Les "compétences folles", atouts indéniables pour décrocher un emploi ?
Les "mad skills" vont-elles remplacer les "soft skills" dans le choix d’un candidat à un poste ?
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Publié le 06-05-2023 à 15h14
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On avait déjà les hard skills, c'est-à-dire les compétences que l'on peut acquérir par un apprentissage, une formation et que l'on peut appliquer de manière active. Dans le monde du recrutement, on parle de plus en plus également de soft skills. Il s'agit de compétences humaines ou comportementales qui peuvent être acquises en dehors de la sphère de l'apprentissage. Elles sont transversales et ne sont pas liées à un métier. Cela peut être le sens de l'innovation, l'esprit d'équipe, la résilience,…
Aujourd'hui, il est aussi question de mad skills, littéralement des "compétences folles". "C'est assez neuf. J'en ai entendu parler pour la première fois en Belgique il y a moins d'un an. Cela vient des États-Unis, remarque Joël Poilvache, Regional managing director chez Robert Half. Cela démontre la tendance à mettre de plus en plus l'individu au centre de tout, à montrer que chacun est unique." Quand on parle de mad skills, on évoque une caractéristique différenciante, une compétence originale qui aurait tendance à susciter l'intérêt des recruteurs.
Selon une étude Indeed, mentionner sur son CV un atout atypique générerait la curiosité chez 75 % des recruteurs. Plus de la moitié indique qu’une expérience inattendue a déjà eu un impact positif sur leur décision de recrutement. Ces compétences découlent d’expériences atypiques, comme une année à l’étranger, un sport pratiqué à haut niveau, un exploit tel que la traversée de l’Atlantique en canoë, un tour du monde,… De telles expériences permettent d’acquérir des compétences recherchées par les recruteurs : résilience, discipline, communication, prise d’initiatives, adaptation, apprentissage rapide,…
Une différence ténue avec les "soft skills"
La différence avec les soft skills ? "Elle est en fait assez ténue, indique Joël Poilvache. Je dirais qu'il est davantage question d'expériences de vie particulières qui ont permis de développer de façon assez concrète des soft skills. Il s'agit de choses un peu exceptionnelles que tout le monde ne fait pas. Mais faire du bénévolat, être chef dans un mouvement de jeunesse ou avoir créé son entreprise pendant ses études sont également des choses qui ne sont pas réalisées par tous. On pourrait même inclure certains handicaps. Prenons le cas d'une personne qui a des difficultés d'élocution. Elle a dû trimer toute sa vie pour arriver au même niveau que les autres. Sa réussite témoigne de sa résilience. Ces épreuves ont dû lui permettre de développer des compétences."
“Cela fait déjà longtemps que les recruteurs ne se limitent plus au diplôme pour sélectionner des candidats.”
Cela voudrait-il dire qu'une personne qui n'a rien fait d'exceptionnel n'aurait pas ces compétences ? "Bien sûr que non. Certaines soft skills sont innées ou peuvent être acquises d'autres façons. Mais si une personne a fait quelque chose qui sort de l'ordinaire, un recruteur peut supposer qu'elle a développé certaines compétences. Il y a en tout cas quelque chose de tangible qui peut être approfondi lors d'une discussion en entretien d'embauche. Un candidat qui dirait qu'il a un bon esprit d'équipe pourra donner au recruteur un exemple concret s'il a fait, par exemple, partie d'une équipe sportive à un haut niveau", précise Joël Poilvache
Mentionner ses mad skills sur son CV est donc important. "Auparavant, les candidats indiquaient des hobbies : photos, voyage, lecture,… Aujourd'hui, ils peuvent aller plus loin dans la description de certaines expériences, souligne Joël Poilvache. Mais cela fait déjà longtemps que les recruteurs ne se limitent pas au diplôme pour sélectionner des candidats."
Technicité ou créativité
Le choix d'indiquer ou non ses mad skills dans son CV dépendra aussi de la fonction et de l'entreprise dans laquelle on postule. "Certaines mad et soft skills sont importantes pour certaines entreprises ou cultures d'entreprises ou certaines fonctions. Il existe des organisations qui sont plus extravagantes et d'autres plus classiques. De même pour une fonction où la technicité est essentielle, de bonnes connaissances techniques primeront sur les soft skills, à l'inverse de fonction qui demandent plus de créativité."
Il convient en outre de prendre en compte l'état d'avancement de la carrière. "C'est plus important de faire état de mad skills pour un jeune qui n'a pas encore d'expérience professionnelle que pour quelqu'un qui travaille déjà depuis 15 ou vingt ans. Dans ce dernier cas, il reste cependant intéressant de mentionner certains points. Le fait, par exemple, de participer à des épreuves de triathlon à un haut niveau et de combiner cela avec une vie professionnelle démontre notamment un certain sens de l'organisation."