GSK et la Belgique à la pointe de la recherche contre le paludisme: "90 % des morts sont des enfants de moins de cinq ans”
Le groupe GSK, qui emploie 9 000 personnes en Belgique, est le numéro un pharma du pays. Et s’il est absent de la lutte contre le Covid-19, il met en avant ses avancées sur d’autres combats, comme celui contre le paludisme.
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Publié le 25-04-2023 à 17h01 - Mis à jour le 02-05-2023 à 11h40
”Le plus horrible, c’est que 90 % des morts sont des enfants de moins de cinq ans”, nous explique l’infectiologue Yves Van Laethem ce mardi en fin de matinée, en amont d’une conférence de presse du groupe pharmaceutique GSK à Rixensart.
Une conférence qui a lieu à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le paludisme (aussi connu sous le nom de malaria). GSK est effectivement fier de mettre en lumière le travail effectué par ses équipes pour développer ce vaccin, le seul homologué pour le moment contre cette maladie qui est l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Un travail de longue date car cela fait plus de 35 ans que les chercheurs se démènent pour trouver une solution face à cette pathologie.
”Les scientifiques se cassent les dents”
”Le problème, c’est que c’est un parasite qui, une fois qu’il rentre dans le corps et dans le système sanguin, change de 'garde-robe' rapidement. Cela fait des années que les scientifiques se cassent les dents sur cette maladie”, renchérit Yannick Vanloubbeeck, vice-président et responsable du département immunologie et vaccins thérapeutiques chez GSK.
Pour cette journée spéciale, la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR) a fait le déplacement. “Je suis également ministre du Commerce extérieur”, lance-t-elle. “Désormais, à l’étranger, on ne parle plus que des gaufres et des bières belges mais aussi des vaccins” et du secteur pharma dans son ensemble, avance-t-elle sans sourciller. Pour elle, pas de souci de faire la vitrine des entreprises présentes en Belgique, comme le groupe britannique GSK. “Cela permet de montrer notre savoir-faire, et contrairement à d’autres pays, nous avons toujours une volonté qui dépasse la rentabilité des entreprises. Il y a des répercussions positives pour la santé dans le monde”, renchérit-elle. “Et comme Stromae, j’ai toujours eu un peu de mal avec les traitements liés au paludisme”, sourit-elle en parallèle. Donc une avancée dans le domaine de la prévention et la vaccination est une bonne nouvelle.
”Lutter contre les fake news et la désinformation”
Si le principal message de la ministre est d’insister sur l’excellence belge, et ici wallonne, dans le domaine pharmaceutique et le rôle du pays dans la lutte contre de nombreuses maladies, le second serait celui de la sensibilisation. “Lutter contre les fake news et la désinformation” est crucial, avance-t-elle, alors que la vaccination contre certaines maladies a connu un recul ou un ralentissement ces dernières années, en particulier à cause des fake news et de certaines théories à propos des vaccins lors de la pandémie de Covid-19.
Emmanuel Amory, administrateur délégué de GSK en Belgique salue également le rôle de l’Unicef et des bénévoles de sa propre entreprise, qui permettent de vacciner les enfants dans le monde entier. “La mortalité est 14 fois plus importante qu’en Europe”, avance-t-il, en parlant des pays les moins favorisés, en particulier en Afrique, où le variant du parasite qui provoque le paludisme est particulièrement virulent.
Près d’un demi-million de morts par an
”L’Unicef vaccine 45 % des enfants de moins de 5 ans, l’organisation joue un rôle crucial”, lance-t-il. Et si la recherche de plus de trois décennies porte enfin ses fruits et permet de trouver un retour sur investissement pour GSK, il rappelle “que c’est la vaccination qui protège et sauve des vies. Il y a un énorme travail de conscientisation”. L’ambition pour l’entreprise est de distribuer 15 millions de doses du vaccin d'ici 2028.
”Un enfant meurt du paludisme chaque minute dans le monde”, rappelle pour sa part Jamila Louahed, vice-présidente de la recherche chez GSK. “Ces chiffres marquent et donnent un sens à notre travail. Je tiens à rappeler que tous les vaccins qui se finissent par “rix” qui sont commercialisés dans le monde sont développés dans cette maison, à Rixensart. Il y a un impact mondial”, enchaîne-t-elle, précisant que 4 enfants sur 10, dans le monde, reçoivent un vaccin produit par GSK.

Notons par ailleurs que l’efficacité du vaccin n’est “que” de 30 à 50 % et ce dernier vise uniquement les enfants. Pourquoi ? Car les adultes qui vivent dans les régions où le paludisme est présent ont développé une immunité relative qui atténue l’intérêt du vaccin et les “touristes” peuvent avoir accès à des traitements temporaires efficaces. “Le vaccin permet aux enfants qui seraient tombés au premier round de parer les coups et d’éviter d’être fracassés, afin de continuer à avancer”, lance encore l’infectiologue Yves Van Laethem, comparant la vaccination à la garde d’un boxeur sur le ring.
Enfin, si cela permet de sauver des milliers d’enfants sur les plus de 400 000 morts recensés en 2022 à cause de la maladie, cela reste une avancée clairement non négligeable.
”Certains pays, dont l’Algérie, la Chine et l’Argentine, ont pu éradiquer le paludisme et c’est grâce, entre autres, aux vaccins qui sont fabriqués ici”, conclut la ministre, non sans fierté.