"À l’époque, c’était révolutionnaire" : comment le fromage de Maredsous continue de séduire depuis plus de 70 ans
Libre Eco week-end | Produit en France, il est affiné dans les caves de l’abbaye. Ce qui lui donne son goût particulier.
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Publié le 30-04-2023 à 18h07
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Peut-être avez-vous vu ces derniers temps une publicité sur le “fromage qui nous goûte depuis 70 ans”, avec une belle illustration d’un fromage de Maredsous, un onctueux septuagénaire qui affiche même 71 printemps. C’est en effet en 1952 que le fromage de Maredsous a été porté sur les fonts baptismaux.
Il y avait bien eu des premières tentatives à la fin des années 1940. L’idée était alors d’accompagner la bière blonde de Maredsous qui avait vu le jour en 1947, avec autre chose que du gouda. Comme quoi, l’idée d’un accord ou foodpairaing entre bière et fromage n’est pas vraiment neuve.
D’abord à Herve
Mais voilà, ces premières tentatives ne donnent pas grand-chose en raison d’une qualité du lait local qui ne permet pas, à l’époque, une production de qualité. Il n’y a pas de miracle : pour faire un bon fromage, il faut du bon lait.
Ce bon lait, c’est dans la région des pâturages de Herve qu’il sera trouvé. Et c’est là que le fromage de l’Abbaye de Maredsous sera fabriqué. La forme du fromage est un rectangle, “ce qui était révolutionnaire à l’époque”, aime à rappeler le père Bernard Lorent, Père abbé de l’abbaye. “Le fromage a connu un succès énorme parce qu’il était bon mais aussi parce qu’il était le seul à avoir cette forme.”
Ce qui fait la différence, c’est surtout l’affinage du fromage dans les caves de l’abbaye. “Ce fromage doit son onctuosité et son goût tellement crémeux à un processus de maturation unique et traditionnel, perpétué au fil des années. Et plus particulièrement à une flore typique qui règne dans les caves de Maredsous”, explique l’abbaye sur son site. “Ce mode d’affinage, c’est ce qui donne le goût au fromage”, complète le Père abbé.
Depuis lors, les choses ont évolué. Le fromage n’est plus produit à Herve mais depuis plus de trois décennies maintenant à Cléry-le-Petit, aux côtés du Boursin, de la Vache qui rit ou encore du Babybel dans une fromagerie du groupe Bel, avec du lait de cette région de la Meuse.
Une gamme très large
Cette origine française explique pourquoi l’emballage est orphelin de toute référence tricolore noir-jaune-rouge, comme c’est le cas pour les fromages de Chimay, par exemple.
L’affinage n’est, en tout cas, pas une mince affaire : il est supervisé par une trentaine de personnes qui lavent les fromages à la main avec de l’eau de source. Ces caves sont également un passage obligé pour le fagotin.
L’offre a en tout cas fondamentalement évolué : le “Tradition” se décline en bloc ou en tranches, c’est aussi une proposition “Light” ou “Caractère”, sans bien entendu oublier toute la panoplie de fromages fondus en portions ou en barquette, comme le double-crème, le jambon light ou encore à l’emmenthal. “Les fromages fondus de Maredsous sont produits ailleurs en Europe (France, Slovaquie et Pologne) afin d’en assurer la qualité optimale et régulière et, ceci, sous la supervision de l’Abbaye de Maredsous”, précise le site maredsousfromages.be.
La campagne de communication s’accompagne fort opportunément de promotions dans la grande distribution.
L’abbaye perçoit des royalties sur les ventes de fromage mais aussi de ses bières, brassées cette fois par le groupe Duvel Moortgat.