Métavers : mode ou véritable révolution ? "Ce que l'on peut voir actuellement n'est pas très convaincant"
L’éditeur Mardaga a publié un ouvrage analysant ce phénomène numérique qui peine un peu à décoller.
Publié le 24-03-2023 à 15h54
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Libre Eco week-end |
Notre confrère Maxime Samain, journaliste à L'Écho, a cédé aux appels du pied de la maison d'édition Mardaga et a passé des nuits à rédiger un ouvrage centré sur le métavers. Titré Le métavers, c'est quoi ?, sous-titré Tout savoir sur la prochaine révolution technologique, le livre explique de manière claire ce que recouvrent ces nouveaux univers numériques. Le sujet passionne autant que l'explosion des outils d'intelligence artificielle, mais il reste un peu flou pour le grand public. Sur une centaine de pages, Maxime Samain, féru de technologies depuis l'enfance, explique cet environnement nouveau mis en lumière en octobre 2021 par le patron de Facebook (Meta platforms), Mark Zuckerberg.
Le métavers de Zuckerberg, c’est Horizon Worlds, un des métavers dans lequel il voit à terme les utilisateurs actuels de ses plateformes évoluer, interagir, travailler, jouer, consommer… Le tout appuyé sur les technologies numériques permettant de faire tourner ces univers de manière rentable : les cryptomonnaies, les certificats NFT, la blockchain et les différents outils de visualisation en 3D, réalité virtuelle ou augmentée.
On l'aura compris, ce décryptage est utile dans la mesure où tout un chacun sera appelé un jour à évoluer dans cette nouvelle dimension d'Internet ou à y réaliser des affaires. Et d'entrée de jeu, notre confrère confirme que, quoi qu'on en dise, le métavers sera réellement une rupture des usages dans le secteur. "Parmi les questions que l'on peut se poser, il y a celles sur les personnes qu'il faudrait former aujourd'hui pour être au niveau dans 5 à 10 ans et pouvoir être utiles aux entreprises." Les marques sont dans la même réflexion. "Faut-il y être ou pas ?" Le livre apporte évidemment quelques réponses à ces interrogations.
Mais, est-on près du moment du démarrage de cette révolution ? "En réalité, ce que l'on peut voir actuellement n'est pas très convaincant. Après une affluence liée à une masse d'articles de presse, Decentraland a fait l'objet d'un rapport interne montrant que cet univers n'avait que 38 utilisateurs actifs en décembre dernier… Idem pour le métavers Facebook qui a compté 300 000 utilisateurs en juin, puis 200 000 utilisateurs actifs mensuels en décembre. Aujourd'hui, Second Life, lancé en 2003, qui a toujours refusé la réalité virtuelle, a plus d'utilisateurs que le métavers de Facebook : près d'un million d'utilisateurs par mois. C'est fou !"
Une déception ? Temporaire, selon Maxime Samain. "Actuellement, l'univers Facebook est laid, pas très fluide, comme sur les programmes dans les vieux environnements MS-Dos que j'utilisais enfant sur le vieil IBM de ma grand-mère…"
Le meilleur est sans doute à venir
Pour l'heure, sauf à être un geek ou un gamer, avec du matériel évolué, l'expérience n'est pas enthousiasmante. "Oui, et même si l'on dispose d'un casque de réalité augmentée, il faut aussi avoir de la place pour l'utiliser. Mais quand de gros joueurs comme Apple sortiront leurs appareils natifs, ce sera différent, sans doute." Cela n'est pas une surprise. Zuckerberg a évoqué d'entrée de jeu le timing, soit une dizaine d'années.
"Mais dans 5 ans, on devrait évoluer sans doute dans un monde plus évolué techniquement, et dans des univers connectés, ce qui n'est pas le cas actuellement, explique l'auteur. Si Facebook arrive à faire passer ses milliards d'utilisateurs dans son métavers, il sera gagnant. Mais actuellement, il crée aussi une frustration auprès des utilisateurs." Selon Maxime Samain, les entreprises lambda ne doivent pas trop investir aujourd'hui, mais doivent sans doute s'intéresser aux développements de ces nouveaux environnements. "Dans l'attente, il ne faudrait pas imaginer que les investissements de Meta, soit 10 milliards de dollars par an jusqu'en 2030, ne soient pas suivis de retours", conclut Maxime Samain.