La direction du Credit Suisse va-t-elle être poursuivie ?
Alors que les critiques fusent sur le rachat de la banque suisse par sa principale rivale, l’autorité de marché Finma envisage des poursuites.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/3794e68f-5aa0-49a3-b726-bed694fe37b9.png)
Publié le 26-03-2023 à 17h31
:focal(2495x1671.5:2505x1661.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TUCB3EWWURD4DKBCMWJWVI7QCQ.jpg)
Les critiques continuent à fuser en Suisse, une semaine après l’annonce du sauvetage en catastrophe du Credit Suisse. Selon un sondage publié vendredi par la radio-télévision suisse publique, une majorité de Suisses (54 %) est en désaccord avec ce rachat par UBS pour une bouchée de pain (l’équivalent de 3 milliards de francs suisses). Face à un tel mécontentement, les autorités du pays, à la manœuvre de bout en bout, ont fait des sorties dans la presse suisse ce week-end destinées à calmer le jeu. Liquider Credit Suisse aurait causé des dommages économiques “considérables”, estime la ministre suisse des Finances Karin Keller-Sutter. “Toutes les autres options étaient, selon nous, plus risquées pour l’État, le contribuable, la place financière suisse et les marchés internationaux”, poursuit-elle. Elle explique être arrivée à la conclusion ces dernières semaines que bien que liquider une banque d’importance systémique mondiale comme Credit Suisse soit possible sur le plan juridique grâce à la loi “too big to fail”, “dans la pratique, les dommages économiques seraient considérables”. En outre, fait-elle valoir, “la Suisse aurait été le premier pays à liquider une banque d’importance systémique mondiale”. “Ce n’était clairement pas le moment de faire des expériences”.
”La rage au ventre”
Dans cet entretien au quotidien Neue Zürcher Zeitung (NZZ), elle s’en prend plus particulièrement aux dirigeants. “Que beaucoup aient la rage au ventre, je le comprends très bien”, assure la ministre. “J’avoue que j’ai moi aussi du mal à l’accepter. Surtout lorsque des erreurs de gestion ont contribué à cette situation”.
Toute la question est de savoir si ces erreurs de gestion resteront impunies. L’autorité suisse de surveillance des marchés financiers Finma – l’équivalent de la FSMA en Belgique – étudie si la direction de Credit Suisse peut être amenée à rendre des comptes. “Nous ne sommes pas une autorité pénale, mais nous explorons les possibilités correspondantes”, indique sa présidente Marlene Amstad. La décision n’est toutefois pas encore prise, a-t-elle précisé dans les médias suisses, ajoutant que “l’accent sera mis sur une phase de transition visant à l’intégration du numéro 2 bancaire helvétique dans le numéro 1 et sur la stabilité financière”.
Rémunération de 34 millions de francs suisses
Suite aux pertes encaissées ces dernières années par le Credit Suisse, des dirigeants ont été poussés vers la sortie. Toutefois, certains membres du conseil d’administration sont là depuis des années. Ils ont donc approuvé une série d’opérations à l’origine de la chute de la banque. Et cela sans que cela remette en cause les rémunérations astronomiques. En témoigne l’ordre du jour de l’assemblée du 4 avril prochain du Credit Suisse convoquée in tempore non suspecto. On y découvre que la rémunération fixe proposée pour le comité de direction est de 34 millions de francs suisses pour l’exercice 2023-2024 et de 13 millions pour le conseil d’administration. Le conseil d’administration avait quand même tenu compte des pertes de la banque en proposant de ne pas prévoir de rémunération variable…
Reste à savoir si cette AG va être maintenue. Impossible d’avoir la réponse dimanche auprès du Credit Suisse. Mais même si elle est maintenue, cet ordre du jour paraît obsolète vu le rachat par UBS. Un rachat qui doit se faire via un échange d’actions (22,48 actions Credit Suisse pour une action UBS) et devrait être achevé fin de cette année.