Sylvie Ponchaut (BioWin) : "Il reste d’énormes opportunités à saisir pour les biotech et medtech wallonnes"
La directrice générale de BioWin, pôle wallon de compétitivité du secteur de la santé, passe en revue les performances des entreprises de biotechnologie (biotech) et de technologie médicale (medtech) actives dans le sud du pays. L’emploi et la valeur ajoutée sont en forte hausse.
Publié le 08-05-2023 à 08h02 - Mis à jour le 08-05-2023 à 08h07
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Cela fera dix ans, en 2024, que Sylvie Ponchaut dirige le pôle de compétitivité BioWin. Une décennie qui a vu l’écosystème wallon – couvrant la biopharma, les biotech et les medtech – se hisser en tête des secteurs d’activité les plus dynamiques du sud du pays et même de faire jeu égal avec la Flandre. BioWin, mis en place en 2006, comprend aujourd’hui 242 membres : des entreprises (184, dont douze grands groupes et une kyrielle de PME), des centres de recherche et des universités.
”Les fondamentaux de l’écosystème wallon sont bons, même si la situation n’est pas rose pour tout le monde”, entame Sylvie Ponchaut en se référant aux statistiques de 2021, qui sont les dernières transmises par les membres industriels de BioWin à la Banque nationale de Belgique. “Les performances dépendent de l’état de maturité de chaque entreprise et de la phase de développement où elle se trouvait au moment où la crise du Covid et les turbulences économiques sont apparues. Certaines ont pris les vents de front et elles ne sont pas encore toutes sorties de cette zone de turbulence et du climat d’incertitude que l’on connaît depuis un peu plus d’un an. D’autres, fort heureusement, ont connu un effet de rattrapage avec la fin de la crise sanitaire.”
L’emploi a pratiquement doublé entre 2005 et 2021

À côté des cas difficiles, Sylvie Ponchaut note que toute une série de sociétés sont parvenues à profiter de très belles opportunités. “Je pense notamment aux sociétés qui sont actives dans la production industrielle pour tiers, ce qu’on appelle les CDMO (Contract Development Manufacturing Organisations, NdlR), telles que Kaneka, Univercells, Xpress Biologics, Thermo Fisher, etc., souligne Sylvie Ponchaut. Ces entreprises ont pu saisir des opportunités et il reste d’énormes opportunités à saisir pour l’avenir. C’est le cas, en particulier, pour tout ce qui tourne autour des plateformes ARN (Acides RiboNucléiques, à savoir des molécules porteuses d’information génétique, NdlR), de la thérapie génique et de la thérapie cellulaire. Il y a eu une accélération au niveau de la recherche qui a généré un momentum sans précédent depuis la fin 2020 et on est en train de mesurer pleinement à quel point ces opportunités, particulièrement dans les thérapies géniques et cellulaires, deviennent très importantes.”
"L'emploi a enregistré une croissance annuelle continue de 4,5% entre 2005 et 2021."
En comparant les indicateurs d’emploi et de valeur ajoutée sur la période 2005-2021 pour les membres industriels de BioWin, on se rend mieux compte de l’évolution assez remarquable de l’écosystème wallon des sciences de la vie. “L’emploi a enregistré une croissance annuelle continue de 4,5 % depuis 17 ans. Il a donc pratiquement doublé, passant de 11 325 ETP (équivalents temps plein) à 19 977.” Un zoom sur les PME permet de constater que si la croissance de l’emploi est restée relativement plate jusqu’en 2015, elle s’est emballée depuis lors. Et si on regarde uniquement les grosses entreprises actives en Wallonie (GSK, UCB, Univercells, etc.), on a une augmentation de 86 % de l’emploi entre 2005 et 2021.
Une montée en puissance de la taille des entreprises
Concernant la valeur ajoutée (estimée par le chiffre d’affaires moins les achats extérieurs), on a connu un gros pic lié au Covid (avec 10,12 milliards d’euros). “Mais, indépendamment de ça, la valeur ajoutée est passée de 1,57 milliard d’euros en 2005 à un peu plus de 8 milliards à la fin de 2021. Au niveau des PME wallonnes, on constate aussi un infléchissement de la courbe à partir de 2015. La valeur ajoutée des PME devient même assez spectaculaire par rapport à l’évolution de la valeur ajoutée dans les grandes entreprises”, se réjouit la directrice générale de BioWin. Laquelle ajoute : “On reproche souvent à la Wallonie de créer trop de petites entreprises. Ici, on voit que ce n’est pas du tout le cas puisqu’on est passé de cinq grandes entreprises en Wallonie à douze et que la proportion de PME qui sont dans la fourchette 50/250 ETP devient importante (24 sur 147 entreprises). La taille moyenne des entreprises du secteur biotech et medtech est donc en croissance.”