Eclo, futur leader européen des substrats de champignons exotiques, a pris son envol
Des caves de Cureghem au zoning de Villers-le-Bouillet : la société Eclo, ex-Champignon de Bruxelles, s’est installée en province de Liège. La production est en phase de démarrage.
Publié le 29-04-2023 à 07h30
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C’est une zone d’activité industrielle comme il en existe des dizaines en Wallonie. Située en bordure de l’autoroute E42, à hauteur de Villers-le-Bouillet, elle accueille, depuis quelques mois, une activité assez inattendue : la production de substrats de champignons exotiques ! Sous l’immense toiture d’un hangar de 4 200 m², l’entreprise Eclo produit le terreau nécessaire à la culture de variétés asiatiques telles que le shiitaké (second champignon de culture le plus produit au monde après le champignon de Paris), l’éryngii, le nameko, le maitake ou encore le pompon.
"Jusqu’ici, tous les signaux sont au vert. On commence à avoir des premiers résultats pour l’éryngii et ils sont prometteurs. Pour le shiitaké, il faudra attendre début juin car l’incubation dure treize semaines.”
”Nous avons démarré la production fin février, nous explique Hadrien Velge, CEO et cofondateur d’Eclo (ex-Champignon de Bruxelles), lors de notre visite. Jusqu’ici, tous les signaux sont au vert. On commence à avoir des premiers résultats pour l’éryngii et ils sont prometteurs. Pour le shiitaké, il faudra attendre début juin car l’incubation dure treize semaines”. Pour le jeune entrepreneur bruxellois et ses trois associés (Thibault Fastenakels, Sylvère Heuzé et Quentin Declerck), l’enjeu réside dans le temps qu’il leur faudra pour produire un substrat répondant aux exigences de qualité des grands producteurs européens de champignons exotiques.

Une recette bien de chez nous
À l’extérieur du hangar qu’Eclo loue à une entreprise de la région, on trouve des stocks de sciure de bois et de céréales, deux ingrédients qui entrent dans la composition du substrat de champignons (en plus de l’eau et du mycélium, la semence du champignon). En principe, Eclo n’utilise pas de céréales. Depuis sa création en 2014, l’entreprise a en effet développé une recette basée sur des résidus organiques de brasseries (drêche) et de boulangeries (vieux pain). “Avec la drêche, c’est assez compliqué d’arriver à un substrat de bonne qualité. On obtient de meilleurs résultats avec le vieux pain et, en plus, avec la forte hausse du prix des céréales, c’est nettement moins cher”, dit Hadrien Velge. Pour des raisons d’approvisionnement, Eclo a dû en revenir temporairement à des céréales (orge et froment). Mais l’entreprise espère bien réintroduire du pain dans le processus dès que ce sera possible.

Dans une première phase, sciure de bois et céréales sont versées dans un mélangeur et placés en bloc, de deux à trois kilos, dans des sachets plastifiés et équipés d’un bio-filtre. Ils sont ensuite pasteurisés. Le mycélium peut alors être ajouté dans chaque sachet avant de passer en zone d’incubation pour une période de huit à treize semaines. Ces sachets sont, enfin, placés sur des étagères mobiles et, au bout de quelques semaines, des filaments blancs vont coloniser le substrat pour former un bloc compact. “Les substrats sont alors prêts pour la fructification, précise Hadrien Velge. On les envoie chez nos clients, qui vont les mettre dans les bonnes conditions de culture pour que les champignons poussent”.
Montée en puissance d'ici 2026
C’est dans les caves voûtées de Cureghem, sous l’ancien abattoir d’Anderlecht, que la petite équipe d’Eclo a acquis son savoir-faire technique. “C’est un processus où chaque composant et chaque étape ont leur importance. Il faut parvenir à trouver la bonne recette”, insiste le CEO d’Eclo. La contamination des substrats constitue l’un des principaux risques. C’est la raison pour laquelle, grâce à la levée de fonds de 4,7 millions d’euros réalisée l’an dernier (avec Noshaq, Investsud Bois, GoGreen Capital et des investisseurs privés), l’usine villersoise a été équipée d’une ligne de production high-tech et automatisée pour les parties les plus critiques. Et pour entrer dans les salles où se trouvent les étagères avec les substrats, le visiteur est prié d’enfiler salopette, gants, masque et chausson !

“Aujourd’hui, reprend Hadrien Velge, notre focus est mis sur la production de substrats de champignons exotiques. On continue nos activités à Cureghem mais la question se posera, à un moment, de savoir si on la poursuit ou pas”. Car, désormais, Eclo se positionne comme un futur leader européen du secteur, avec l’objectif de fournir les marchés français, hollandais, suisse et allemand, où la consommation de champignons exotiques croît d’année en année. D’ici quelques mois, Eclo table sur une production de 75 tonnes de substrat par semaine. À partir de 2026, elle montera à 130 tonnes. “Avec ce volume, Eclo figurera parmi les trois plus gros acteurs du marché européen”. En termes d’emplois, l’effectif devrait atteindre 20 personnes à l’horizon 2026, en plus des 12 personnes actuellement employées à Bruxelles.
En faisant le choix de se concentrer sur le marché du substrat de champignons exotiques, Eclo a très clairement changé de division. Désormais, l’entreprise a quitté le championnat belge pour jouer en Champion’s League.