Généralisation du burn-out : ces dysfonctionnements du marché du travail moderne

Libre Eco week-end | Une chronique signée Roald Sieberath, multi-entrepreneur, coach de start-up et "venture partner" chez LeanSquare/Noshaq, professeur invité à l’UCLouvain et à l’UNamur.

Contribution externe
Le burn-out est de moins en moins à voir comme un problème individuel mais, de plus en plus, comme le symptôme d'un système qui dysfonctionne.
Le burn-out est de moins en moins à voir comme un problème individuel mais, de plus en plus, comme le symptôme d'un système qui dysfonctionne. ©Copyright (c) 2019 Ground Picture/Shutterstock. No use without permission.

Une large part des entreprises sera d'accord avec cette phrase souvent entendue : "Notre plus précieuse ressource, ce sont nos collaborateurs". Sous une forme ou l'autre, on l'entend affirmée par des CEOs, placardée en posters de motivation, tournée en slogans de recrutement. Et pourtant, on peut s'interroger à savoir si cette déclaration n'est pas une pure déclaration d'intention, quand on voit à quel point le burn-out est devenu une épidémie globale (bien anticipée par le bouquin Global Burnout du philosophe Pascal Chabot… il y a dix ans déjà !). Le burn-out (ou ses variantes, bore-out, brown-out) est de moins en moins à voir comme un problème individuel mais, de plus en plus, comme le symptôme d'un système qui dysfonctionne d'une multitude de manières : pressions accrues, perte de sens, sentiment de n'être qu'un rouage d'une machine, etc.

Les directions des ressources humaines (DRH) y sont devenues de plus en plus attentives bien entendu. Mais quand on sait la large frange d’entreprises qui n’intègrent pas la DRH dans le comité exécutif, on peut se questionner sur la portée réelle de ces intentions.

Le besoin de sens, le besoin de lien, est plus présent que jamais. Un esprit d'équipe, ça ne se crée pas juste en sortant le personnel une ou deux fois par an dans un exercice de team building (souvent un jeu superficiel et fun, comme un paintball… où l'on se tire dessus !), comme si ça se construisait en quelques heures, comme un simple jeu de lego. On devrait plutôt réfléchir en termes de team-weaving : un art plus lent et délicat de tisserand de relations humaines, où à côté du "fil de chaîne" du travail à accomplir, on retrouve un "fil de trame" qui relie les gens entre eux, également par des aspects non-fonctionnels.

Les entreprises durables doivent se soucier bien entendu de l'épuisement des ressources minières et fossiles mais également de l'épuisement psychologique de leurs ressources humaines. Ce team-weaving peut démarrer de quelque chose d'aussi simple qu'une pratique sportive plus ou moins régulière entre collègues. Mais ce sera bien entendu encore plus fort si on parvient à une participation réelle et ressentie aux objectifs d'une entreprise "à mission". À ce moment-là, aller travailler est l'inverse d'une corvée mais rejoint un moyen d'accomplissement personnel.

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