Macron brandit son bouclier anti-voitures chinoises
Le bonus de 5 000 euros accordé à l’achat d’une voiture électrique sera soumis à des critères de durabilité.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/9ebfc707-2a00-47c9-bd7b-34a252d84686.png)
Publié le 12-05-2023 à 17h18
:focal(2259x1513:2269x1503)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/H5TAOSCPLBEN5KVP6ZNUEX7GNE.jpg)
Si ce n’est pas à proprement parler du protectionnisme, la volonté n’en est pas moins de faire barrage : la France va à l’avenir conditionner le bonus de 5 000 euros à l’achat d’une voiture électrique à l’empreinte carbone du véhicule. Dans le viseur d’Emmanuel Macron : les véhicules fabriqués en Chine, comme aussi la Tesla Model 3 – le Model Y est construit à Berlin – et la… Dacia Spring (Groupe Renault).
Ce n’est pas le moindre paradoxe de ce bonus, accordé à toute voiture électrique de 47 000 euros maximum alors même qu’elle a pu être fabriquée dans des usines qui utilisent encore massivement l’énergie fossile – c’est le cas de la Chine, avec ses centrales à charbon – et qui doivent ensuite prendre la mer sur des cargos qui sont rarement des parangons de durabilité.
De plus, ce principe du bonus – qui coûte un milliard d’euros à l’État français par an – permet à des constructeurs chinois de plus facilement écouler leurs véhicules dans l’Hexagone alors même que les constructeurs européens sont soumis à une rude concurrence de leur part.
Carlos Tavares, le patron du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, Fiat,…), ne manque d’ailleurs jamais une occasion de dénoncer l’avantage dont les constructeurs chinois bénéficient en Europe – 10 % de taxe à l’entrée de leurs véhicules – alors même que la Chine applique un tarif douanier de 25 % sur les importations de voitures fabriquées en Europe. Surtout, il craint que les constructeurs chinois “cherchent à se positionner sous le prix des constructeurs français et européens”. Et si, en plus, leurs véhicules bénéficient d’un bonus.
Gigafactories en Europe
La France a donc reçu le message. “Cela ne veut pas dire qu’on fait du protectionnisme mais on ne veut pas utiliser l’argent du contribuable français pour accélérer l’industrialisation non européenne”, a expliqué le président Macron. ” Les constructeurs devront donc justifier qu’ils respectent des critères écologiques requis pour pouvoir bénéficier du bonus écologique”, a-t-il ajouté, précisant que ces critères doivent être déterminés pour la fin 2023. “On va soutenir les batteries et les véhicules qui sont produits en Europe”.
Les gigafactories sont justement en voie de construction en Europe. Une première usine devrait pouvoir livrer des batteries “made in France” aux différentes marques du groupe Stellantis au printemps 2024. Ce sera 2025 pour l’usine destinée à alimenter le groupe Renault, également installée dans le Nord. C’est le même calendrier pour l’usine de Salzgitter pour le groupe VW. La Renault Mégane E-Tech est par exemple équipée d’une batterie en Pologne.
D’ici-là, de nombreuses voitures électriques construites en Europe continueront à être équipées de batterie “made in China”.