Marc du Bois (Spadel) : "La rage taxatoire du gouvernement sur notre secteur devient un vrai sujet de préoccupation"
Le patron du groupe minéralier belge s’en prend à l’exécutif et à son projet d’augmenter la TVA de 6 à 9 % sur les boissons. Et rappelle que 50 % de la population vit à moins de 50 kilomètres d’une frontière avec l’un de nos voisins, où les produits sont moins chers.
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Publié le 30-03-2023 à 17h40
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Spadel réalise 70 % de son chiffre d’affaires en Belgique au travers de la grande distribution. Un secteur, pour le moment, sous haute tension sociale à l’image des grèves et perturbations en cours au sein des enseignes Delhaize ou Intermarché. Des tensions surgissent également chez Aldi.
Une source d’inquiétude pour Marc du Bois, patron de Spadel ? “Delhaize est effectivement un bon client. Pour l’instant, il n’y a pas de conséquences négatives pour nous et je suppose que le client restera fidèle à l’enseigne, notamment en recourant à la livraison à domicile”, répond-il prudemment. Mais d’enchaîner, en décochant quelques flèches à l’exécutif fédéral. “Il faut que le gouvernement belge se rende compte de la situation. Il propose de majorer le taux de TVA de 6 à 9 % sur les boissons. En tant que capitaine d’industrie, je me dois de dire que c’est une mauvaise idée qui va inciter encore davantage les Belges à aller acheter leurs biens de consommation de l’autre côté de nos frontières. C’est un fait, 50 % de la population belge vit à moins de 50 kilomètres d’une frontière avec l’un de nos voisins. Et sur certains produits, le différentiel de prix est déjà de l’ordre de 15 %”, explique-t-il, plaidant pour le maintien d’un taux de 6 %, surtout pour les eaux minérales et de source.
800 millions de taxes diverses et variées
Et d’enfoncer le clou : “Notre secteur paie déjà 800 millions d’euros de taxes diverses et variées dont 350 millions de cotisations d’emballage dont le produit n’est pas réinvesti dans la circularité des produits. Il y a aussi 200 millions de taxes liées au sucre, y compris sur des eaux aromatisées qui ne contiennent pas… de sucre. Et encore 160 millions sur les points verts, 100 millions pour la TVA…”. Marc du Bois précise que le groupe Spadel paie au total 60 millions de taxes et redevances, dont 32 millions dans notre pays.
Les pays étrangers viennent chez nous s'inspirer du modèle Fost+. Mais les instances politiques ne se rendent même plus compte des performances de ce système."
“Si cela continue comme cela, le Belge saura ce qu’il devra faire pour ses achats… À quel moment ce gouvernement va-t-il faire en sorte que les entreprises belges de notre secteur soient quelque peu épargnées par cette rage taxatoire ? Cela devient un vrai sujet de préoccupation…”
Système de consignes digital
À propos de la possible mise en place d’un système de consignes pour les canettes, Marc du Bois rappelle d’abord l’efficacité du système Fost +, mis en place dans notre pays en 1995. “Les pays étrangers viennent chez nous s’inspirer de ce modèle. Mais les instances politiques ne se rendent même plus compte des performances de ce système. En tant qu’entreprise, Spadel s’engage à inciter les consommateurs à la collecte et au recyclage des déchets. D’un point de vue environnemental, le meilleur emballage est celui de la bouteille en plastique à usage unique si elle est placée après son utilisation dans le sac bleu car cela lui donnera une deuxième vie. Spadel a pris l’engagement de réduire d’ici 2025 sa dépendance par rapport au PET”, ajoute le patron de Spadel. Ce dernier se dit favorable, outre le maintien de l’actuel système Fost +, à l’idée d’un système de consignes “digital”, à condition que cela se fasse en concertation avec les producteurs, distributeurs, consommateurs et centres de tri.