé par le puissant fonds d’investissement Blackstone. De quoi désenchanter toute une région.
”Impressionné par le professionnalisme” wallon, Merlin se développe…. en Chine
Notons aussi un certain cynisme de Merlin, qui tout en se disant “impressionné par le professionnalisme” wallon, explique préférer se développer… ailleurs qu’à Charleroi. Et le groupe de préciser que ce choix n’aura “aucune incidence” sur le Centre de découverte Lego à Bruxelles. “Il existe une grande différence entre nos parcs à thème Legoland Resort et nos centres de découverte Lego. Ils proposent des offres différentes et s’adressent à un public différent.”
Ce changement d’attitude des Britanniques a surpris côté wallon. “Le patron de Merlin est venu à Charleroi il y a trois semaines et il avait l’air très enthousiaste, explique-t-on du côté du cabinet Borsus. Mais, c’est vrai qu’on a senti depuis lundi plusieurs signaux négatifs.”
“Déçu” et “surpris”, ce sont aussi les sentiments éprouvés par Sébastien Durieux, membre du comité de direction de Wallonie Entreprendre. ” C’est un dossier qui a été longuement discuté et négocié jusque dans les derniers jours, explique le responsable wallon à l’agence Belga. “Nous étions allés loin dans les détails, c’était très abouti, donc on ne s’y attendait pas.” Selon lui, la déception est “probablement” également grande dans les équipes de Merlin impliquées dans le projet. De son côté, Thomas Dermine, qui s’est fait connaître du grand public par le plan Catch visant à revaloriser le site de Caterpillar, se disait lui “abasourdi” lorsqu’il a appris la nouvelle ce vendredi matin.
Que faire des 98 hectares laissés à l’abandon ?
Dans son malheur, la Région wallonne peut toutefois entrevoir une petite lueur de consolation. Les pouvoirs publics n’auront ainsi pas déboursé un euro pour ce projet avorté. Le protocole d’accord signé entre la Région wallonne, le fédéral et le groupe Merlin était “non contraignant”. Le but était d’approfondir “une collaboration” en vue d’installer un parc Legoland à Charleroi. Les débuts des travaux de dépollution du site n’avaient ainsi pas encore lieu. “Cela reste évidemment une déception”, commente le ministre wallon de l’Économie, Willy Borsus, qui veut continuer à “regarder de l’avant”. Car les élus wallons vont devoir reprendre leur bâton de pèlerin pour, enfin, trouver un repreneur à ce site qui prend de plus en plus des allures de lieu pestiféré.
La question se pose à nouveau. Que faire des 98 hectares laissés à l’abandon par Caterpillar il y a sept ans ? “Les ambitions européennes et wallonnes de relocalisation industrielle doivent aussi guider notre réflexion”, insiste Willy Borsus. “Souhaite-t-on encore un seul opérateur pour l’entièreté du site ou faut-il y développer plusieurs activités ?”, s’interroge de son côté M. Durieux. “Il va falloir également reprendre contact avec d’autres projets qui avaient manifesté un intérêt” pour reconvertir le site mais qui avaient été écartés en raison des négociations avec le groupe Merlin. “On va se remettre au travail”, résume le responsable de Wallonie Entreprendre.