Franchiser, la seule solution? "Les franchises ne sont pas des cauchemars"
La tendance générale est claire chez les grands distributeurs, qui cherchent de plus en plus à franchiser leurs points de vente.
Publié le 27-03-2023 à 11h49
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Si on caricature le discours des syndicats depuis quelques semaines, travailler pour un franchisé serait un cauchemar, entre des horaires plus longs, du travail le dimanche, une baisse de salaire ou encore des emplois plus précaires. Et si tout n’est évidemment pas faux, le modèle des franchises n’est pas neuf en Belgique, pour Delhaize et surtout ses concurrents. “Mestdagh travaille déjà depuis longtemps sous ce système de franchise, et Carrefour a 450 supermarchés intégrés, et cela ne semble pas être si terrible, lance Claude Boffa, professeur émérite professeur de marketing à la Solvay Brussels School. Il faut prendre un peu de recul et prendre tous les éléments en compte. Les syndicats font peur aux employés de chez Delhaize pour une simple et bonne raison : un franchisé qui emploie moins de 50 personnes n’a plus de représentation syndicale. Ils pensent aussi à eux quand ils font grève avec les employés.”
Il convient tout de même que les conditions de travail ne sont pas les mêmes d’un modèle à l’autre. “Oui, il y a des dimanches, un salaire moins intéressant et plus d’heures de travail. A contrario, on voit son patron travailler au moins autant. Ce n’est pas un siège lointain qui décide de tout. Quand un franchisé est bien géré, on y retrouve une ambiance plus familiale, mais aussi des possibilités de promotions et de flexibilité dans les horaires. Cela reste un chouette métier.”
Des arguments qu’on peut entendre mais qui ne convaincront certainement pas tout le monde. Mais toujours est-il que le modèle de franchise semble représenté l’avenir du secteur. “Le seul type de magasin pour lequel on ne pourra pas le faire, c’est le modèle d’hypermarché. On parle de sommes colossales pour reprendre un tel commerce, et c’est surtout un modèle qui ne fonctionne plus.”
Il n’est même plus rentable pour une bonne partie des hypermarchés. “Un hyper sur deux n’est pas rentable en Belgique, et c’est pire en France. C’est un modèle qui date des années 60, quand on prenait plaisir à prendre sa voiture pour aller en famille et à faire tous ses achats au même endroit. Vous achèteriez encore une télévision chez Carrefour quand vous pouvez aller dans des magasins spécialisés ? Même remarque pour une machine à laver ou un PC. Les bonnes ventes ont lieu quand il y a de grosses réductions… qui ne rapportent rien. C’étaient pourtant des segments qui rapportaient de l’argent et amenaient du trafic dans les hypermarchés.”
Sont-ils tous voués à fermer, dès lors ? “Si j’étais le patron de Carrefour, je ne les vendrais pas, non. Pourquoi ? Cela représente toujours une place importante sur le marché. Et au moment de négocier avec les fournisseurs, plus on est grand, plus on a de pouvoir.”