"L’entrepreneuriat ne convient pas à tout le monde"

Libre Eco week-end | Une chronique de Roald Sieberath, multi-entrepreneur, coach de start-up et "venture partner" chez LeanSquare/Noshaq, professeur invité à l’UCLouvain et à l’UNamur.

Roald Sieberath
Espion
L’entrepreneuriat est moins une "matière" à transmettre qu’un état d’esprit à avoir. ©Copyright (c) 2019 Che Media/Shutterstock. No use without permission.

Le choix d’entreprendre est une décision très personnelle, puisqu’il s’agit de décider de prendre son destin économique en main, de créer assez littéralement sa petite entreprise, de ne dépendre d’aucun patron, de ne recevoir aucun salaire garanti.

Autant j’aime encourager l’entrepreneuriat, autant je ne souhaite pas enjoliver cette voie plus que nécessaire. Cela reste souvent difficile. Parmi les centaines d’entrepreneurs et entrepreneuses que j’ai rencontrés, je n’en connais guère qui auraient dit que ça avait été un "long fleuve tranquille". Est-ce que l’entrepreneuriat est fait pour tout le monde ? Question difficile. J’ai envie de répondre que, oui, il est accessible à de nombreuses personnes, qu’il ne faut pas avoir fait d’études particulières. Néanmoins, en matière d’attitudes, d’aptitudes et de tempérament, j’ai l’impression que l’entrepreneuriat ne convient pas à tout le monde. Quelqu’un qui aspire à une sécurité d’emploi, à la routine rassurante d’un travail qui a été préparé par une structure ou un chef en aval ou en amont, qui ne se sent aucun talent de vendeur… s’épanouira sans doute mieux dans un travail d’employé.

Une fibre qui peut s'apprendre ?

Peut-on former à l’entrepreneuriat ? Il faut rester extrêmement humble. J’ai coutume de dire aux étudiants des cours "startech" d’entrepreneuriat technologique que j’ai la chance de donner aux ingénieurs de Liège et Louvain que je ne peux pas le leur enseigner, mais qu’ils peuvent néanmoins l’apprendre. Au-delà de la pirouette pour remettre la responsabilité sur eux, cela capture qu’il s’agit moins d’une "matière" à transmettre que d’un état d’esprit, et d’un ensemble de démarches heuristiques à découvrir par la pratique. Ainsi, on passe un semestre à ébaucher les débuts d’un projet start-up par groupes, apprenant au passage les bases de l’approche "lean startup", utilisée par les accélérateurs américains.

Là où mon opinion a la plus changé, c’est sur le public auquel cela devrait être destiné. Un tel programme est actuellement un cours à option, qui ne touche que quelques dizaines d’étudiants. Alors que nous vivons dans un monde "VUCA" (volatile, incertain, complexe, ambigu), je suis persuadé que les compétences de l’entrepreneur figurent parmi les plus indispensables pour inventer demain. À ce titre, elles devraient faire l’objet de cours beaucoup plus largement dispensés, à l’ensemble des étudiants, pour au moins les équiper de cette capacité à naviguer les futurs incertains.

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