Guy-Éloi Lebrun : “J’en ai marre qu’on mette les gens dans des cases”
Depuis 5 ans, le restaurant tournaisien “Les Jardins du Patio’nément” emploie des personnes en situation de handicap et promeut l’inclusion sociale. L’établissement vient d’être nommé “Entreprise Citoyenne 2023” par le Cap48.
Publié le 30-04-2023 à 11h57
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Le sourire aux lèvres, Guy-Éloi Lebrun pose fièrement aux côtés de son équipe, le trophée dans les mains. Ensemble, ils viennent d’être nommés lauréats du prix de l’Entreprise Citoyenne 2023 - Catégorie emploi par le Cap48. Basée sur une initiative de la RTBF, cette organisation permet la récolte de fonds destinés principalement aux personnes handicapées dans les communautés française et germanophone de Belgique. Sur la récompense, une inscription : “Ensemble même si on est différent”. Une phrase qui résume bien la philosophie de vie de Guy-Éloi.
“C’est une richesse qu’on ne soit pas tous pareils”
Depuis 2018, son restaurant social “Les Jardins du Patio’nément”, situé à Tournai dans le Brabant wallon, emploie des personnes en situation de handicap. “Je travaillais pour une grosse multinationale, et j’en ai eu marre, j’avais besoin de quelque-chose qui me correspondait plus”, déclare-t-il. En duo avec Maxime Defert, il décide alors de reprendre le restaurant voué à disparaître d’une ASBL. Un choix personnel pour ce tournaisien, sensibilisé très jeune à cette cause. “La différence, elle n'est pas forcément facile à vivre et j’en ai marre qu’on mette les gens dans des cases. C’est une richesse qu’on ne soit pas tous pareils”, explique-t-il.
Parmi les 7 membres de l’équipe, le restaurant compte désormais 4 personnes en situation de déficience mentale : Benoît, Élodie, Serguei et Lizzie. Chacun d’entre eux à été formé pour être le plus autonome possible : “Mon objectif, c’est qu’ils puissent retrouver du travail si l’établissement devait fermer un jour”, déclare le gérant.
Mais la fermeture, ce n’est pas pour tout de suite. Le restaurant vient même de lancer un nouveau projet : le rachat d’une maison afin d’y proposer des ateliers céramiques. Là-bas, les résidents d’établissements spécialisés (homes, écoles, etc.) pourront découvrir le travail de la terre et même créer une collection de vaisselle. “On a tous un talent, et chacun devrait pouvoir l’exprimer”, rappelle Guy-Éloi.
Sensibiliser le public
Avec une progression du chiffre d'affaires de 25% par an, “Les Jardins du Patio’nément” semble avoir trouvé son public. L’établissement n’a pourtant pas été épargné par les différentes crises qui traversent l’horeca : “On a d’abord subi le covid, puis la crise énergétique et maintenant la hausse des prix. On se demande où ça va s’arrêter”, confie le chef d’entreprise.
Mais le restaurateur ne se laisse pas abattre. Au-delà de ses activités principales, il est également professeur en secondaire. Un statut qu’il utilise pour continuer de sensibiliser le public au sujet du handicap, en faisant régulièrement venir ses employés dans les écoles. “Quand on est adolescent, la différence n'est pas toujours bien acceptée. Je veux montrer aux gens que chacun peut s’intégrer malgré le fait qu’il soit différent”.
Grâce à leur nomination au Cap48, Guy-Éloi et son équipe bénéficient d’une vaste campagne médiatique. Une visibilité qui leur permettra d’inspirer d’autres actions positives en matière d’inclusion sociale.